
L’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD), vitrine du Sénégal moderne, traverse une tempête financière sans précédent. Un récent audit, couvrant la période 2021-2024, a mis en lumière une situation alarmante : une explosion des effectifs, une masse salariale écrasante et une gestion jugée irresponsable par plusieurs acteurs. Entre chiffres contestés, tensions sociales et plans de restructuration, l’avenir de cette infrastructure stratégique est en jeu. Décryptage d’une crise qui ne laisse personne indifférent.
Une masse salariale qui plombe l’aéroport
Selon l’audit commandité par le nouveau Directeur général, Cheikh Bamba Dieye, AIBD SA compterait aujourd’hui 304 corps de métier, avec une hiérarchie pléthorique : 103 chefs de bureaux, 92 chefs de service, 66 chefs de départements, 29 chefs de pôles et 13 directeurs exécutifs. Avec 95,24 % des employés en CDI, la masse salariale s’élève à 824 millions de FCFA par mois. L’année 2022 a marqué un tournant, avec 279 recrutements, soit une hausse des effectifs de 101 % en trois ans. Résultat : une entreprise autrefois viable ploie sous le poids de ses charges.
Le directeur général, Cheikh Bamba Dieye, ne mâche pas ses mots : « AIBD SA est en détresse financière majeure. Des décisions irresponsables ont transformé une structure autonome en un gouffre financier, aujourd’hui sous perfusion de l’État. » Pour lui, un plan social est inévitable pour redresser la barre.
Un plan de sauvetage sous haute tension
Face à cette situation, la direction a réuni les syndicats à Saly pour un conclave de trois jours. Le constat est unanime : il faut agir vite. Cheikh Bamba Dieye promet une restructuration rigoureuse, en collaboration avec les partenaires sociaux et sous l’égide du président de la République. « Nous mettrons en place un comité ad hoc pour rééquilibrer la société, avec transparence et sérieux », assure-t-il.
Cheikh Wade, président de l’intersyndicale, soutient cette démarche : « Nous sommes prêts à accompagner le plan de sauvetage, mais sans renoncer à défendre les droits des travailleurs. » L’objectif ? Aligner AIBD SA sur le référentiel Sénégal 2050 tout en préservant l’outil de travail.
Le collectif des 514 agents monte au créneau
Mais ce plan ne fait pas l’unanimité. Un collectif de 514 agents s’oppose fermement aux licenciements envisagés, annoncés le 1er mars 2025 par le DG. Pour eux, les chiffres avancés sont « faux » : l’aéroport compterait moins de 875 salariés, et non les 938 évoqués. Ils accusent la direction de mauvaise gestion et dénoncent des contradictions criantes : « Le DG recrute des cadres et bénéficie d’avantages indus, comme un ‘car plan’, tout en invoquant une crise financière. »
Le collectif pointe aussi une dette de 70 milliards de FCFA que l’État doit à AIBD SA, rendant le motif économique des licenciements « irrecevable ». Pis, il dénonce une manipulation des syndicats, avec des délégués au mandat expiré depuis quatre ans. « Sans élections syndicales, aucune négociation n’est légitime », martèlent-ils, exigeant un scrutin immédiat.
Une gestion opaque au cœur des critiques
Les agents fustigent une direction aux pratiques opaques : recrutements non validés par l’Inspection du Travail, violations du Code du Travail et absence de transparence. « On fait payer aux travailleurs les erreurs d’une gestion incohérente », déplore le collectif. Pendant ce temps, l’État, déjà en difficulté économique, continue de soutenir une entreprise censée être autonome.
Entre le plan de restructuration de la direction et la colère des employés, l’AIBD est à un tournant. La direction promet rigueur et dialogue, mais les tensions sociales menacent la stabilité de l’entreprise. Pour beaucoup, cette crise reflète des années de décisions mal inspirées. Reste à savoir si les solutions proposées suffiront à sauver cet outil stratégique, ou si elles ne feront qu’aggraver un climat déjà explosif.
11 Commentaires
Thieuye Lii
il y a 2 jours (02:28 AM)Reply_author
il y a 2 jours (09:58 AM)Zrrdopiiiiuuuxx
il y a 2 jours (03:52 AM)louez des bureaux, espaces de travail, etc
developpez des navettes vers des destinations qui vous semblent rentables
developpez parkings, salles de spectacles, nurseries, massages, petites consultations medicales, etc
pour notre securité à tous, cet endroit constituant un point d'entree vital,
le sujet est tres important, et l'etat doit le prendre tres au serieux
Reply_authoryado
il y a 2 jours (08:09 AM)C'est LAS SA qui gère le principal aéroport (AIBD) avec 96% du trafic aérien et un effectif de moins de 600 employés.
Donc AIBD SA (qui devait s'appeler Agence des aéroport régionaux du Sénégal) n'a que 4% du trafic aérien avec un effectif de 982 employés. Faut vraiment pas être divin pour comprendre que ça ne peut pas continuer cette situation où l'état est obligé de perfuser AIBD SA tous les mois pour les permettre de payer des salaires indus car 90% du personnel ne font rien à longueur de journée s'ils viennent travailler.
Avoir des charges de 23 milliards pour des recettes de 7 milliards c'est criminel
Je doute de ces compétences, puisqu'il a été maire à Saint Louis, je pense c'est le plus mauvais maire que Saint Louis à eu.
Est ce qu'il n'a fait un seul mandat, il est bon en théorie et je sais pas ce qu'il en est au niveau de la pratique et ledearship
Fall Ndiaga
il y a 2 jours (08:42 AM)Reply_author
il y a 2 jours (08:49 AM)Reply_author
il y a 2 jours (09:19 AM)personnellement si j'étais à la place de ces employés j'accepterai cela car cela me permettra d'assurer tjrs une source de revenu fixe au foyer et j'emploierais le restant de mon mon temps à l'entrepreneuriat.
j'espère que mon message arrivera aux oreilles des décideurs
El Capo
il y a 2 jours (09:41 AM)Diawrigne
il y a 2 jours (09:45 AM)Les directeurs ne sont plus des gestionnaires visionnaires, mais des relais du parti au pouvoir, chargés d’assurer sa suprématie locale. Leur stratégie ? Non pas des résultats concrets, mais un recrutement massif d’électeurs potentiels issus de leur localité. Une politique alimentaire déguisée en gestion d’entreprise, un achat de conscience institutionnalisé.
Le résultat est accablant : des directeurs incompétents sans vision stratégique, des employés souvent incapables de mettre en œuvre une quelconque stratégie – encore faudrait-il qu’il y en ait une. Pendant ce temps, la masse salariale de l’administration explose, creusant des déficits abyssaux que l’on tente de masquer par un endettement massif.
Et cet endettement, au lieu d’être orienté vers des projets structurants, est gaspillé dans des initiatives tape-à-l'œil, des vitrines destinées à duper l’opinion publique et à entretenir l’illusion du progrès. Pas de vision à long terme, pas de planification stratégique, seulement du clientélisme politique visant à remporter les prochaines élections.
Un pays ne se développe pas avec des projets clinquants financés par un endettement incontrôlé, ni avec une administration pléthorique utilisée comme outil électoral. Il se développe avec une planification stratégique rigoureuse, des investissements intelligents et surtout, des dirigeants compétents entourés de professionnels capables de les exécuter.
Tant que la gouvernance restera guidée par des intérêts partisans plutôt que par une vision nationale, les mêmes crises se répéteront inlassablement, et le Sénégal continuera de sacrifier son potentiel sur l’autel du court-termisme politique.
Senegalais Lambda
il y a 2 jours (10:17 AM)Pomme
il y a 2 jours (10:40 AM)J'ai retrouvé mes valises a la gare baux - maraichers et non a l'aibd
Et c'est un chef service bagages qui m'a dit d'aller à baux maraichers
Des valises sont volées a la sortie des soutes des avions et chargées dans des taxis- bagages, directions marchés colobane , pikine, thiaroye, etc....
Participer à la Discussion