
L’accès aux soins, on en reparle pour le déplorer. La prise en charge aux urgences pose problème au Sénégal et des patients continuent d'en payer les pots cassés. Une dame, Ndèye Fatma Lô, a perdu son bébé, hier nuit, parce que tout simplement elle a été trimballée d’hôpital à hôpital. Aucune structure sanitaire ne voulant la prendre en charge. Le mari de la dame, Cheikh Kanté, joint au téléphone par Seneweb, déplore avec la dernière énergie ce qui s'est passé.
Tout a commencé vers deux heures du matin lorsque Cheikh Kanté a vu Ndèye Fatma Lô, son épouse, au terme de sa grossesse, en train de saigner. Il s’est précipité pour l’amener au centre de santé El Hadji Abdoul Aziz Sy des Parcelles assainies. Centre où sa femme suivait ses visites prénatales. Sur les lieux, elle n’arrêtait toujours pas de saigner. La sage-femme leur prescrit une ordonnance et demande l'évacuation de la dame vers un hôpital car sa tension est très élevée. «Le centre de santé El Hadji Abdoul Aziz Sy a mis une ambulance et une sage-femme, gratuitement, à notre disposition pour l’évacuer le plus rapidement possible.
Nous nous sommes rendus dans un premier temps à l’hôpital Nabil Choucair (sis à la Patte d'Oie : Ndlr). On nous dit qu’ils ne peuvent pas la prendre en charge parce qu’il n’y a pas de place disponible. On part à Phillip Maguiléne Senghor de Yoff puis à Gaspard Camara de Grand Dakar. On nous répète la même chose. C’est ainsi que nous nous rendons à l’hôpital Abass Ndao (Gueule Tapée) en espérant une bonne prise en charge. Ici, on nous a dit que le gynécologue n’est pas sur place, donc ils ne peuvent pas la prendre», explique Cheikh Kanté, dépité.
Pendant plus de trois heures, le mari tourne en rond avec sa femme qui saigne, ne sachant quoi faire. Son seul réconfort : la sage-femme du centre de santé El Hadji Abdoul Aziz Sy qui l'accompagne. Finalement, la résolution a été prise d'aller à l’hôpital Principal de Dakar. «Elle a été prise en charge et a accouché d’un garçon par voie normale. Mais malheureusement le bébé est mort. Les cris et les secousses peuvent être à l’origine de la mort du bébé. Ma femme est toujours en soins et je n’ai pas l’occasion de la voir parce qu’on m’a dit qu’elle est fatiguée», explique le mari.
Il déplore ce qu'il assimile à une «non-assistance à personne à danger» car dans toutes les structures sanitaires visitées, personne n'a daigné se préoccuper de la pauvre dame qui saignait beaucoup et dont la vie était en danger. «C’est vraiment de la négligence», souffle-t-il au bout du fil.
Ndèye Fanta Sow, belle-sœur de Cheikh Kanté, se dit, tout aussi, être choquée de cette situation. «Je me suis dis que nous sommes en pleine capitale sénégalaise, surtout au 21e siècle, et ils ne peuvent pas prendre en charge une femme qui est sur le point d’accoucher. Parce que tout simplement, dit-on, il y’a un problème de place ou de moyens? Ce qui m’a révoltée, c’est le fait de trimbaler une femme de structure en structure dans d’énormes souffrances jusqu’à ce qu’elle perde son bébé. C'est inadmissible. On ne doit pas laisser ce genre de choses se passer», peste-t-elle.
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