
La prise en charge de la brûlure grave au Sénégal est une équation médicale. Jusqu’ici, le Sénégal ne dispose que de deux unités pour le traitement des brûlés graves implantés à Dantec et Principal. Pis, l’insuffisance de ressources humaines de qualité ne permet pas d’assurer une meilleure protection de ces cas d’hospitalisation. Ils constituent 33% du taux de mortalité à l’hôpital Principal.
La prise en charge médicale des grands brûlés est assez problématique. Il est connu que les hôpitaux sénégalais ne disposent pas d’assez de ressources humaines et d’infrastructures médicales adaptées pour sauver leur vie. Les conséquences sont souvent énormes, les pertes en vie humaine considérables.Aujourd’hui, le taux de mortalité lié aux brûlures s’élève à 33% à l’Hôpital principal de Dakar (Hpd). Mouhamadou Mansour Fall, anesthésiste-réanimateur à Hpd, tire la sonnette d’alarme. «Il y a l’offre qui est limitée en termes de places. En plus de cela, les patients arrivent dans ces unités d’une manière non conventionnelle, ce qui par ailleurs est synonyme d’aggravation», se désole-t-il.
En marge d’un symposium sur la prise en charge de la brûlure grave au Sénégal, les acteurs ont largement regretté le déficit de centres spécialisés. Ils plaident l’érection rapide de centres de traitement de la brûlure grave. Dans l’ordonnancement médical sénégalais, il n’existe que deux unités de traitement de la brûlure grave implantées à Le Dantec et l’hôpital Principal de Dakar. Et là encore, les moyens restent très limités au moment où le nombre de brûlés graves ne cesse d’augmenter. Les moyens pour panser les brûlés sont très limités, voire inexistants dans plusieurs établissements médicaux. «Actuellement, deux hôpitaux prennent en charge les brûlés au niveau du Sénégal : C’est l’hôpital Aristide Le Dantec et l’hôpital Principal de Dakar. Ce ne sont pas des centres en tant que tels, mais des unités de traitement des brûlés», détaille Mouhamadou M. Fall. Il précise «qu’on a isolé ces brûlés dans les centres de réanimation et on leur a donné une chambre et trois lits. Ce facteur d’isolation permet de limiter la survenue des infections».
Infrastructures inadéquates
Pour corriger ce manquement, les acteurs ont plaidé pour la création d’un centre de traitement de la brûlure grave au Sénégal. «L’état des lieux de la question montre la nécessité de mettre sur pied cette infrastructure pour la prise en charge des brûlés. Car il y a de plus en plus de brûlés», renseigne le professeur Bakary Diatta, médecin-colonel, chef du département urgence, anesthésie, réanimation de l’Hpd. Il poursuit : «Ceci est dû à des facteurs socioculturels, mais aussi à des circonstances particulières et aujourd’hui la prise en charge de ces patients ne s’improvise pas. Elle doit se faire dans un cadre bien approprié avec des protocoles bien précis, un personnel spécialisé, que ceux-là soient médecins ou infirmiers, bien formé. Mais aussi avec des produits médicamenteux un peu particuliers et des techniques chirurgicales de recouvrement particulières.»
En attendant l’ouverture très attendue d’un centre, Pr Diatta préconise une gestion efficiente des patients. «Les malades les moins graves, on les fixe en périphérie, c’est-à-dire en zones rurales, au niveau des postes de santé, des hôpitaux régionaux. Il faut traiter par contre ceux qui ont des brûlures inférieures à 10% en ambulatoire et les laisser rentrer. Pour les plus graves, c’est-à-dire en deçà de 10%, il faut les hospitaliser dans les unités de traitement de brûlés», explique Pr Diatta.
Aujourd’hui, il recommande une spécialisation en «brûrologie» avec des spécialistes formés en Europe et aux Etats-Unis. «Quand ils seront nombreux, on créera un diplôme de formation pour la prise en charge des brûlés, ce qui s’appelle ‘’brûrologie’’ au Sénégal. Et en ce moment, le Sénégal va être autonome pour ce qui est de la gestion des brûlés», suggère-t-il.
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