
Comme une vague déferlant sur la plage, la rumeur s'est répandue dans les rues de Mbour, à 80 km au sud de Dakar : deux bateaux de migrants partis de cet important port de pêche sénégalais auraient disparu.
Depuis quelques semaines, les départs pour l'archipel espagnol des Canaries ont repris, à quelque 1.500km, symbolisant la porte de l'Europe et l'espoir d'une nouvelle vie pour des milliers de jeunes Africains qui attendent leur heure sur les bords de l'Atlantique.
"L'Espagne... On veut tous y aller. Si une pirogue part, je saute tout de suite dedans", lance Abdou, la vingtaine. Installés dans un abri de tôles entre des dizaines de pirogues multicolores, oasis de calme au milieu du tumulte du port, tous ses amis approuvent.
Les risques, ils les connaissent. Selon l'ONG Caminando Fronteras, trois bateaux ont disparu avec au moins 300 migrants à bord, dont deux se seraient élancés de la région de Mbour fin juin. Les garde-côtes espagnols sont toujours à leur recherche.
Qu'importe. "Celui qui est affamé trouvera toujours à manger ailleurs", dit Abdou. "Vivre ici ou mourir, c'est pareil", renchérit l'un de ses camarades. "Il n'y a pas de travail ici, pas d'argent. L'unique solution, c'est l'Espagne". Tous connaissent des amis qui sont partis, qui ont réussi, qui "construisent des maisons".
Dans un petit local bleu, Moustapha Ndiaye, président du groupement des pêcheurs de Mbour, boit un thé chaud dont l'odeur tranche avec celle du poisson qui inonde les alentours. Assis sur un banc, les pieds nus posés sur un parterre de petits coquillages, il raconte avoir vu "en pagaille" des jeunes partis du jour au lendemain.
Départ
Selon lui, une dizaine de pirogues seraient parties de la région depuis un mois. Elles partent la nuit, en cachette. Entre juin et septembre, les départs sont plus nombreux. Le vent est plus favorable.
Comme tout le monde, il a entendu "la rumeur" des disparitions. Il faut attendre, dit-il. Parfois, les pirogues ont "juste" du retard et elles finissent par arriver. "On ne peut jamais savoir ce qu'il se passe en mer".
Il y a deux types de pirogues de migrants, explique-t-il. Celles menées par des pêcheurs, qui ont l'habitude de la mer. Et celles gérées par des "businessmen", qui sont là pour l'argent. Ils peuvent se faire un bénéfice de 15 à 20 millions de francs cfa (20.000 à 30.000 euros), estime-t-il.
"L'Etat a signé des accords avec les bateaux européens et asiatiques pour la pêche industrielle. Il y a moins de poissons et les jeunes partent", poursuit-il.
Ousmane (son prénom a été modifié), 29 ans, a tenté sa chance en 2020. Il a échoué. Sa pirogue a été arrêtée par les garde-côtes espagnoles. "Quand tu es pêcheur, tu n'as pas peur de partir", déclare-t-il. Marié, père d'un enfant, il repartira dès qu'il pourra. Sans rien dire à personne. "Il n'y a pas d'autres options", estime-t-il.
"La police et la gendarmerie ne peuvent pas arrêter le phénomène de l'immigration clandestine", assure Mouhamadou Barro, président de la commission migration de la commune de Mbour. Il note que le phénomène est reparti à la hausse en 2023. Pour l'enrayer, dit-il, "il faut que nos jeunes aient du boulot".
Espoir
Selon les autorités espagnoles, entre le 1er janvier et le 30 juin, 7.213 personnes sont arrivées clandestinement à bord de 150 embarcations aux Canaries, contre 8.853 sur la même période l'an dernier.
Mais ces derniers jours, les départs se multiplient depuis le Sénégal. Le gouvernement sénégalais affirme que 260 Sénégalais "en détresse" ont "été secourus dans les eaux territoriales marocaines" entre le 28 juin et le 9 juillet.
Mercredi, au moins huit personnes sont mortes à Saint-Louis dans le chavirement d'une pirogue. Jeudi, une embarcation du Sénégal arrivait aux Canaries avec 41 migrants tandis qu'une autre de 71 personnes étaient interceptée par la marine sénégalaise.
Le fils ainé de Mame Elimane Ndoye, 69 ans, compte parmi ceux qui ont fait la traversée récemment.
"Il est parti le jour de la Tabaski", le 29 juin, l'une des principales fêtes musulmanes. "Il avait acheté un grand bélier pour son papa". Avant son départ, "il est venu me voir et m'a dit qu'il voulait rejoindre ses amis là bas. Alors je lui ai dit: +C'est moi qui vais formuler des prières pour toi.+ C'est ce qui lui a donné beaucoup de courage".
"Le voyage a été difficile. Il y a eu beaucoup de vent. Pendant trois jours, ils ont coupé le moteur. Puis ils sont arrivés", lui a-t-il raconté par téléphone.
"Si Dieu fait qu'il commence à travailler, s'il envoie de l'argent, tout le monde en recevra. Ce sera une fierté pour nous", espère-t-il. "Je le connais, il va se débrouiller".
13 Commentaires
Tourem
En Juillet, 2023 (09:46 AM)Reply_author
En Juillet, 2023 (10:10 AM)L'Etat en créant des places de fonctionnaires. C'est important pour assurer des services publics. Mais il faut les payer grace aux recettes de l'Etat, c'est à dire grace aux impots des citoyens et des sociétés.
Les entreprises, mais il faut qu'il puisse s'en créer et qu'elles gagnent de l'argent. Il faut leur faciliter la tâche tout en les controlant. C?est un équilibre difficile.
On ne donne pas du travail. POur avoir un travail il faut une éducation et une formation professionelle. Il faut aussi un sens de la responsabilité parce que si tu arrives tous les jours en retard ou que tu es absent, tu est un cout pour l'Entreprise.
Reply_author
En Juillet, 2023 (11:07 AM)Enfer Sénégalais
En Juillet, 2023 (15:13 PM)Tu n'as pas de formation, tu n'as pas de travail, si tu manisfestes on te tue on t'estropie ou on te jette en prison, pire, tout est fait pour museler le leader qui symbolise l'espoir des jeunes.
Voila la vérité !!! Voila le bilan du gars !
Reply_author
En Juillet, 2023 (10:30 AM)Amsa
En Juillet, 2023 (11:30 AM)Hé!
En Juillet, 2023 (13:36 PM)Reply_author
En Juillet, 2023 (15:16 PM)Mbourois !
En Juillet, 2023 (11:31 AM)Une Jeunesse
En Juillet, 2023 (11:34 AM)Une jeunesse que la mal gouvernance ne permet même pas de rêver et que l'argent public est accaparé par la classe dirigeante .
Ansou
En Juillet, 2023 (11:59 AM)Reply_author
En Juillet, 2023 (13:08 PM)Mais ils font semblant que tout vas très Bien.
Cfa = Malheur
En Juillet, 2023 (13:05 PM)une Jeunesse désespéré
Pas de papier /pas boulot , pas de boulot / pas d argent . Obligé d aller mendier de la nourriture dans les associations . La politique deva l immigration est en train de se durcir .
Et le risque d'être renvoyé au pays , mais avant tout le risque de se noyer et disparaître à jamais .
Baye Issa
En Juillet, 2023 (15:04 PM)La première cause de ce fléau est l’irresponsabilité des parents.
Tout rejeter sur les gouvernements est trop facile.
Il faut sanctionner les parents de tout mineur trouver dans ces boatpeoples.
L'irresponsabilité de ces gros gaillards qui n'ont aucun niveau d'études ni en arabe ni dans les langues officielles, est déplorée.
Les hommes sénégalais sont le problème de xe pays, ils sont plus problème que solutionspour le Sénégal, 70 pourcent n'ont pas fait d'études même moyenne ni n'ont appris de métier, contrairement aux filles et femmes de ce pays, qui sont plus solutions que problèmes.
L'homme sénégalais est fainéant, roublard,menteur et paresseux.
Aucun gouvernement au monde ne peut trouver de solution à une pareille jeunesse.
Nagnouy wakh deugeu, bilahi je suis un homme sénégalais.
Participer à la Discussion