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Si la lutte contre le chômage est d’abord une affaire de l’État, le secteur privé reste son principal levier pour la création en masse d’emplois durables.
Lors du Conseil présidentiel consacré à la question, Macky Sall a dévoilé son Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes. Dénommé « Xëyu ndaw ñi » (l’emploi des jeunes, en wolof), celui-ci devrait générer 91 000 emplois. Pour sa réussite, le chef de l’État a mis la pression sur les autorités chargées de sa mise en œuvre : désormais soumises à des contrats de performances et appelées à fonctionner en mode fast tack, ces dernières seront remerciées si elles n’atteignent pas les objectifs fixés.
Selon le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Amadou Hott, d’autres projets de l’État, « en cours d’exécution » ou « déjà ficelés et dont les financements ont été déjà acquis », permettront de créer des emplois supplémentaires.
À l’heure où le gouvernement est ainsi en train d’ajuster sa stratégie contre le chômage, quelques regards se tournent vers le secteur privé national, principal levier de création d’emplois : le patronat doit pleinement assumer son rôle à ce niveau-là, entend-t-on. Á la tribune du Conseil présidentiel, le président du Conseil d’administration du Groupe futurs médias, Youssou Ndour, a invité ses pairs patrons à recruter davantage. Certaines voix s’agacent que depuis son accession au pouvoir en 2012, Macky Sall empile les initiatives en faveur des entrepreneurs sans obtenir en retour grand-chose de ces derniers.
Nous allons ci-dessous passer en revue quelques-unes des incitations à l’entreprenariat adoptées par le gouvernement durant ces neuf dernières années. Pour d’aucuns, elles prouvent que le secteur privé n’est pas aussi mal loti qu’on l’affirme pour justifier la timidité de sa contribution à la réponse à la question du chômage.
1. Amélioration de l’environnement des affaires
Depuis 2013, le gouvernement déroule le Programme de réformes de l’environnement des affaires et de la compétitivité (PREAC). Celui-ci s’est traduit par la suppression du capital social pour la création d’une SARL (Société à responsabilité limitée), la mise en place de guichets uniques pour la constitution d’une entreprise ou le raccordement à l’électricité, la dématérialisation des procédures, la réduction des taxes pour les sociétés qui investissent, ainsi que différentes incitations fiscales. La liste n’est pas exhaustive.
2. Création du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique
Constatant que beaucoup de jeunes qui arrivaient sur de marché du travail ne présentaient pas les profils recherchés par les entreprises, surtout privées, le gouvernement a créé en 2014 le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT). Le Fonds prend en charge la formation initiale et continue des jeunes en quête de qualification, des travailleurs des entreprises et des organisations professionnelles, des centres et institutions de formation. Aussi, assure-t-il la qualité du dispositif de la formation professionnelle et technique. Le gouvernement lui a attribué l’intégralité des ressources tirées de la Contribution forfaitaire à la charge de l’employeur, soit 20 milliards de francs CFA par an.
4. Adoption du Programme de résilience économique et sociale face à la Covid-19
Dès l’apparition de la Covid-19, l’État est allé au chevet du secteur privé. Il a mis en place le Programme de résilience économique et sociale (PRES) financé par le Fonds de riposte contre la Covid-19 (Force Covid-19), doté d’une enveloppe de 1000 milliards de francs CFA. Le troisième pilier (sur quatre) du PRES est dédié à la stabilité macro-économique à travers le soutien au secteur privé et le maintien de l’emploi. Il est assorti de 32 mesures de soutien aux entreprises dont la plupart sont à caractère fiscal et douanier ou financier.
5. Réforme du Partenariat Public-Privé
Lundi 22 février, l’Assemblée nationale a adopté une nouvelle loi sur les Partenariats-Public-Privé (PPP). Le texte découle, selon le ministère de l’Économie, du Plan et de la Coopération, d’un « processus participatif et inclusif ayant impliqué » le secteur privé, notamment. Il offre « un cadre juridique flexible, sécurisant pour les investisseurs et favorisant la réalisation rapide de projets PPP de qualité et créateurs d’emplois ».
6. Avènement de la loi sur le contenu local
Début 2019, le Sénégal s’est doté d’une loi sur le contenu local. Celle-ci favorise « l’utilisation des biens et des services nationaux ainsi que le développement de la participation de la main-d’œuvre, des technologies et des capitaux locaux dans toute la chaîne de valeur de l’industrie pétrolière et gazière ». Dans le cadre de sa mise en œuvre, le gouvernement a attribué deux contrats de concession portuaire à un consortium d’entreprises sénégalaises. La cession concerne un terminal de supports logistiques d’activités portuaires et un terminal de gaz liquéfié. Et ce n’est que le début, a laissé entendre le Président Macky Sall lors de la signature de la convention entre de Port autonome de Dakar et les patrons concernés.
7. Adhésion à la ZLECAF
Le Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) est entrée en vigueur le 1 janvier 2021. Trente-quatre pays ont ratifié l’accord. Le Sénégal fait partie du lot. Offrant ainsi à son secteur privé la possibilité de bénéficier d’un marché de 1,2 milliard de personnes et de la suppression, d’ici à 15 ans, de 90% des taxes douanières sur les biens et services.
9 Commentaires
Je pourrai pourtant citer au moins un cas où c'est le Président en personne qui a autorisé une boîte étrangère à licencier du personnel Sénégalais !
Boulene gnou fonton, bande de traîtres et de lâches.
Comment demander à des entreprises en souffrance de recruter du seul fait d'une volonté politique. Incompétence et griotisme. C'est l'Etat qui a des arriérés de paiement de dizaines de milliards aux entreprises sénégalaises (à commencer par les écoles privées). Macky donne la plupart des marchés à des sociétés étrangères, il n'a qu'à leur demander de recruter. En attendant elles licencient plutôt
1/ un projet de production utile au populations+
( Lame de rasoir, serviettes, aiguilles couteaux, bonnets, chaussettes, pâte dentifrice, coupe ongles tous ces objets nous viennent de chine, Pakistan et Inde.
2/ l'esprit d'entreprise.
3/ un accompagnement
Point n'est besoin d'une pluie d'argent, où sont passés les premiers financement ?
Je trouve les discours des autorités de ce pays démagogique.
De la contrainte, des résultats, et pas de la flatterie ou de la flagornerie !
L'Etat du Sénégal a arraché le travail de cette entreprise pour le donner à des Turcs.
Comment voulez vous que le secteur privé d un tel pays prospère pour recruter des jeunes.
El Hadji Ngagne Ndiaye
En Avril, 2021 (11:24 AM)Edwige
En Avril, 2021 (11:25 AM)Participer à la Discussion