L'affaire de Ndiagne n'aura manifestement pas servi de leçon. Et la condamnation à du sursis des principaux mis en cause, serait perçue tel un quitus à tuer, une invitation indirecte à perpétuer des pratiques d'un autre âge qui ont eu droit de la vie d'un jeune apprenant, pensionnaire d’un daara à Linguère. Inacceptable !
La justice s’était montrée inflexible au départ quand il s'est agi de traiter avec toute la rigueur qui sied, l'affaire des talibés enchaînés de Ndiagne. Mais la machine aura accouché d'une souris. D'un 'sou-rire' devrait-on dire après la décision d'apaisement qui élargit de prison le Serigne daara et ses coaccusés. Une décision sans doute perçue comme un signal à l'endroit de ceux qui emploient des méthodes très controversées pour soumettre des enfants talibés dans le seul but de leur faire mémoriser des versets du coran. Ces derniers ont mis la pression à l'Etat et ils se disent, « ça a payé ! On peut recommencer ». Et ça a recommencé car l'horreur a atteint son paroxysme avec de nouvelles violences exercées sur un talibé, Fallou Diop âgé de 11 ans, battu à mort dimanche dernier au village de Rawdou dans la commune de Thiel, département de Linguère. Le cynique de Thiel est passé par-là. Un homicide qui ne grandit pas son auteur encore moins la « congrégation » des maîtres coraniques, lesquels devraient faire leur introspection dans un premier temps. Ensuite rendre publique une déclaration dans laquelle ils s’engagent tous, solidairement et sans exception, à ne plus commettre ni cautionner ces actes répréhensifs à l'endroit des enfants. Parce qu'ils ont habitué l'opinion à une solidarité de corps insensée chaque fois qu'un des leurs est mis en cause dans une affaire similaire. Il est grand temps pour ces derniers d'évoluer mentalement. Qu'ils arrêtent de se faire une fixation sur ces méthodes archaïques parfois barbares par lesquels ils soumettent les jeunes apprenants dans les daaras. Parce que la vie humaine est sacrée ; et la protection de l'enfance ne doit pas être un vain mot. Au Sénégal ou ailleurs, s'en prendre physiquement à des enfants relève d'un acte barbare qu’aucun verset du coran ne saurait justifier. Les enchaîner, les rouer de coups ou leur brûler des parties du corps, c’est démoniaque ! Leurs auteurs devront, quel qu’en soit le prétexte, répondre de leurs actes devant les juridictions compétentes. Et ce, indépendamment du fait que le Sénégal ait signé, à l'international, des accords sur la protection de l'enfance.
0 Commentaires
Participer à la Discussion