Le président de la Fédération pour la paix universelle (FPU/Sénégal), Déthié Diouf, invite les Sénégalais à ‘’casser la chaîne sournoise’’ de la stigmatisation liée au Covid-19, une maladie dont il vient de guérir.
M. Diouf, également président du Cercle d’amitié Sénégal-Corée du Sud, qui a accepté de partage son vécu, affirme avoir été fortement marqué par la stigmatisation subie par certains malades.
L’ancien dirigeant du mouvement estudiantin déclare qu’après avoir su qu’il avait été infecté, il a au début ‘’été très stressé, au vu des informations reçues chaque jour’’. ‘’Mais, j’ai surtout été meurtri par le drame social que vivaient certains patients victimes de la stigmatisation dans leur quartier’’, souligne-t-il dans un entretien avec l’APS.
Aussi appelle-t-il les Sénégalais à ‘’casser la chaîne sournoise de la stigmatisation, qui (…) ôte leur dignité aux familles et tue plus que la maladie’’.
La stigmatisation, une épée de Damoclès
La stigmatisation des malades de Covid-19 peut réduire à néant la lutte contre cette pandémie au Sénégal, avertissait récemment le professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses du centre national hospitalier universitaire de Fann, à Dakar.
‘’La stigmatisation constitue un danger parce qu’elle peut réduire à néant la lutte que nous sommes en train de mener’’, avait-il dit lors du bilan trimestriel sur la lutte contre le Covid-19.
Pour M. Seydi, la stigmatisation est dangereuse pour la personne malade elle-même. ‘’A l’heure où je vous parle, il y a beaucoup de patients graves à domicile, qui refusent de venir à l’hôpital du fait de la stigmatisation. Il y en a même des personnels de santé’’, a souligné le médecin, un des responsables de l’équipe médicale chargée du traitement des malades de coronavirus au Sénégal.
Moussa Seydi avait estimé aussi que la stigmatisation mettait en danger l’entourage des malades.
Un traitement à base d’hydroxychloroquine
Interné le 23 mai à l’hôpital Principal de Dakar, Déthié Diouf est déclaré guéri dix jours plus tard, grâce à un ‘’traitement rigoureux’’ composé de Lovenox, d’hydroxychloroquine, d’azithromycine et de vitamine C.
‘’Avant de commencer les soins, on nous a fait un électrocardiogramme. Chaque jour, on a droit à deux ou trois visites durant lesquelles nos constantes sont prises, suivies de questions d’attention minutieuses’’, raconte-t-il.
M. Diouf souligne qu’à son arrivée à l’hôpital, il a eu droit à un ‘’entretien fructueux avec l’équipe médicale’’ qui lui a ‘’expliqué sa mission’’. ‘’C’est ainsi que nous avons signé le protocole de prise en charge qui pouvait être rompu à tout moment, à la demande’’ du patient, explique-t-il.
Déthié Diouf plaide pour qu’un ‘’vibrant hommage’’ soit rendu à tous les professionnels de la santé, et plus particulièrement à ceux qui sont impliqués dans la lutte contre la maladie à coronavirus.
Il assure avoir eu droit à une restauration ‘’de qualité et très variée’’ durant son hospitalisation. ‘’Moi qui ne mange pas de poulet et presque pas de viande (…), j’ai commandé du lait, des fruits et beaucoup d’eau. Avec beaucoup de courtoisie, le responsable du site m’a expliqué que le service de restauration de l’hôpital allait prendre en compte mes préoccupations. Ce qui a été fait avec cœur et professionnalisme’’, s’est-il réjoui.
Impliqué de ‘’manière active’’ dans la sensibilisation contre la maladie à coronavirus, Déthié Diouf dit avoir contracté le Covid-19 par la transmission communautaire.
Aucune personne contact contaminée
Le jour où il a ressenti les premiers symptômes, il était aux Parcelles Assainies (banlieue de Dakar), dans le cadre de la sensibilisation contre cette maladie. ‘’Au moment de rentrer, ma voiture s’allumait difficilement. Alors que je me faisais dépanner dans un garage, je me suis assoupi un peu […]. Rentré chez moi, j’ai commencé à avoir des courbatures et des frissons’’, a-t-il expliqué.
Il raconte que son épouse, médecin de profession, a aussitôt eu le flair de l’isoler. ‘’Elle a aménagé notre chambre et m’y a confiné. Le lendemain, on a essayé en vain de joindre le numéro vert. Le surlendemain, elle m’a conduit à l’hôpital et me voilà malade du Covid-19’’, raconte M. Diouf.
Le leader de la section sénégalaise de la FPU, une association internationale dédiée à la promotion de la paix, estime que le respect des gestes barrières est capital pour endiguer la chaîne de contamination du Covid-19. Il se réjouit de n’avoir contaminé personne, même pas ses proches.
‘’Mais ce fut une grande surprise, personne ne pouvait y croire parce que je donne beaucoup de conseils en santé. Et depuis mi-février, je sensibilisais sur le Covid-19. Quand la maladie à coronavirus est arrivée au Sénégal, j’ai publié beaucoup de vidéos. Presque tout le monde était désemparé, sauf mon épouse et ma vielle maman qui était convaincue que l’issue allait être heureuse. Elle tenait juste à me voir par vidéo’’, a-t-il rappelé.
S’inspirer de la Corée du Sud
Après avoir vécu cette expérience, Déthié Diouf invite les populations à ne pas relâcher leurs efforts et à s’inspirer du modèle sud-coréen de prévention de la maladie à coronavirus, considéré comme une ‘’réussite exemplaire’’. Le secret de la réussite de ce pays réside dans l’engagement et la responsabilité individuelle, a-t-il souligné.
Selon lui, le message à faire passer est de ‘’dire à ceux qui n’y croient pas encore que le Covid-19 est une maladie parmi tant d’autres’’. Il doit aussi consister à rappeler que c’est une maladie ‘’très contagieuse si on ne respecte pas les gestes barrières qui ne sont rien d’autres que les prescriptions et recommandations religieuses, ainsi que nos bonnes traditions’’.
Il a par ailleurs appelé les autorités étatiques à impliquer les chefs religieux, les chefs coutumiers et les tradipraticiens dans la lutte contre la maladie à coronavirus, pour ‘’mieux se faire entendre’’ et arriver à une solution efficace et durable contre la pandémie.
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