Pratique immatérielle de prévention des conflits basée sur des propos conviviaux, courtois, axés sur l’humour, le "Kale" ou cousinage à plaisanterie est cultivé par les grands-parents pour maintenir les liens au sein d’une même communauté. Astuce sociale servant à préserver et entretenir la paix et la quiétude sociale, cette pratique tend vers sa disparition.
Il faut reconnaître qu’elle n’a plus le même engouement au sein de la génération actuelle qui y accorde peu d’importance.
Toutefois, pour Dr Massamba Gueye, la notion de "Kale" ou cousinage à plaisanterie au sein des foyers, des communautés, existe bel et bien.
La question qu'il se pose est plutôt si cela est transmis aux enfants.
"Comment le transmettre de manière formelle pour que dans les espaces de diffusion et d'acquisition de savoir, les enfants puissent connaître l'enjeu pour ne pas lui tourner le dos. S'ils ne comprennent pas l'enjeu, ils vont lui tourner le dos parce qu' il y a beaucoup d'appel à la violence, au communautarisme. La cohésion, c'est la multiplication de l'ensemble des actes qui permettent d'amener une sérénité en groupe. Le vivre ensemble sénégalais est un vivre ensemble qui existe; nous ne devons pas accepter qu'on nous fasse douter parce qu'il y a deux ou trois qui dans les réseaux sociaux ou ailleurs veulent se positionner", assure Dr Massamba Gueye.
Vu que le cousinage à plaisanterie concourt à l’instauration d’une culture de la paix, de cohésion et de concorde entre les individus et les communautés. Il est important pour Dr Massamba qu'on intègre ces valeurs dès le bas âge.
"Il faut l'intégration des valeurs transversales à partir du bas âge. Parce les enfants ne sont plus avec les mamans et avec leurs papas. Ils partent très tôt en crèche, à l'école maternelle; le temps d'acquisition du savoir devient un temps d'acquisition du comportement social. Comment faire pour que ce lieu-là soit un lieu d'éducation et de savoir, mais aussi un lieu de savoir vivre ?", demande-t-il.
A l'en croire, le monde est ouvert et les enfants sont connectés au monde avant de se reconnecter aux parents.
"Une des grandes équations c'est pourquoi est-ce que nous, nous voulons que nos enfants nous laissent en paix. C'est pour cette raison que dès qu'on arrive dans nos maisons, nous leur donnons une tablette pour avoir la paix. Nos enfants sont déconnectés du rapport de sa mère et de son père. Il nous faut replacer la parole à l'intérieur de nos familles", a-t-il suggéré.
Le cousinage à plaisanterie est un signe de considération et de respect qui a le mérite de cimenter les relations entre les communautés. Ainsi, pour Dr Massamba les espaces d'habitations ne doivent plus s'arrêter à 150 m².
"Nous avons dans 150 m² des espaces de conflits et aucun espace de dialogue possible au niveau de la maison. Il nous faut regarder notre habitat, notre façon de vivre et ensuite punir ceux qui aujourd'hui essaient d'appeler à la haine et à la différence sociale", suggère-t-il.
Pour l'initiateur des rencontres du Gingembre Littéraire, "aujourd'hui plus que jamais, les populations sénégalaises veulent retrouver leur ADN c'est-à-dire nous sommes un peuple profondément marqué par l'esprit de paix de stabilité sociale. C'est l'une de nos plus grandes richesses. Il est clair que les discours deviennent de plus en plus violents et sur les réseaux sociaux mais aussi portés par des personnes et des personnalités qui sont des adultes. On ne peut pas dire aux jeunes de bien se comporter si les adultes eux-mêmes détruisent ce socle de stabilité sociale".
Grâce à ces rencontres, El Hadji Gorgui Wade Ndoye estime que l'espace public sénégalais est en train de retrouver ses lettres de noblesse.
"Nous sommes en train humblement d'apporter notre petite contribution pour que notre pays de paix le reste éternellement", s'est félicité l'initiateur du Gingembre littéraire sur "Dialogue des cultures et des religions".
3 Commentaires
Loulou
En Décembre, 2021 (17:30 PM)X Der
En Décembre, 2021 (18:03 PM)Reply_author
En Décembre, 2021 (18:16 PM)Participer à la Discussion