Devant le manque de suivi des patients et l'accès très limité aux préservatifs ou à des seringues, les experts tirent la sonnette d'alarme. Les prisons sont devenus de véritables incubateurs de virus, notamment du sida, la tuberculose et l'hépatite.
Les prisons sont devenues des « incubateurs » pour le virus du sida, la tuberculose et l'hépatite, alertent des experts de la santé, qui s'alarment notamment de l'incarcération massive de toxicomanes dans le monde. Les détenus, plus souvent porteurs de ces maladies que le reste de la population, contribuent à les propager à l'extérieur, rappellent ces auteurs d'une série d'études parue vendredi dans la revue The Lancet, qui exhortent les gouvernements à agir.
Des mesures importantes à mettre en place
La réponse des administrations est « lente et au coup par coup », dénonce Chris Beyrer, président de l'International AIDS Society : « La majorité des gouvernements continue à ignorer l'importance stratégique des soins en prison pour la santé publique. » Vacciner les détenus, délivrer des traitements antirétroviraux, améliorer les conditions d'hygiène, distribuer des aiguilles stériles aux toxicomanes, des préservatifs, mais aussi réfléchir au traitement pénal réservé à l'usage de drogue, sont autant de mesures importantes, écrivent les auteurs, avant l'ouverture lundi à Durban de la 21e conférence internationale sur le sida. « Les prisons peuvent agir comme des incubateurs pour la tuberculose, l'hépatite C, le VIH, et la grande mobilité entre prison et extérieur signifie que la santé des prisonniers doit être une préoccupation majeure. Pourtant, examens et traitements pour ces maladies sont rarement disponibles pour les détenus », souligne M. Beyrer.
Le plus grand danger : les seringues partagées
Or le nombre de toxicomanes incarcérés a crû, notamment au nom de la « guerre contre la drogue », ajoutent les experts. « Jusqu'à la moitié des infections au VIH ces 15 prochaines années en Europe de l'Est, proviendra de ce risque accru de contamination entre co-détenus qui s'injectent des drogues, » affirme The Lancet, citant de récentes estimations. « La détention pourrait être aussi responsable des trois quarts des nouvelles infections par la tuberculose affectant les toxicomanes », ajoute-t-on.
Traiter plutôt qu'enfermer les toxicomanes
Or la prise en charge des prisonniers toxicomanes est déficiente : seuls 1 % des détenus qui en auraient besoin reçoivent des substances de substitution, regrettent les auteurs. « La plupart des stratégies imposent une tolérance zéro à l'égard des usagers de drogues. Mais le fait que les taux d'infection continuent de grimper confirme que cette approche ne marche pas ». Les auteurs appellent à réformer les lois pénalisant l'usage de drogue, et à traiter plutôt qu'enfermer les toxicomanes non violents : « La manière la plus efficace de contrôler l'infection des prisonniers et plus généralement de la population est de réduire la détention massive de toxicomanes recourant aux injections », insiste M. Beyrer.
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