Les statistiques montrent que les paquets neutres ou au contraire flanqués d’avertissements sur les dangers liés au tabagisme n’avaient pas d’impact sur la consommation des fumeurs. Poumons encrassés, artères bouchées et cancers de la bouche n’impressionnant plus les consommateurs, les scientifiques australiens proposent que les cigarettes elles-mêmes portent des inscriptions dissuasives.
L'œil s’habitue à tout et aux images effrayantes sur le tabagisme aussi.
Des chercheurs de l’université James Cook du Queensland, en Australie, ont étudié le comportement de 2.000 personnes, fumeurs ou non, et leur réaction face aux messages liés à la santé, que ce soit des campagnes de sensibilisation en rue, à la télévision ou sur les paquets de cigarettes. Selon les résultats de cette étude, les messages sanitaires doivent être revus et corrigés.
“Les avertissements sous la forme que nous connaissons aujourd’hui sont sous nos yeux depuis un moment et les fumeurs y sont confrontés des centaines voire des milliers de fois par an. Nous avons remarqué que s’ils ont eu un effet réel au départ, il convient aujourd’hui de les remanier et de le faire régulièrement pour qu’ils continuent de fonctionner”, explique ainsi le Dr Aaron Drovandi à 10 daily.
Étonner le consommateur
Or, tout tourne autour de la capacité du cerveau à être étonné: pour réagir, le cerveau a besoin de nouveauté. Aaron Drovandi ne préconise pas d’interrompre les campagnes et mesures actuelles, mais affirme que les fumeurs seraient sensibles à ce que ce type de messages de santé publique soient imprimés sur les cigarettes elles-mêmes. Actuellement, les lois obligent les fabricants de tabac à couvrir leurs emballages d’informations (textes et images) alertant sur les dangers du tabagisme.
De même, toute publicité encourageant à commencer ou continuer à fumer est interdite.
Le chercheur propose dès lors que les cigarettes portent désormais des messages à portée immédiate, comme “X minutes de vie perdues” ou “Que pourriez-vous acheter à la place?” ou encore “Coût: 11.000 dollars par an”. D’autres messages indiqueraient les coordonnées des lignes d’aide comme Tabac Stop, par exemple. “Cela ne diffuserait pas seulement des informations-clés sur le tabagisme mais cela rendrait aussi les cigarettes moins attrayantes”, affirme le médecin.
Fumeurs potentiels: la cible numéro 1
L’humain a également besoin d’être suffisamment choqué par une information pour qu’elle entraîne une réaction. “Les minutes de vie perdues par cigarette se révèlent un message assez proactif et perturbant. C’est assez morbide”, constate le médecin sur base des réactions des sondés.
Quant aux images actuelles, comme les clichés de malades du cancer ou d’artères détériorées en passant par les dents attaquées par la nicotine, “elles auraient un effet dissuasif sur les futurs fumeurs potentiels mais ne seraient plus efficaces sur ceux qui fument déjà. La majorité des fumeurs veulent arrêter mais n’y arrivent pas car ils sont dépendants, pas parce qu’ils ne sont pas au courant des risques. Ceux qui ne veulent pas arrêter ne perçoivent, eux, pas les avertissements de manière efficace”.
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