Le juge Ibrahima Hamidou Dème estime que le Sénégal devrait multiplier le nombre de tests pour mieux connaître la prévalence du Covid-19 dans le pays. Ce qui permettrait d’adapter la stratégie de riposte à la réalité du terrain. Des propositions que l’ancien membre du Csm explique dans une contribution reçue, que nous vous proposons in extenso.
A près d’une quarantaine de jours de mise en œuvre de la stratégie nationale de riposte contre le Covid-19, la progression de la maladie semble être maîtrisée. Force est, en effet de constater, que le nombre de cas positifs enregistrés (280 au 12 avril 2020) reste très faible, comparé à la situation dans les pays occidentaux. Cependant, si ce nombre est mis en corrélation avec le nombre de tests effectués (3089 à la date du 10 avril 2020), le résultat serait plus que mitigé.
En effet, avec la faiblesse du nombre de tests effectués, il est difficile de connaître la prévalence de la maladie dans le pays. Il apparaît dès lors nécessaire et urgent de procéder à une étude épidémiologique exhaustive pour mesurer l’ampleur et la répartition de la maladie dans tout le pays. Dans cette perspective, la proposition de M. Moubarak Lo, consistant à procéder à une enquête-ménage au niveau national, sur un échantillon représentatif pouvant atteindre 6000 ménages dans les 45 départements du pays, nous apparaît pertinente et réaliste.
Ainsi, les résultats de cette enquête nous donneront une idée plus précise de l’état de la pandémie au Sénégal et partant, une meilleure visibilité dans la stratégie de lutte. Il faudrait bien en effet, envisager la possibilité d’un nombre très important de cas dits communautaires pour pouvoir réadapter la riposte par une meilleure stratégie de prévention et de prise en charge, avant que la situation ne soit hors de contrôle. En revanche, si les résultats de l’enquête confirment un taux très faible de personnes contaminées, ce sera une importante contribution à la thèse de la résilience des pays d’Afrique subsaharienne. Beaucoup d’experts lient en effet, le faible nombre de cas à l’écosystème africain ou à une résistance naturelle provoquée par la prise de beaucoup de médicaments anti paludiques. Si une telle hypothèse se confirmait, la guerre actuellement déclarée se transformerait en une bataille que notre pays pourra gagner en quelques semaines. A partir de ce moment, rien ne justifiera plus, le déploiement de moyens colossaux, l’arrêt de notre économie et certaines restrictions s’il s’avère que le Covid-19 n’est pas aussi dangereux sous nos tropiques. Le Sénégal pourrait ainsi entraîner dans son sillage les autres pays africains pour sortir rapidement de cette crise, en attendant que cette pandémie ne soit définitivement vaincue partout dans le monde.
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