
Beaucoup en entendent peut-être parler, mais ne savent pas réellement ce que c’est, au moment où des centaines de femmes souffrent dans le silence. La fistule est une complication qui survient au moment de l’accouchement. Cette complication crée un trou au niveau du vagin de la femme, entrainant la perforation de la vessie. Conséquence : la femme se trouve dans une situation d’incapacité de retenir ses urines. La fistule ne cible pas une catégorie spécifique de femmes. Ce que l’on ne sait pas, c’est que toutes les femmes en âge de procréer en sont exposées. Selon la Docteure Médina Ndoye, chirurgien urologue à l’Hôpital de Grand Yoff, «la maladie peut être attrapée très tôt, dans une tranche d’âge qui varie entre 7 et 70 ans».
Le continent Africain est de loin le plus touché par les cas de fistule. L’essentiel des femmes atteintes est localisé dans les pays du Centre. Mais en y regardant de plus près, l’on se rend compte que toutes les zones où sévit la fistule obstétricale ont ceci en commun : la pauvreté. C’est un facteur non négligeable, si ce n’est le plus éminent. Ce sont des zones enclavées, où le niveau socio-économique est très bas.
De ce fait, les femmes atteignent un niveau de vulnérabilité important. Conditions de vie difficiles, précarité, à cela s’ajoute une couverture sanitaire perméable. L’accès à des soins normaux est quasi-impossible dans certaines zones rurales. Les parturientes sont obligées de parcourir des kilomètres pour accoucher. Cette absence de soins nécessaires et adéquats au bon déroulement de l’accouchement favorise le plus souvent des risques de fistules obstétricales. Les conséquences sont bien entendu désastreuses. La femme atteinte d’une fistule en sort avec une psychologie perturbée. Elle est socialement rejetée, parce qu’elle dégage une odeur fétide, qui provient de ses urines qui coulent en permanence, et de cette ouverture vaginale non prise en charge. Abandonnées par leurs maris, stigmatisées par la société, elle peuvent même aller jusqu’à avoir une sexualité à jamais déréglée. Ces femmes atteintes de fistules souffrent en silence. Elles n’ont aucune activité économique. Tout leur temps, elles le consacrent à laver leurs vêtements souillés en permanence.
Toutefois, rassure la docteure Médina Ndoye, «la fistule n’est pas une fatalité. Elle se guérit quand on l’opère».
Chaque année, environ 400 nouveaux cas sont comptés au Sénégal. Mais de grands efforts sont en train d’être consentis. Déjà la césarienne est gratuite. Des organismes internationaux financent les opérations.
Pour la troisième fois, la Rencontre d’Urologie de Dakar (URO’DAK) se tient depuis hier à Dakar et ce jusqu’au 2 avril. Près de 400 participants venus du monde entier y prennent part. Pour cette édition, la réparation des Fistules Obstétricales fait partie des thèmes majeurs. Selon le coordonnateur de la rencontre, Docteur Serigne Maguéye Guèye, Urologue, andrologue et par conséquent réparateur de fistules, ça sera l’occasion pour les pays africains de mieux collaborer pour prendre en compte leurs problèmes communs.
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