Les pays où l'on consomme beaucoup de boissons et d'aliments contenant du sirop de maïs à haute teneur en fructose sont aussi ceux où la prévalence du diabète de type deux est la plus élevée. Les Etats-Unis et le Canada, mais aussi la Belgique ou le Japon, sont parmi les premiers concernés, tandis que la France utilise le fructose en très faibles quantités.
Des chercheurs de l'Université de Californie du Sud et de l'Université d'Oxford ont analysé les données de 43 pays. Ils ont ainsi mis en évidence le fait que les pays utilisant fortement ce sucre présentent un taux d'atteinte par cette forme de diabète, souvent associée à l'obésité, de 20 % supérieur à celui observé dans les pays qui n'y ont pas ou peu recours. Une association qui n'est cependant pas la démonstration d'une relation de cause à effet.
Le sirop de maïs à haute teneur en fructose a été mis au point dans les années 1960 pour remplacer le sucre traditionnel, le saccharose, composé de la réunion d'une molécule de glucose et d'une molécule de fructose. L'industrie alimentaire a vite saisi l'intérêt pour elle de ce sirop et l'a utilisé à partir des années 1980. La plus forte teneur en fructose que celle du saccharose donne un goût plus sucré, à quantité égale. Le fructose accroît l'appétit en diminuant la sensation de satiété. De plus, les aliments transformés sont plus stables et prennent une couleur brune plus prononcée à la cuisson.
"ABSENCE DE PRÉCISIONS"
Dans leur article, publié en ligne mardi 27 novembre par la revue Global Public Health, Michael Goran (codirecteur de l'Institut de recherche sur le diabète et l'obésité à l'Université de Californie du Sud) et ses collègues ont calculé une prévalence du diabète de 6,7 % dans la population des pays faibles utilisateurs du sirop et de 8 % dans les pays gros consommateurs. De même, le taux sanguin de glucose à jeun était plus élevé là où le sirop de maïs à haute teneur en fructose est très employé.
"Cette étude nous suggère que le sirop de maïs à haute teneur en fructose est susceptible d'accroître le risque de diabète de type 2, qui est une des causes les plus répandues de décès dans le monde actuel", commente Stanley Ulijaszek (Université d'Oxford), l'un des co-auteurs de la publication.
Dans un article précédent, les mêmes auteurs avaient rapporté que, dans un certain nombre de boissons sucrées vendues massivement aux Etats-Unis, les quantités de fructose retrouvées étaient supérieures d'environ 20 % à celles auxquelles on pouvait s'attendre. "L'absence de précisions fournies par les industriels" expliqueraient, selon les auteurs, les difficultés à évaluer les quantités réelles de fructose présentes dans les boissons et les aliments.
Le recours au sirop de maïs à haute teneur en fructose varie fortement suivant les pays. La palme revient aux Etats-Unis, qui possèdent le taux de consommation par habitant le plus élevé, avec 25 kg par an, suivis par la Hongrie (16 kg/an). Le groupe des gros consommateurs compte le Canada, la Slovaquie, la Bulgarie, la Belgique, l'Argentine, la Corée du Sud, le Japon et le Mexique. A l'opposé, on trouve l'Allemagne, la Pologne, la Grèce, le Portugal, l'Egypte, la Finlande et la Serbie. Des pays ont même des taux inférieurs à 0,5 kg/an, parmi lesquels la France, l'Australie, l'Inde, la Chine, le Danemark, l'Irlande, l'Italie, la Suède, le Royaume-Uni et l'Uruguay.
AUGMENTATION "EXPONENTIELLE"
Les auteurs de l'étude soulignent que, depuis 2008, les exportations de sirop de maïs à haute teneur en fructose des Etats-Unis vers le Mexique ont connu une augmentation "exponentielle", après que des dispositions restreignant les échanges ont été levées. Par ailleurs, ils expliquent les disparités entre pays de l'Union européenne par l'existence de quotas agricoles et commerciaux. La Hongrie ou la Slovaquie rachètent ainsi à des pays comme la Suède ou le Royaume-Uni, qui n'en utilisent pas la totalité, une partie de leurs quotas.
D'autres auteurs ont publié des résultats tendant à conclure que le sirop de maïs à haute teneur en fructose n'est pas en cause dans l'obésité. C'est le cas du cardiologue James Rippe, directeur du Rippe Lifestyle Institute et professeur à la University of Central Florida, qui, dans un article publié le 18 septembre dans l'International Journal of Obesity, indiquait : "Il n'y a à l'heure actuelle tout simplement pas de preuve suggérant que l'utilisation de sirop de maïs à haute teneur en fructose seul est directement responsable des taux accrus d'obésité ou d'autres problèmes de santé." Le docteur Rippe est consultant pour l'industrie agro-alimentaire et déclare avoir reçu des subventions de l'Association des raffineurs de maïs.
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Patawologie
En Décembre, 2012 (07:46 AM)Participer à la Discussion