Connaître plusieurs épisodes dépressifs altère certaines fonctions du cerveau et a des effets sur la concentration, la rapidité et l'attention. Prévenir les rechutes est donc essentiel pour éviter que la maladie s'aggrave avec le temps.
"Les personnes qui ont déjà connu deux épisodes dépressifs ou plus exécutent de manière anormalement lente des tâches cognitives courantes qui requièrent notamment attention, concentration et rapidité". Telles sont les conclusions d'une étude que les chercheurs de l'Inserm viennent de publier dans la revue scientifique European Neuropsychopharmacology.
Cette étude dirigée par le Pr Philip Gorwood, du Centre de Psychiatrie et de neurosciences de l'Hôpital Sainte-Anne (Paris) est la première qui parvient à montrer aussi simplement les effets "neurotoxiques" de la dépression. Elle conforte également les observations quotidiennes des médecins et les conclusions de précédentes études épidémiologiques, à savoir que la dépression est une maladie qui s'aggrave avec le temps.
"Par ailleurs, cette étude pourrait aussi fournir une explication possible à ce cercle vicieux : plus j'ai connu d'épisodes dépressifs plus je risque de rechuter. Si la rapidité et l'efficacité sont de plus en plus altérées au fur et à mesure des rechutes, on conçoit qu'il soit plus difficile de s'adapter à de nouvelles situations " explique le médecin.
5 fois plus de temps pour faire un test simple
Pour cette étude, les chercheurs ont évalué les capacités cognitives de 2000 patients ayant connu entre 1 et 5 épisodes de dépression au cours de leur vie. Ils ont mesuré la rapidité à exécuter un test simple qui consiste à relier des cercles numérotés et placés dans le désordre sur une feuille. Ce test a été effectué deux fois : une première fois pendant la dépression et une seconde fois lorsque les patients étaient en rémission.
"Juste après une première dépression, le temps nécessaire pour réaliser ce test est de 35 secondes. Idem après le second épisode. Mais chez les personnes qui ont déjà vécu 2,3 ou plus d'épisodes dépressifs, ce temps se rallonge considérablement et passe de 35 à 80 secondes, y compris chez les personnes qui sont rétablies" ajoute le médecin.
Pour les chercheurs de l'Inserm, ces altérations des capacités cognitives pourraient être considérées comme un argument en faveur de la thérapie de la "remédiation cognitive", très utilisée pour soigner la schizophrénie ou les addictions, mais peu employée pour remédier aux troubles provoqués par la dépression.
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