Au Portugal, une femme enceinte avait été déclarée en état de mort cérébrale en février dernier après une hémorragie intra-cérébrale. Durant 15 semaines, le fœtus a continué de se développer dans le ventre de sa mère.
"Il se trouvait en bonne condition de santé apparente" et "la décision a été prise, en concertation avec la famille, de poursuivre la grossesse", a indiqué le centre hospitalier de Lisbonne.
L’enfant est né mardi 7 février en bonne santé.
La mort cérébrale n'interfère pas sur le développement du foetus
Contacté par "l’Obs", Bernard Hédon, gynécologue-obstétricien, précise que bien que cette procédure soit "délicate", elle ne constitue pas pour autant à un "exploit" médical :
Vous aimez cet article ?Inscrivez-vous à la Newsletter de l'Obs
×
S'inscrire
"Le processus de la grossesse et de l’accouchement sont indépendants du cerveau de la mère. Sur le plan physiologique, sa mort cérébrale n’a pas donc pas interféré dans le développement du fœtus", explique le gynécologue.
Oxygénée et nourrie, la mère a pu être maintenue en vie pendant toute la durée de la grossesse. La transmission de sang au fœtus a permis à celui-ci de continuer son développement.
"Dans une telle situation, il faut savoir que le risque de complications n’est pas plus élevé que ceux d’une grossesse classique. Le fait que la mère ait été alitée une bonne partie de sa grossesse nécessite simplement une vigilance accrue pour éviter, par exemple, les risques d’embolie ou de thrombose."
Trouver le "bon équilibre"
Bernard Hédon précise que si cette grossesse a pu être menée à terme, c’est pour deux raisons.
La première est liée au fait que le traumatisme de la mère ayant entraîné sa mort cérébrale n’a pas mis en danger le fœtus. La seconde s’appuie sur l’efficacité du travail de réanimation effectuée par le centre hospitalier de Lisbonne.
"L’équipe médicale en charge de la patiente a trouvé le bon équilibre. Il fallait attendre pour que la prématurité du fœtus ne soit pas trop importante, toute en prenant en compte les risques de la réanimation. Un choc septique ou une brusque chute de la tension aurait pu avoir des répercussions sur le fœtus."
Le bébé est un prématuré "modéré"
Après une grossesse de 32 semaines, dont 15 dans le ventre de sa mère en état de mort cérébrale, un "bébé de sexe masculin pesant 2,350 kilogrammes" est né "par césarienne", a indiqué le centre hospitalier.
"Un bébé né durant la 32e semaine de grossesse est considéré comme un 'prématuré modéré'. Les risques encourus ne sont pas importants. En revanche, il est difficile de déterminer l’influence qu’une telle grossesse aura sur l’enfant", analyse Bernard Hédon.
Pas si fréquent
En France, la décision de maintenir la grossesse aurait été prise par la famille, en concertation avec l’équipe médicale. Un comité d’éthique se serait réuni pour réfléchir à la meilleure façon de procéder.
Bernard Hédon n’a jamais été confronté à une telle situation. Il faut dire que les cas similaires ne sont pas si fréquents.
En janvier 2016, une Polonaise de 41 ans, en état de mort cérébrale à la suite d’un cancer du cerveau, avait été maintenue en vie artificiellement pendant 55 jours à l’hôpital universitaire de Wroclaw. Elle avait donné naissance à un petit garçon, pesant 1.000 grammes.
Au bout de trois mois, l’enfant avait quitté l’hôpital, sans présenter de complications.
Louise Auvitu
1 Commentaires
Sambajuuf
En Juin, 2016 (05:14 AM)Essayons d'évoluer un peu!!
Participer à la Discussion