
Médicaments de la rue, pharmacie par terre, marché parallèle de médicaments: autant de termes pour désigner la même catastrophe. Celle de la vente illicite de médicaments, produits cosmétiques, diététiques et vétérinaires.
Au marché Petersen, on est surpris par le monde fou qui traîne à Keur Serigne Bi. En cette matinée de vendredi où le soleil est encore chaud, ça grouille de monde avec un incessant va-et-vient de vendeurs et usagers. A quelques mètres de la célèbre maison de vente illicite de médicaments, «Keur Serigne-bi» (la maison du marabout en wolof), la pharmacie à ciel ouvert la plus connue de Dakar, les passants se font interpeller. Un homme jeune, la trentaine révolue, habillé d’un jeans bleu et tee-shirt blanc, nous interpelle : «Vous voulez un médicament ?». «Oui ! Nous cherchons un médicament, pour des maux de ventre », rétorquons nous à notre tour. Le vendeur nous demande de le suivre dans la bâtisse qui trône à l’intérieur de l’espace. La porte franchie, nous constatons la présence de quelques hommes assis sur des bancs, d’autres debout discutent, non sans jeter des regards méfiants aux visiteurs. Notre guide nous amène à l’écart dans une courette, avec une porte en fer, juste à côté d’un magasin. Il commence à nous poser un tas de questions, sur le nom du médicament, le contenu, l’utilisation.
Deux boites de médicaments pour le prix d'un
Notre ignorance du produit en question le met un peu mal à l’aise. Et ne manque pas de nous le faire savoir. «Le médicament que vous décrivez s’appelle charbon et c’est pour les maux de ventre».
Après quelques minutes de marchandage, nous nous accordons finalement sur l’achat de deux flacons au prix de 2 000 francs CFA. Après quelques minutes d'absence, le rabatteur revient avec la «marchandise», bien enveloppée, loin des regards indiscrets. Et nous livre le colis, que nous refusons gentiment en prétextant une erreur sur la marchandise livrée.
A l’achat, quel que soit l’origine du médicament de la rue, ce sont tous de faux médicaments au regard des conditions de détention et de distribution au gré des aléas climatiques, qui, somme toute, sont incompatibles avec l’innocuité, l’efficacité, la qualité et la légalité des médicaments.
La nature criminelle de la vente illicite des médicaments de la rue au Sénégal n’est plus à démontrer. L’impératif, c’est d’agir sans délai, avec toute la décence qu’il faudra afin de limiter les dégâts à court et à long terme de l’usage des médicaments de la rue.
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