A la suite de l’attentat qui a fait des dizaines de morts à Nice et plus de 200 blessés, le Plan blanc a été déclenché dans la nuit de jeudi à vendredi. Matthieu Durand, chirurgien urologue à l’hôpital Pasteur de Nice a été appelé pour prêter main forte au personnel de santé sur place.
A quel type de blessures avez-vous dû faire face dans la nuit qui a suivi l’attentat ?
Nous avons travaillé dans l’urgence. Pour suivre le rythme, nous étions parfois obligés d’ouvrir directement le patient pour l’opérer, sans faire d’examen complémentaire avant. La majorité des victimes présentait des arrachements de membres, des écrasements, des compressions et des mutilations.
Le terme de « médecine de guerre » est souvent employé. A quoi correspond-il ?
Cela signifie que nous ne faisons pas de la chirurgie habituelle. C’est de la chirurgie de catastrophe. Le plus important est de préserver la survie de la victime, même si les interventions ne sont pas fines. Nous devons souvent « packer » les patients, c’est-à-dire leur mettre des compresses pour contenir l’hémorragie, refermer la plaie, et passer au patient suivant. Malheureusement, si le patient est en état trop traumatique ou si ses chances de survies sont trop faibles, nous devons d’abord donner la priorité aux autres victimes.
Comment l’hôpital Pasteur s’est-il organisé ?
J’ai été impressionné par la grande quiétude qui régnait pendant la nuit. Un premier poste de triage des victimes se trouvait au service des urgences, puis un deuxième au niveau des blocs opératoires. En temps normal, un seul bloc opératoire est occupé. Deux, si c’est une grosse journée. Hier, il y en avait 13 qui tournaient sans interruption. Evidemment, toutes les opérations froides prévues ont été annulées. Le plus important est de ménager ses troupes pour pouvoir assurer la relève sur plusieurs jours. Et de gérer le moral de son équipe.
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