Alors que la pandémie a fait plus de 536 000 morts dans le monde, des dizaines de scientifiques ont appelé l'OMS à reconnaître l'accumulation d'indices d'une propagation par l'air du coronavirus. Ils ont par conséquent recommandé une ventilation vigoureuse des espaces publics intérieurs.
Plus de 230 scientifiques internationaux ont alerté dans une lettre, lundi 6 juillet, sur "la transmission aérienne du Covid-19", soit la suspension des particules virales dans l'air, et non seulement par la projection de gouttelettes (par la toux, l'éternuement et la parole) sur le visage d'autrui ou des surfaces.
Leur lettre vise directement l'Organisation mondiale de la santé, déjà critiquée pour avoir tardé à recommander les masques, et ici accusée de refuser de voir l'accumulation d'indices d'une propagation par l'air du virus.
"Nous appelons la communauté médicale et les organismes nationaux et internationaux compétents à reconnaître le potentiel de transmission aérienne du Covid-19", écrivent dans la revue Clinical Infectious Diseases d'Oxford deux scientifiques, Lidia Morawska de l'université de Queensland (Australie) et Donald Milton de l'université du Maryland, dans un article signé par 237 autres experts.
Mieux ventiler les pièces
"Il existe un potentiel important de risque d'inhalation de virus contenu dans des gouttelettes respiratoires microscopiques (microgouttelettes) à des distances courtes et moyennes (jusqu'à plusieurs mètres, de l'ordre de l'échelle d'une pièce), et nous prônons le recours à des mesures préventives pour empêcher cette voie de transmission aérienne", poursuivent-ils.
Il n'y a pas de consensus scientifique que cette voie aérienne joue un rôle dans les contagions, mais Julian Tang, l'un des signataires, de l'Université de Leicester, répond que l'OMS n'a pas prouvé l'inverse : "L'absence de preuve n'est pas une preuve d'absence."
À l'heure du déconfinement, il est urgent, plaident les experts, de mieux ventiler lieux de travail, écoles, hôpitaux et maisons de retraite, et d'installer des outils de lutte contre les infections, tels que des filtres à air sophistiqués et des rayons ultraviolets spéciaux, qui tuent les microbes dans les conduits d'aération.
Inquiétude aux États-Unis
Le nouveau coronavirus a fait au moins 536 138 morts dans le monde depuis fin décembre, selon un bilan établi par l'AFP lundi. L'inquiétude régnait toujours, lundi, aux États-Unis, où la barre des 130 000 morts du Covid-19 a été dépassée et où des records de contaminations (près de 55 000 en une journée lundi) continuent d'être battus. "Nous avons rouvert beaucoup trop tôt en Arizona", a déploré la maire de Phoenix Kate Gallego.
Le président Donald Trump continue pourtant d'affirmer que la crise est "sur le point" de s'achever, s'attirant l'ire entre autres du maire démocrate d'Austin, au Texas, Steve Adler, qui a qualifié ses propos de "dangereux" pour les habitants de sa ville, dont les services de réanimation risquent d'être débordés "d'ici dix jours".
La tendance demeure également inquiétante dans plusieurs pays d'Amérique latine. Le Chili a franchi le seuil des 10 000 morts et la Colombie celui des 4 000 morts. Le Brésil a enregistré 620 morts supplémentaires en vingt-quatre heures dimanche. Pour autant, Sao Paulo rouvre ses bars et restaurants, et le port du masque n'est plus obligatoire dans les prisons surpeuplées.
Restrictions locales en Europe
Face à une flambée d'infections dans la ville de Melbourne, l'Australie a décidé d'isoler l'État de Victoria du reste du pays. Et le reconfinement est de mise à partir de lundi à Antananarivo, la capitale de Madagascar, deux mois après la levée des restrictions.
"Je n'ai pas constaté, la semaine dernière, une crainte généralisée parmi les habitants de Hong Kong", a-t-elle affirmé.
L'Europe, où l'évolution de la pandémie semble maîtrisée, s'inquiète tout de même d'une résurgence des cas, conduisant la mise en place de nouvelles restrictions locales, comme en Espagne.
En Indonésie, pays d'Asie du Sud-Est qui connaît le plus lourd bilan (65 000 personnes infectées et 3 241 morts), l'île de Bali veut rouvrir en septembre aux touristes internationaux.
Autre pays dépendant du tourisme, le Kenya reprendra ses vols internationaux et nationaux le 1er août.
La Grèce, qui avait reçu en 2019 quelque 3,5 millions de touristes Britanniques, a elle annoncé, lundi, le retour des vols directs depuis le Royaume-Uni le 15 juillet. Et ce, malgré les critiques, le pays de Boris Johnson essuyant le plus lourd bilan européen.
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