
L’épidémie d’Ebola qui sévit en Guinée, Sierra Leone et Liberia et qui touche dans une moindre mesure le Nigeria et la République démocratique du Congo, met à nu l’analphabétisme scientifique qui sévit même dans les pays développés. L’ignorance continue en effet malheureusement de faire des ravages tout comme Ebola quand par exemple le 14 août dernier, Korean Airlines en est arrivé à annuler ses vols vers le Kenya en raison de l’épidémie d’Ebola qui sévit en Afrique de l’Ouest, à …5000 km de là.
Quelques semaines plus tôt, on apprenait que la Chine avait voulu placer en quarantaine les athlètes du Nigéria, venus dans ce pays participer aux Jeux Olympiques de la jeunesse. Les Nigérians apportèrent une réponse musclée à ce manque de considération en choisissant tout simplement de quitter la Chine. Goodluck Jonathan a lui-même dénoncé, mercredi dernier, à l’occasion de sa rencontre avec le coordonnateur de l’ONU contre l’épidémie d’Ebola en Afrique, le Dr David Nabarro, le fait que l'équipe nigériane ait été contrainte de se retirer des Jeux olympiques des jeunes en Chine, après une décision du Comité international olympique bannissant les équipes des pays touchés par Ebola pour les sports de combat et la natation.
Il faut rappeler 1552 personnes sont mortes d’Ebola selon le dernier bilan de l’OMS daté du 26 août.
Autre signe de frilosité, une compagnie d’assurances thaïlandaise qui avait offert un voyage à 1500 de ses meilleurs clients, l’a annulé au dernier moment alors que les lauréats s’apprêtaient à s’envoler pour l’Afrique du Sud, là aussi à des milliers de kilomètres des quatre pays d'Afrique de l'Ouest où ont été recensés les cas d’Ebola : la Guinée, le Sierra Leone, le Libéria et le Nigéria. Le directeur de l’agence européenne qui avait perdu ces 1500 clients thaïlandais, Barry Hurter, interrogé par le Wall Street Journal, résumait ainsi cette affaire :
« nous leur avons dit que l’Europe est en fait plus près de ces pays que l’Afrique du Sud. Mais la leçon de géographie n’a pas aidé ».
On rétorquera peut-être que des pays voisins de ceux touchés par Ebola comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée Bissau, etc… ont été les premiers à prendre des mesures de fermeture de leurs frontières pour se protéger contre le virus mortel. Conakry est même allé jusqu’à accuser ses voisins de manquer de solidarité vis-à-vis de la Guinée. Pris dans l’étau de son opinion nationale, un ministre guinéen a cru bon d’annoncer la réouverture de la frontière avec le Sénégal, une information vite démentie par Dakar.
Il y a quelques jours, les autorités zambiennes en poste à la frontière avec la RDC refusaient à une délégation officielle congolaise l'accès à leur territoire à cause du virus Ebola dont la présence a été signalée dans la province de l'Equateur. La délégation de la RDC, conduite par le ministre provincial de l'Intérieur du Katanga, Juvenal Kitungwa, devait se rendre à Ndola en Zambie, pour participer à la réunion de la commission mixte entre le Katanga et la province de Copperbelt en Zambie. Le comportement des autorités zambiennes a été sévèrement critiqué en RDC, étant donné que le virus Ebola a été déclaré dans la province de l'Equateur, soit à plus de 3000 km de Lubumbashi, la capitale du Katanga d'où est partie la délégation.
Selon le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD) Ebola va probablement coûter 1%, voire 1,5% du PIB des pays de l'Union du fleuve Mano, une organisation regroupant le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d'Ivoire, des pays qui commençaient à se remettre difficilement des années de crise, des guerres civiles des années 60, 80 et 90.
Parmi les grands perdants de la situation de psychose causée par le virus Ebola on peut citer les compagnies aériennes et les agences de voyage.
Le groupe britannique South Africa Tour, spécialisé dans l’organisation de safaris, a fait ces derniers temps dans la pédagogie en soulignant sur son site web que « l’Afrique est grande, très très grande ». Le site a posté à la clef des cartes montrant que le continent est plus grand que la Chine, les États-Unis, l’Europe de l’Ouest et l’Inde réunis.
Des leçons de santé font également partie de la stratégie de communication et sur ce plan les Américains et les Allemands nous donnent, à nous Africains, une leçon, chacun à sa manière. En effet en début août, deux Américains infectés par le virus en Afrique de l’Ouest étaient rapatriés et soignés malgré une certaine hostilité de l’opinion US. Du côté allemand, on a appris ces derniers jours que l’expert sénégalais de l’OMS qui a attrapé le virus en Sierra Leone était en traitement en Allemagne.
Les experts ont beau souligner que le virus hémorragique Ebola ne se transmet pas comme la grippe mais personne ne les croit, ne les écoute.
Ils font remarquer que pour attraper cette maladie dangereuse, il faut entrer en contact direct avec les fluides corporels du malade : le sang, l’urine, etc. Les experts ajoutent aussi que « depuis qu’on a identifié ce virus en 1976, chaque résurgence de la maladie a été bloquée dès qu’on a pu mettre les patients en quarantaine et distribuer aux travailleurs de la santé et aux familles des gants chirurgicaux en quantité suffisante ».
Les suspensions de vols en provenance ou à destination des pays où sévit le virus vont, s’ils se multiplient, rendre plus difficile l’acheminement de médecins et d’équipement médical, avertissent l’OMS
et Médecins sans frontières.
Dans un communiqué daté du 14 août, l’OMS déclarait ceci : « lorsque quelqu’un est atteint d’Ebola, il est si affaibli qu’il ne peut pas voyager ».
0 Commentaires
Participer à la Discussion