Assurément, le ramadan n’est pas une période bénie pour tous… Par exemple, les restaurateurs qui voient leurs recettes plonger dangereusement. Il n’y a pas à dire, le bon client se fait rare. Il n’est pas loin des 22 heures sur les allées des Parcelles Assainies. La propriétaire du restaurant, tête rasée et de taille moyenne, en body et pagne noir, est assise avec un homme d’une trentaine d’années. Ça discute de la chaleur et des moustiques. Le restaurant d’une vingtaine de chaises est désert. Ça se comprend : il a pour seule attraction un frigo bar, des «pastels» et des brioches.
Ce n’est pas la joie : «rien ne bouge, j’ai même réduit mes horaires de travail, et la quantité que je produisais par jour. Les clients ne sont pas au rendez-vous, tu peux même rentrer sans encaisser. Or, avant le Ramadan, je me tirais d’affaires. Mais maintenant, je vends pour le simple principe et à perte».A quelques encablures, un autre boui-boui fait de cases en paille, avec des pots de fleur, des lampes rouges et jaunes. Un vigile en uniforme campe devant l’entrée, le pistolet à la hanche. Il fulmine : «on a fermé le restaurant pour le moment car avec le ramadan personne ne vient pour acheter». Sur ces paroles pleines de sagesse, on «demande la route» comme disent nos cousins de la sous-région… Autant attendre le lendemain pour scruter d’autres horizons.Direction le centre-ville. A midi, avenue Georges Pompidou, c’est une autre atmosphère qui y flotte.Dans ce salon de thé pâtisserie, il n’y a que sept personnes.
Ses quatre vitrines alignent des glaces à parfums variés et des cornets, des brisselets, des viennoiseries et des limonades. On est accueilli à l’entrée par des pots de fleurs. Deux femmes de ménage s’activent, tandis qu’un monsieur d’un certain âge, sans doute le maître de céans, lit son journal.Vêtue d’un boubou rose, Madame Fall, une des rares clientes, 30 ans, teint noir, une coiffure avec un chignon bas est avec son fils et tient à se justifier. Si elle ne jeûne pas, c’est un cas de force majeure : «en ce moment, j’allaite mon fils et je suis ici pour acheter un sandwich».
Un «musulman moderne» comme on dit ailleurs est là, entré en clandestinité, n’accepte que l’on prenne que ses initiales, I.D., la cinquantaine, en costume rayé et des chaussures lustrées est là pour manger un morceau : «en cette période, le restaurant de notre société est fermé donc je viens ici très souvent». Le gérant de la pâtisserie, M. Hussein Azzedine, se lamente : «c’est la vraie dèche. La majeure partie des gens qui viennent en ce moment, sont ceux qui n’ont pas jeûné. C’est à partir de midi que les gens viennent un à un. Et nous avons réduit les quantité que nous produisons d’ordinaire». Max, un des serveurs, de préciser : «les cinq premiers jours du ramadan rien ne progressait. Notre commande était à 40% mais maintenant nous nous retrouvons à 20%».Sur ce, on les abandonne à leur déprime, direction rue du Docteur Thèze.
Là on n’est plus dans le même registre. Ce restaurant, climatisé, avec ses fauteuils en cuir marron et sa musique douce, est décoré avec recherche. Les odeurs de cuisine vous agressent les narines et vous donnent faim. Il y a au moins une cinquantaine de clients. La gérante, Madame Khalifa, teint clair, les cheveux tirés derrière, se frotte les mains :«même en dehors du Ramadan, je reçois du monde ; mais on a quand même notre production à 30% ». Une serveuse en blouse orange, Madame Ndao, 24 ans, nous affranchit : «il y a des menus qui sont faits spécialement pour cette période. Par exemple, oesmaleye (des vermicelles pâtissières), fatayas, de la pâte feuilletée, burger, chawarma, jambon et une boisson».Un groupe de cinq élèves se présente à l’entrée. Ça parle des épreuves de français au baccalauréat.
Ils se plaignent de tout : du président trop, heu, cruel et des trop nombreuses matières. Conclusion qui s’impose, la période n’est pas propice au jeûne. Ça ne va pas avec les profondes réflexions qu’exigent les examens… On devinait d’avance où ça finirait : quand on veut noyer son chien, on l’accuse de rage.
5 Commentaires
De Passage
En Août, 2012 (16:09 PM)un terme qui m'a fait sourire
Sapotighetti
En Août, 2012 (16:10 PM)Thiou Boulette
En Août, 2012 (16:27 PM)mane lékk la gueum bilay walay :):):):)
852369sapotighetti
En Août, 2012 (17:32 PM)Nianganaadeh Waaw !!!
En Août, 2012 (19:07 PM)Participer à la Discussion