L'émigration clandestine vers l'Europe, devenue virale ces dernières semaines, s'est inventée à la commémoration du 22e anniversaire du naufrage du "Joola". La représentante des pupilles de la Nation et le ministre des Forces armées ont porté un plaidoyer envers les jeunes sur cette épineuse question.
"'Le Joola' doit inspirer le Sénégal et particulièrement sa jeunesse, servir de normes comportementales pour éviter l'émigration clandestine", selon Binta Gassama, au nom des pupilles de la Nation. Et "notre rôle de sentinelle nous oblige à interpeller notre jeunesse pour tenter de leur donner espoir, a ajouté Mlle Gassama, pour qui il urge que les jeunes soient encouragés à s'investir pour le développement du pays. Avant de rendre hommage à tous ceux et celle qui ont péri en tentant la traversée de l’Atlantique à destination de l'Europe.
Par ailleurs, dans le cadre de la gestion du mémorial-musée "Le Joola", le comitié qui va être mis en place doit garder le cachet "mémoriel du site pour nous rappeler que le souvenir des disparus exige de nous prudence et meilleur comportement", a souhaité le ministre des Forces armées Birame Diop.
Selon lui, l'ouverture du musée est la réaffirmation "d'un devoir de mémoire". Avant d'avertir : "Nous trahirons toutefois notre obligation morale envers nos disparus, en ne nous rappelant pas les enseignements de cette tragédie." Car "ces enseignements sont d'autant plus importants qu'aujourd'hui, notre pays souffre beaucoup de l'émigration irrégulière par les océans et le désert, mais aussi des accidents de la circulation routière. Ainsi, le mémorial-musée "Le Joola" doit interpeller chacun sur ses responsabilités et son devoir de participer activement à la construction de la nation. Il doit servir de transmission à la jeunesse des valeurs. Cette jeunesse qui doit porter le rêve d'une société unie, harmonieuse et fraternelle".
Enfin, le ministre des Forces armées a fait siens les propos du président de la République qui s'est adressé à la jeunesse à Mbour, à la suite du chavirement d'une pirogue, pour sensibiliser les jeunes : "Votre vie a une valeur intestinale. Vous avez un rôle central à jouer dans l'avenir de notre pays. Nous sommes résolus à vous offrir des opportunités réelles et dignes ici chez nous, pour que plus jamais cette mer ne devienne un cimetière pour nos enfants."
1 Commentaires
Il y a 22 ans, la nation entière avait dit : « Plus jamais cela » !
Aujourd’hui, si on devait faire la somme des jeunes et parfois moins jeunes sénégalais qui disparaissent tragiquement en mer en fuyant une misère crée de toute pièce, on en arriverait à une conclusion : nous avons menti à nos morts ! Nous aurions dû dire : « plus jamais de cette façon ». En effet, nous sommes partis pour battre le sinistre record du Joola. Et qui sait, dans ses nouvelles victimes, il y a peut-être des enfants orphelins du Joola. Non seulement notre nation (de manière collective) n’a pas honoré sa promesse du 27 septembre 2002, mais elle y a rajouté du cynisme en reproduisant quelque chose du même acabit, de manière fractionnée. Après leurs vies, nous leur aurons volé jusqu’à leur sinistre record en nombre. Mentir à ses morts, c’est être RIEN. J’ai le sentiment que nous, sénégalais, sommes devenus moins que rien.
Mais voilà, l’évidence c’est cette chose, cet état qui nous pendent au nez et que l’on ne voit jamais. C’est dire que notre évidence est énorme !
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