Il vaut mieux ne pas tomber malade au Sénégal pour ne pas avoir à être trimbalé entre les différents hôpitaux du pays où les patients, souvent, sont accueillis à bras ouverts dans l’antichambre de la morgue. Entre la maternité, les urgences et autres unités de soins, il faut choisir et réfléchir à deux fois avant d’y envoyer un proche qu’on aimerait revoir en vie. Et bien portant. Seneweb fait le point dans certains établissements sanitaires du pays.
Hôpitaux du Sénégal, mouroir des temps modernes
L’indifférence : c’est la chose qui frappe en premier les patients ou leurs accompagnateurs dans les structures de santé. Des urgences aux différentes unités de soins, nombreux sont les malades qui passent de vie à trépas du fait d’une négligence notoire par les personnels de santé supposés les accueillir, les réconforter, les soigner et leur redonner goût à la vie. Mais c’est une tout autre réalité qui ronge le cœur des patients et de leurs proches, qui ont souvent la malchance de se rendre dans ces hôpitaux devenus un mouroir des temps modernes. Et ce n’est pas tant la cherté des ordonnances médicales qui étrangle, mais la qualité de l’accueil, lequel se traduit par un rejet des malades pour différents motifs, dont le manque de place souvent évoqué.
Malgré le professionnalisme tant vanté des personnels de santé du Sénégal, l’accueil des patients dans nos structures de santé demeure le talon d’Achille d’une administration où cohabitent laisser-aller, négligence, insouciance et irrespect de la vie de la personne humaine. Et il y a aussi le silence des victimes, de leurs familles et proches, peu enclins à porter plainte, préférant s’en remettre à la providence alors que souvent, dans ces hôpitaux, la vie d’un proche aurait pu être sauvée si le personnel avait fait montre d’un minimum de respect de la vie humaine ; si la considération était moins axée sur les milliers de francs à soutirer à la famille du patient, préalable à toute consultation, que sur la vie humaine à sauver.
Kolda: une femme donne naissance après sa mort, alors que l’hôpital l’a déclarée «non enceinte»
Pas plus tard que le week-end dernier à Kolda, ces manquements graves ont coûté la vie à une personne : Malafy Touré, une femme enceinte âgée de 40 ans environ et originaire du village de Karcia. Elle «a donné naissance à un garçon mort-né, 23 heures après sa mort dans la chambre froide même de la morgue où son corps a été déposé», selon le récit de Sud Quotidien, qui relève un fait assez insolite : la dame avait été déclarée «non-enceinte» par l’hôpital et «morte de cause inconnue». Ces observations pour le moins curieuses, écrites noir sur blanc, ont interpellé les proches de Malafy Touré notamment sur la qualification supposée de ces personnes qui ont osé produire un tel document administratif. Car pour un professionnel de la santé, qui plus est dans une maternité, ne pas pouvoir reconnaître une femme enceinte est un délit. La négliger au point qu’elle perde la vie est un crime qu’il convient de sanctionner et qui devrait nécessiter d’une part l’ouverture d’une enquête rigoureuse, et d’autre part le départ sans conditions du directeur de cet établissement ainsi que de tous les agents ou personnels mis en cause, qui jouent souvent avec la vie des personnes. Jusqu'ici, aucune réaction officielle des autorités sanitaires. Le ministère de la Santé a sans doute beaucoup à faire à cause d'Ebola...
Une telle attitude est d’autant plus inadmissible à l’heure où le gouvernement expérimente une couverture maladie universelle (Cmu) qu’il sera difficile voire impossible de mettre en place, tant que la qualité de l’accueil dans nos structures de santé restera en l’état. A quoi bon disposer de soins gratuits si on est presque sûr de mourir à l’hôpital par négligence ? Encore que pour le moment, en attendant que ce projet de couverture maladie devienne une réalité, des patients se font éjecter ou rejeter par les hôpitaux, faute d’argent. Alors que dans les familles, nombreux sont les malades qui se résignent à se rendre dans ces structures sanitaires, faute d’argent, faute de prise en charge.
Couverture maladie partielle, pas universelle
«La Couverture Maladie univers
Au Sénégal, la santé de nos hôpitaux n’est pas des meilleures et il suffit de s’y rendre pour s’en rendre compte. Si ce n’est pas le manque d’effectifs ou de moyens qui plombe les ailes de nos structures de santé comme à Ziguinchor où la panne du scanner de l’hôpital régional a causé la mort d’un chef de village, Ibrahima Diatta décédé au cours de son évacuation à Kolda, fin octobre dernier, ce sont des cas de négligence qui coûtent la vie à des nouveau-nés comme à Thiès où, il y a moins d’un mois, un couple qui a eu la malchance de se rendre au Centre hospitalier Amadou Sakhir Ndiéguène, un vendredi d’octobre, a assisté, impuissant, à la mort de son bébé né 24 heures auparavant dans ce même hôpital (lire plus bas).
La maternité, un mouroir pour nouveau-nés
Nombreuses sont les femmes enceintes à décrier l’accueil dans les maternités. Quel que soit leur état de santé, quelle que soit leur souffrance ou l’état d’avancement de la grossesse, elles peuvent faire l’objet d’un rejet, victimes d’un manque de respect, qualifiées, sont-elles, de capricieuses par le personnel. A l’hôpital Mame Abdou des Parcelles Assainies dans la banlieue de Dakar, une femme enceinte qui perdait du sang s’est vu renvoyée vers l’hôpital Nabil Choukair de la Patte-d’oie, sous prétexte qu’elle avait été consultée le jour même par un spécialiste qui n’officie pas dans cet établissement (Mame Abdou: ndlr). Une fois à Nabil Choukair, même refrain. La dame est de nouveau renvoyée vers un autre hôpital, Philipe Senghor de Yoff. Au cours de son périple, elle continue à perdre du sang en quantité. Coup de chance: Philipe Senghor s’est montré beaucoup plus soucieux de la vie humaine que Mame Abdou et Nabil Choukair.
Nabil Choukair, coutumier des faits ? «Oui», répond une femme que nous avons rencontrée à Philippe Senghor le même jour, qui nous fait quelques confidences: « elles (les femmes de la maternité : ndlr) ont tué mon bébé. La sage-femme (s’agit-il réellement d’une sage-femme ?) s’était assise sur mon ventre. Je ne sais pas à quoi elle jouait, mais elle m’a fait mal, trop mal. Par la suite ils m’ont fait transférer à Philippe Senghor où j’ai accouché plus tard, d’un enfant mort-né », ressasse avec amertume, la dame qui en veut encore à ces personnels de garde, mais dit toutefois s’en remettre à Dieu. Ces faits se sont passés entre février et avril 2013 et confirment que les hôpitaux du Sénégal, du moins une bonne partie d’entre eux, sont bien des mouroirs pour adultes, enfants et nouveau-nés.
Interrogations autour de la qualification des personnels de garde
A l’image de certains hôpitaux de la capitale, les régions ne sont pas mieux loties et les personnels de garde qui officient le soir et le weekend sont souvent mis en cause en cas de manquement notoire.
Il y a environ un mois, à Thiès, ces va-et-vient entre les hôpitaux, un véritable chemin de croix, ont coûté la vie à un bébé qui n’a vécu que 24 heures. «Dorénavant, je préférerais payer 500 000 FCfa dans une clinique privée que de prendre le risque de perdre ou ma femme et/ou mon enfant dans ces hôpitaux» : voilà la résolution de ce père de famille qui se demande encore ce qui le retient de traîner en justice ces criminels d’un genre nouveau, dont l’insouciance et l’indifférence ont causé la mort de son nouveau-né qui était en proie à une «respiration bizarre». Selon le récit du père qui ne se trouvait pas sur place le jour des faits, son épouse s’est rendue à l’hôpital régional Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès vers 3 heures du matin alors que bébé avait du mal à respirer. Faute de place, la dame sera redirigée par le personnel de garde, vers un hôpital sis à Mbour 1, en pédiatrie, alors que cet établissement ne pas dispose pas de service pédiatrie, selon le personnel de garde trouvé sur place. La voilà contrainte de retourner à l’hôpital régional situé à plus d’un kilomètre, avant d’être renvoyée une seconde fois par les mêmes personnes. Entre temps, à bord du taxi qui l’amenait vers un autre établissement, la faucheuse eut raison de l’enfant qui n’avait que trop souffert. Le bébé avait arrêté de respirer et il fallait établir un constat, et délivrer à la mère un certificat de décès. Cap retour une troisième fois sur l’hôpital régional de Thiès. Alerté, le père qui entre-temps s’est rendu sur les lieux s’interroge et crie son indignation en constatant sur place, en plus de la négligence qui a coûté la vie à son enfant, la grossière maladresse qui a été écrite sur le papier délivré par l’hôpital et selon lequel le bébé, né 24 heures auparavant dans cet hôpital, est de sexe féminin. Alors qu’en réalité il ne s’agit pas d’une fille, mais d’un petit garçon…
41 Commentaires
Goor
En Novembre, 2014 (09:42 AM)Il faut licencier la mauvaise graine ,il ya au moins une tonne de pourriture
Mimi
En Novembre, 2014 (09:45 AM)Certains se plaignent de mauvaises routes,
d'autres d'hôpitaux en décrépitude
ect. Qu'a fait Wade durant 12 ans au pouvoir %3
Thiacanam
En Novembre, 2014 (09:48 AM)Jo
En Novembre, 2014 (09:50 AM)Certains se plaignent de mauvaises routes,
d'autres d'hôpitaux en décrépitude
ect. Qu'a fait Wade durant 12 ans au pouvoir ? Si rien ne va, ce n'est pas la faute à Maky qui n'a même pas fait 3ans au pouvoir. Souvenez vous : Wade avait bénéficié de circonstances exceptionnelles en se VOYANT ANNULER EN 2004 TOUTE LA DETTE DU SENEGAL.
S'il avait bien travailler, on en serait pas là. Donc les libéraux n'ont rien ABSOLUMENT RIEN A DIRE. Tout est de leur faute.
Maggui
En Novembre, 2014 (09:52 AM)Djourhi
En Novembre, 2014 (10:02 AM)Citoyen Du Nord
En Novembre, 2014 (10:04 AM)Le cas de l’hôpital de Ourossogui en est un autre puisque tous les Gynécologues formés sur l'argent du contribuable sénégalais refusent de servir dans cette partie du pays. Voila un hôpital sans gynécologue depuis 2011 et sans chirurgien depuis 2012. Les femmes meurent dans cet établissement faute d'assistance technique. Si à Saint-Louis en dépit de 3 Gynécologues et des Sages femmes, les femmes continuent de mourir à la maternité de l’hôpital à Matam où il n’y pas de spécialiste, la mort d'une femmes suite à un accouchement peut être expliquée.
Il est temps que le peuple prenne ses responsabilités pour se sauver lui-même. Il faut que l'on arrête de faire des marches et des meetings à des fins politiques. La vie est plus chère que la constitution. Le Peuple doit se soulever contre ses morts arbitraires et évitables dans nos hôpitaux surtout la mort d'une jeune femme qui a tenté de donner la vie. Mourir en donnant la vie en 2014 semble devenir une banalité au Sénégal. levons nous contre!!!
Citoyen Du Nord
En Novembre, 2014 (10:08 AM)Il est temps que le peuple prenne ses responsabilités pour se sauver lui-même. Il faut que l'on arrête de faire des marches et des meetings à des fins politiques. La vie est plus chère que la constitution. Le Peuple doit se soulever contre ses morts arbitraires et évitables dans nos hôpitaux surtout la mort d'une jeune femme qui a tenté de donner la vie. Mourir en donnant la vie en 2014 semble devenir une banalité au Sénégal. levons nous contre!!!
Mooo
En Novembre, 2014 (10:43 AM)Fdlm
En Novembre, 2014 (10:53 AM)je n'ai jamais vue une sage femme au Sénégal, il ne faut plus dire sage femme de grâce cherchez un autre nom mes amies
Nsh
En Novembre, 2014 (11:06 AM)Dom Rewimi
En Novembre, 2014 (11:08 AM)Deug
En Novembre, 2014 (11:37 AM)Bonus Vitalis
En Novembre, 2014 (12:03 PM)Mbouroise Bi
En Novembre, 2014 (12:21 PM)%mr Pakao
En Novembre, 2014 (12:33 PM)Pico
En Novembre, 2014 (13:24 PM)Patriote2013
En Novembre, 2014 (13:24 PM)Momo
En Novembre, 2014 (14:29 PM)Enfin Un Témoignage
En Novembre, 2014 (15:09 PM)ON N'AIME PAS QUE LE LINGE SALE SOIT ETALE DANS LA PRESSE , MINISTRE DE LA SANTÊ DE EBOLA ET DES BELLES PRISES DE VUE DEVANT CAMERA.
Keur Madiabel
En Novembre, 2014 (15:45 PM)Hoggy
En Novembre, 2014 (15:45 PM)Matam
En Novembre, 2014 (16:04 PM)Beug Kham
En Novembre, 2014 (16:30 PM)Roffi
En Novembre, 2014 (16:43 PM)la bas trouve un personnel ki n'est pas du tout qualifié et ki souvent refuse d'évacuer ces malades à thiès
A moins de 03 mois on compte plus 19 cas décés maternelles c'est alarmant réagissez Ministère de la santé avant k ca n soit trop tard
TIVAOUONE TIVAOUONE
Tivaoune
En Novembre, 2014 (17:11 PM)Rofko
En Novembre, 2014 (17:23 PM)Job
En Novembre, 2014 (17:37 PM)Assietou
En Novembre, 2014 (17:45 PM)Il faut sanctionner pourquoi on meurent au Sénégal comme des mouches et non en Europe ?
Balindaye
En Novembre, 2014 (19:03 PM)c'est dommage alors qu'ils sont souvent en grève avec une pléthore de revendications. Notre développement c'est pas pour demain tant que les sanctions sont tabous au sénégal car à la place c'est le massla
Tala
En Novembre, 2014 (20:04 PM)Ajouté à ça le manque de communications de la plupart des médecins qui se prennent pour des pachas.
Souhaitons de ne pas tomber malade.
Des femmes qui ont eu d'énormes difficultés pour enfanter et qui à la fin perdent leur unique enfant par négligence du personnel médical. C dur de tomber malade dans ce pays.
Evidemment, on trouve à quelques rares exceptions près du personnel médical très concienscieux.
Insuline
En Novembre, 2014 (20:51 PM)Mouss1
En Novembre, 2014 (20:51 PM)Yamba
En Novembre, 2014 (23:04 PM)Yamba
En Novembre, 2014 (00:34 AM)Deug
En Novembre, 2014 (02:04 AM)Il faudra revoir la formation de base dans les écoles de santé pour avoir une élite de qualité dans ces centres de santé.
Je suis soignante en Suisse, j'ai fais ma formation dans une HES, bons nombres de nos modules théoriques sont basés sur la relation soignant-soigné, l'accueil du patient, l'humilité, la confiance, la discretion, le respect, etc et bcp d'autres éléments qui ont un impact considérable sur la guérison du patient.
Babs
En Novembre, 2014 (04:26 AM)Le seul conseil que je donne aux personnes le pouvant c d'aller vers une clinique first avant d'aller aux services publics.
J'espere que ce genre d'articles doivent etre plus frequents. Les TV doivent faire plus de reportages sur ces questions que de nous divertir tout le temps. Montrer le mal que subbit la mageur partie de la population pourra inciter nos politiciens a plus travailler dans l'interet general. C domage que depuis belle lurette tout nos dirigeants et proches se soignent a l'etranger laissant le peuple mourrir a petit feu dans nos hopitaux.
Malawbe
En Novembre, 2014 (05:58 AM)Faya
En Novembre, 2014 (08:38 AM)Cheikhou Ahmadou Thiam
En Décembre, 2014 (17:12 PM)Participer à la Discussion