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[8 mars ] Domestiques : misères et douleurs au quotidien en attendant un meilleur statut

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[8 mars ] Domestiques : misères et douleurs au quotidien en attendant un meilleur statut
Mauvais traitement, heures de travail non précisées, renvois et humiliations…les femmes de ménage au Sénégal avalent, la plupart du temps, des couleuvres. Rares sont les employeurs qui se soucient de leur sort. Aujourd’hui ce métier qui n’est guère réglementé fait des victimes. Mais des initiatives sont faites ici et là pour qu’elles aient un meilleur statut. 

Penda Faye est une jeune femme de 19 ans. Elle a rejoint la capitale Dakar après l’obtention de son brevet de fin d’études moyen. Cette belle sérère originaire de Fatick rêvait de continuer ses études et de devenir une personne influente, mais à cause des aléas de la vie, cette nymphe qui, pourtant, était brillante en classe s’est vue obligée d’emprunter un chemin autre que celui qu’elle voulait. «Mon père avait quatre épouses et une dizaine d’enfants. Ma mère était la première femme et elle vendait du couscous et de la bouillie. Elle est tombée gravement malade  et mon père refusait de lui payer son traitement, la traînant chez les féticheurs car selon lui, ils étaient les seuls habilités à la  guérir. Constatant que son état se dégradait de jour en jour, il l’a abandonnée à son sort disant qu’elle lui coûtait cher», se rappelle douloureusement la jeune fille.  La vie de Penda sera  bouleversée le jour où sa mère s’est éteinte. Après ce douloureux épisode de sa vie, la jeune fille a dû quitter le cocon familial pour faire face à la dure réalité du monde. «Il fallait que je cherche du travail pour nourrir mes petits frères qui étaient désormais chez ma tante. C’est là que je suis venue à Dakar. Je ne connaissais personne dans cette grande ville  et j’ai dû passer deux nuits à la belle étoile. On m’a volée l’argent que ma tante m’avait donné et j’ai du tendre la main pour avoir de quoi manger. Un vendeur de café m’a abordée et je lui ai raconté mon histoire. Pris de compassion, il m’a mise en rapport avec une femme qui cherchait une bonne pour l’aider », raconte Penda qui prenait ce travail comme une bouée de sauvetage malgré le salaire misérable qu’on lui a proposé.  «Je voulais juste avoir quelque part où dormir. Ma patronne me payait 15000 Fcfa chaque mois. Je me levais à 5h30 pour nettoyer et préparer le petit déjeuner des enfants, je cuisinais, faisais le linge, préparais du thé pour son mari…je ne me couchais qu’à 23heures », confie-t-elle.

En plus de tout le travail qu’elle accomplissait, la jeune femme se faisait injurier par sa patronne et était parfois privée de nourriture. «Je dormais dans le couloir sur une natte et même si c’est moi qui préparais le repas, je devais attendre qu’ils finissent de manger pour me nourrir de leurs restes », raconte Penda. Mais la jeune fille sera, par la suite, accusée de vol de bijoux par sa patronne avant d’être renvoyée comme une malpropre. 

Après cet évènement  bouleversant, elle a eu la chance de rencontrer une autre femme qui l’a engagée comme aide-ménagère. Contrairement à son premier employeur, cette bonne dame la couvre d’affection et lui paie un bon salaire. « Elle connait toute mon histoire, je commence le travail à 07 heures et termine à 17 heures. Elle me paie 150.000 Fcfa. Grâce à ce salaire, je subviens aux besoins de mes petits frères qui continuent leurs études au village», se réjouit-t-elle. 

Régulation

Si les choses se passent bien maintenant pour Penda Faye, ce n’est pas le cas de Coumba Mbaye. Cette dernière est une femme divorcée avec  cinq enfants. Elle aussi est femme de ménage mais ne passe pas la nuit  chez ses patrons. En plus de travailler chaque jour dans un appartement à Pikine, elle fait en même temps le ménage, la cuisine et le linge à hauteur de 40.000 Fcfa le mois. Elle nettoie aussi les escaliers de deux immeubles de trois étages  pour 15.000 Fcfa chacun, ce qui lui fait un revenu de 70.000 Fcfa le mois. Elle trouve que c’est minime par rapport à tout ce qu’elle fait. Cette trentenaire confie que depuis son divorce, son ex-mari ne s’occupe pas des enfants, c’est la raison pour laquelle les 70.000 Fcfa qu’elle gagne ne lui suffisent pas. «S’occuper de cinq enfants n’est pas chose facile. Ils doivent manger, s’habiller, aller à l’école et se faire soigner quand ils tombent malades et tout est à ma charge. Je n’ai pas fait d’études donc je ne peux que nettoyer des maisons pour m’en sortir. Si les employeurs pouvaient augmenter les salaires des bonnes, ça nous arrangerait », explique Coumba qui raconte que comme tout métier, le sien comporte aussi des risques. « Dans l’un des immeubles, les habitants me méprisent. Quand je nettoie les escaliers, certaines femmes attendent que je termine pour  jeter du sable, de l’eau ou même des peaux d’orange  dans les escaliers », révèle la maman célibataire.    

En réponse à la demande de Coumba aux employeurs, l’une d’eux explique que ce n’est pas aussi simple. Fana Cissé, quarantenaire et employée dans une entreprise confie que ceux qui emploient les bonnes le font par nécessité, mais ce sont des dépenses coûteuses. «Le monde est de plus en plus difficile. Les femmes sont toutes braves et travailleuses et méritent une vie meilleure. Nous aurions aimé payer de gros salaires à ces femmes qui s’occupent de nos maisons en notre absence mais nous aussi, n’avons pas de gros salaires », se défend-t-elle.  

Pour lutter contre certains traitements inadéquats envers les femmes de ménage, des jeunes soucieux du bien-être de ces dames ont jugé nécessaire de réguler le secteur à leur façon. C’est le cas d’Abdou Thiam, le fondateur d’une agence de placement de femmes de ménage sise à Point-E, un quartier chic de Dakar. La création de son agence est née d’une forte demande constatée. «Je travaillais dans une agence immobilière où beaucoup de femmes venaient pour demander un travail de femme de ménage.  C’est là que l’idée de créer une agence de placement de bonnes m’est venue. Avec mon carnet d’adresses, je donnais des femmes de ménage à des connaissances et très vite, l’information s’est répandue », explique M.Thiam. Selon lui, les femmes de ménage sont recrutées à travers des annonces qu’il fait sur les réseaux sociaux. «Je ne peux pas regrouper les filles dans mon agence ou les exposer sous le chaud soleil. Je fais des appels d'offres sur internet.  Quand une fille vient et que son profil correspond à ce que recherche l’employeur, nous lui faisons faire un entretien et si elle réussit, nous  prenons sa pièce d’identité, sa photo, son numéro de téléphone et celui de son tuteur, pour pouvoir la tracer en cas de problème », renseigne-t-il. Abdou Thiam de continuer : «Si la fille passe l’entretien, nous soumettons un contrat à l’employeur dans lequel il est stipulé que le salaire doit être payé vers le 5 du mois, si l’employée tombe malade ou est victime d’un accident dans la maison, c’est à l’employeur de la soigner en plus de la traiter bien…L’employeur aussi a le droit de demander un remplacement si la fille ne fait pas son travail comme il se doit». 

Il signale que le salaire de base que son agence impose à l’employeur s’élève à 50.000 francs CFA. «Les salaires sont fixés en fonction du travail à faire. Nous plaçons les femmes de ménage à partir de 50.000 Fcfa et ça commence à augmenter, car les tâches des bonnes sont nombreuses. Il y en a qui gagnent jusqu’à 150.000 Fcfa. Nous avons une commission  de 10 % sur le premier salaire de la bonne », confie M.Thiam. 

Selon lui, l’Etat doit réguler ce secteur en imposant des règles strictes aux employées et ceux qui les embauchent. « C’est un secteur prometteur car je peux recruter aun minimum 15 personnes par jour. Si les autorités pouvaient nous aider à avoir un milieu plus structuré avec un siège et un bon accompagnement pour les agences qui ont des papiers, ce serait une bonne chose», observe-t-il.   

Pour la députée Adji Mbergane Kanouté, le statut des femmes de ménage reste un sujet sérieux sur lequel il faut se pencher. Elle invite ainsi ses collègues parlementaires à en faire leur combat et porter un plaidoyer fort en leur faveur. 

«Il est important que l’Etat mette en place des leviers adéquats pour l’encadrement et l’amélioration des conditions de vie des femmes de ménage. Elles méritent  un statut particulier. Il faut qu’elles aient un emploi décent qui leur permet de se sécuriser quand elles prennent de l’âge. Il est important que l’Etat arrive à subventionner, à contribuer par un pourcentage qui leur permettrait de pouvoir prétendre à une pension de retraite », déclare-t-elle. 

La parlementaire estime qu’il faut penser à révolutionner le secteur pour améliorer le quotidien de ces femmes. «Je me suis engagée à en faire mon combat et j’invite mes collègues parlementaires hommes et femmes à faire un plaidoyer fort en faveur des femmes de ménage. Elles ont préféré le travail, le dur labeur à la place de la facilité. Par conséquent, elles méritent d’être accompagnées et  soutenues», affirme le député. D’après Mme Kanouté, ce combat ne se limite pas seulement au Sénégal, mais il  dépasse les  frontières. «Dans les pays du golfe, des Sénégalaises sont des femmes de ménage et sont généralement victimes de tous les sévices corporels ou sexuels…Nous devons ensemble y travailler pour éviter d’autres cas comme celui de   Mbayang Diop  qui exerçait hors de nos frontières le travail de femme de ménage », propose-t-elle.


5 Commentaires

  1. Auteur

    En Mars, 2024 (17:07 PM)
    @16:55

    Le problème est facile à résoudre. Il suffit au Mari d'aider plus la Bonne dans les travaux domestique et vous verrez! Par jalousie l'épouse le talonnera partout pour ne pas la laisser seul avec la bonne.
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    • Auteur

      Gassama

      En Mars, 2024 (18:48 PM)
      "Le monde avance à reculons, les yeux tournés vers le passé"
      Vous voulez quoi? Que la femme ne fasse pas rien? Vous nous embêtez avec ce 8 Mars. La femme est tellement galvanisée qu'elle risque d'être au dessus de l'homme. On est presque à ça. Bull Shit
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    • Auteur

      Gassama

      En Mars, 2024 (18:48 PM)
      "Le monde avance à reculons, les yeux tournés vers le passé"
      Vous voulez quoi? Que la femme ne fasse pas rien? Vous nous embêtez avec ce 8 Mars. La femme est tellement galvanisée qu'elle risque d'être au dessus de l'homme. On est presque à ça. Bull Shit
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      Gassama

      En Mars, 2024 (18:48 PM)
      "Le monde avance à reculons, les yeux tournés vers le passé"
      Vous voulez quoi? Que la femme ne fasse pas rien? Vous nous embêtez avec ce 8 Mars. La femme est tellement galvanisée qu'elle risque d'être au dessus de l'homme. On est presque à ça. Bull Shit
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      Gassama

      En Mars, 2024 (18:48 PM)
      "Le monde avance à reculons, les yeux tournés vers le passé"
      Vous voulez quoi? Que la femme ne fasse pas rien? Vous nous embêtez avec ce 8 Mars. La femme est tellement galvanisée qu'elle risque d'être au dessus de l'homme. On est presque à ça. Bull Shit
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  2. Auteur

    Matin

    En Mars, 2024 (18:02 PM)
    Statut,, quel statut svp ??
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    Auteur

    En Mars, 2024 (19:24 PM)
    Pour une fois ce genre d'article est balancé avec des bonnes patronnes. Les unes ont besoin des autres et vice versa. 
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    Auteur

    Met Nama

    En Mars, 2024 (20:18 PM)
    cette situation sordide de traitement des femmes de menages fait parti de ce qui me fit plus mal dans le pays. c'est vraiment cynique. senegal deuk bounouy torokhalé nit
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    Auteur

    En Mars, 2024 (18:03 PM)
    J'aime bien les articles de cette journaliste.

    Elle aborde des sujets intéressants, malheureusement les gens pensent que la politique est le seul sujet à débattre 
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