Le docteur Samba Cor Faye, directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, a représenté le ministre pour lancer le troisième dialogue politique consacré au renforcement de la digitalisation des données de santé au Sénégal et en Afrique.
L’initiative est portée par la plateforme de l’Observatoire africain des systèmes et politiques de santé (AHOP), une entité hébergée par le bureau régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’Institut Pasteur de Dakar a accueilli cette rencontre, qui réunit plusieurs pays africains et vise à accélérer l’accès à des soins de santé équitables, durables et abordables en Afrique.
La digitalisation des données de santé : un levier essentiel
La digitalisation des données de santé constitue un levier crucial pour l’amélioration de la qualité des soins, la prise de décisions basées sur des données probantes et le renforcement de la gouvernance sanitaire. Elle permet une collecte plus efficace des informations, un suivi en temps réel et une meilleure planification des interventions sanitaires. À ce titre, elle est un pilier fondamental du système d’information sanitaire, reconnu par l’OMS comme l’un des sept éléments clés d’un système de santé performant.
Toutefois, son utilisation soulève des questions éthiques et juridiques fondamentales. Il est crucial d’encadrer ces technologies pour éviter tout risque de discrimination algorithmique ou d’exclusion de certaines populations.
Une stratégie nationale alignée sur la Vision 2050
Cette stratégie s’inscrit dans l’agenda national de transformation "Sénégal Vision 2050", qui vise à faire du pays un leader de l’économie numérique en Afrique. Avec cette transformation technologique, le Sénégal s’engage à renforcer sa souveraineté numérique en développant des solutions locales, en sécurisant ses infrastructures et en rendant effective la digitalisation de l’administration et des services publics. Il s’agit également d’assurer l’accès universel à Internet, de créer un environnement propice à l’émergence de champions technologiques, d’instaurer une identité numérique unique basée sur la biométrie et de soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat.
La digitalisation : une priorité pour la santé publique
Le docteur Abdourahmane Sow, directeur de la santé publique à l’Institut Pasteur de Dakar, a insisté sur l’importance de la digitalisation des données de santé. « Ce n’est plus une option ni un choix, mais une priorité, voire une obligation. Ces données doivent être encadrées, collectées, analysées et partagées avec rigueur pour prendre des décisions éclairées. La digitalisation représente une opportunité pour améliorer l’offre de soins, renforcer le système de santé et faciliter la planification sanitaire », a-t-il déclaré.
Il a souligné les défis à identifier, discuter et résoudre pour avancer efficacement. « Ce dialogue réunit des experts pour analyser la situation actuelle de la digitalisation des systèmes de santé en Afrique, partager des expériences entre pays avancés et retardataires, et formuler des recommandations à destination des décideurs politiques. L’objectif est que les résultats de la recherche puissent être utilisés concrètement », a-t-il ajouté.
Un cadre juridique et stratégique indispensable
Dr Serge Bataliack, du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, a mis l’accent sur la nécessité de créer un cadre de gouvernance et un cadre juridique adaptés. « Les enjeux de la sécurité des données et de la cybercriminalité sont cruciaux. L’OMS et ses partenaires accompagnent les pays avec des outils et des cadres stratégiques. La stratégie mondiale de santé digitale, qui expire en 2025, sera discutée lors de la prochaine Assemblée mondiale de la santé en mai prochain pour voir comment accélérer le processus », a-t-il expliqué.
Selon lui, la digitalisation des données de santé est un enjeu majeur pour la qualité des soins. « Un patient qui se retrouve dans une ville peut voir son dossier médical consulté par un autre soignant, ce qui facilite les processus cliniques et améliore la prise en charge. Au-delà de la prise en charge individuelle, la digitalisation permet aussi d’anticiper et de prévenir certaines épidémies. Aujourd’hui, avec les impacts du changement climatique sur la santé, ces technologies nous permettent d’anticiper et de mieux protéger nos populations, contribuant ainsi à l’augmentation du capital économique et à la prospérité de nos pays », a-t-il conclu.
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