
Le mois de Ramadan représente une occasion unique pour les fumeurs de s’engager dans un sevrage tabagique. Le Dr Oumar Bâ, pneumologue et coordonnateur du Programme national de lutte contre le tabac au Sénégal, nous éclaire sur les défis et opportunités qu’offre cette période.
Quels sont les symptômes de manque les plus fréquents chez les fumeurs à jeun ?
Le manque de nicotine se manifeste de diverses façons. Les fumeurs en sevrage peuvent ressentir de l’irritabilité, de l’agressivité, une nervosité accrue ou encore des difficultés de concentration. Cette dépendance est à la fois psychologique et physique. Le fumeur associe souvent la cigarette à des gestes ou des habitudes, comme après un repas ou avec un café. Privé de cette routine, le manque devient plus perceptible.
Comment gérer efficacement ces manques ? Y a-t-il des substituts ou des stratégies spécifiques recommandées ?
Il faut d’abord savoir que ces symptômes sont temporaires. Une bonne hydratation, la pratique d’une activité physique et des exercices de respiration peuvent aider à mieux les gérer. Des substituts nicotiniques existent, mais leur compatibilité avec le jeûne doit être évaluée avec un professionnel de santé. Par ailleurs, le soutien psychologique est essentiel : l’entourage peut jouer un rôle clé en encourageant et en félicitant la personne qui tente d’arrêter.
En quoi le Ramadan peut-il être favorable au sevrage tabagique ?
Le Ramadan impose une abstinence de plusieurs heures, prouvant ainsi qu’arrêter de fumer est possible. Cet effet psychologique peut servir de levier pour prolonger l’abstinence au-delà des heures de jeûne. Si l’on parvient à se passer de cigarette toute la journée, pourquoi ne pas continuer après la rupture du jeûne ? C’est une période propice aux bonnes résolutions et au changement d’habitudes.
Peut-on accompagner un sevrage pendant le Ramadan ?
Oui, c’est même recommandé. L’accompagnement médical peut prendre diverses formes : conseils, soutien psychologique ou recours à des structures spécialisées. Au Sénégal, des services d’aide au sevrage sont disponibles, notamment dans certains hôpitaux comme l’Hôpital général de Grand-Yoff ou l’Hôpital Fann à Dakar. Il est également possible d’appeler le numéro vert du ministère de la Santé pour obtenir des conseils.
Quels sont les mécanismes psychologiques et physiologiques qui peuvent aider à amorcer un sevrage durant ce mois ?
La motivation est fondamentale. Comme pour le jeûne, une forte volonté personnelle est nécessaire pour réussir. S’engager dans une démarche spirituelle et de purification peut renforcer cette détermination. Physiologiquement, l’absence de nicotine pendant la journée réduit progressivement la dépendance. En quelques jours, le corps commence à s’habituer à cette absence.
Avez-vous observé des cas où le Ramadan a servi de déclencheur à un arrêt définitif du tabac ?
Oui, de nombreux patients ont profité du Ramadan pour arrêter de fumer. Certains, déjà malades, voulaient améliorer leur santé ; d’autres ont eu un déclic en réalisant qu’ils pouvaient tenir toute la journée sans tabac. Les meilleurs résultats viennent de ceux qui combinent leur volonté à un accompagnement médical et au soutien de leur entourage.
Que se passe-t-il dans l’organisme lorsqu’un fumeur en manque fume plusieurs cigarettes d’un coup au moment de la rupture du jeûne ?
Après des heures sans nicotine, le corps s’est partiellement désintoxiqué. Fumer plusieurs cigarettes d’un coup entraîne une hausse brutale du taux de nicotine dans le sang, pouvant provoquer des palpitations, une augmentation de la pression artérielle ou des sensations de vertige.
Y a-t-il un risque accru de complications cardiovasculaires ou respiratoires ?
Oui, cette consommation soudaine et excessive peut être dangereuse, surtout pour les personnes ayant des antécédents cardiovasculaires. L’accélération rapide du rythme cardiaque et l’élévation de la pression artérielle augmentent les risques d’accidents vasculaires, d’infarctus ou de crises d’asthme chez les personnes sensibles.
Cette consommation excessive peut-elle être plus nocive que l’usage habituel ?
Oui, car le corps reçoit une dose massive de nicotine et de toxines en un temps très court, ce qui constitue un choc pour l’organisme. Cela peut aussi renforcer la dépendance, le cerveau associant ce moment de plaisir intense à la cigarette, rendant le sevrage plus ardu par la suite.
Quels conseils donneriez-vous aux fumeurs qui souhaitent profiter du Ramadan pour arrêter définitivement ?
Il faut se fixer un objectif clair et s’y tenir, informer son entourage pour obtenir leur soutien, remplacer la cigarette par des habitudes saines (sport, méditation, hydratation), éviter les situations déclenchant l’envie de fumer (café, discussions avec d’autres fumeurs) et se faire accompagner par un professionnel de santé.
Quelle est l’importance du soutien médical et psychologique dans ce processus ?
Elle est cruciale. Arrêter de fumer est un défi de taille, et l’aide d’un professionnel augmente nettement les chances de succès. Un médecin peut proposer des stratégies adaptées au niveau de dépendance, tandis qu’un soutien psychologique aide à surmonter les moments de doute ou de stress.
Existe-t-il des aides spécifiques (médicamenteuses, thérapies comportementales) qui peuvent être utiles en tout temps ?
Oui, il existe des substituts nicotiniques (patchs, gommes, pastilles), des médicaments réduisant l’envie de fumer et des thérapies comportementales pour modifier les habitudes liées à la cigarette. Ces approches, souvent combinées, sont efficaces pour maximiser les chances de succès.
Pouvez-vous revenir de manière résumée sur les conséquences du tabac ?
Le tabac est un facteur de risque majeur pour de nombreuses maladies graves : cardiovasculaires (hypertension, infarctus, AVC), respiratoires (BPCO, asthme, infections pulmonaires), cancers (poumon, gorge, vessie…), diminution de la fertilité et vieillissement prématuré. Il n’existe pas de consommation sans risque. La seule solution pour éliminer ces dangers est d’arrêter définitivement.
En résumé, le Ramadan offre une opportunité précieuse pour amorcer un sevrage tabagique. Ceux qui parviennent à arrêter pendant cette période ont toutes les chances de prolonger leur abstinence et de dire adieu à la cigarette pour de bon.
7 Commentaires
Pape
il y a 2 jours (06:56 AM)Je vais suivre
Du courage à moi
Fifi
il y a 2 jours (11:13 AM)Kaw
il y a 1 jour (15:59 PM)Kaw
il y a 1 jour (15:59 PM)Participer à la Discussion