Au début de cette année, le ministre de la Santé avait adressé une note circulaire aux directeurs des hôpitaux pour une meilleure prise en charge des patients dans les services d’urgence. Mais apparemment, ce rappel à l’ordre n’a pas servi à grand-chose. Les mêmes tares semblent avoir la peau dure dans les structures sanitaires du pays. Le dernier exemple remonte au vendredi 27 novembre à l’hôpital Fann.
Ce jour, vers les coups de 12 heures, un douanier à la retraite a été évacué dans ce centre pour un scanner. Selon sa veuve que nous avons rencontrée à Guédiawaye, le soldat de l’économie sexagénaire était suivi dans une structure sanitaire dédiée aux douaniers.
C’est son médecin traitant qui l’a reçu qui a demandé à ce qu’il passe un scanner à l’hôpital Fann où le service imagerie est réputé performant.
Confié à un infirmier, le douanier à la retraite est mis dans une ambulance, direction le centre hospitalier de Fann pour les besoins du scanner. Mais arrivé avec le patient, l’infirmier se verra presque éconduire du service Imagerie où on lui notifie que le cas du douanier ne nécessitait pas de passer en priorité. « Or le document que son médecin traitant avait émis était estampillé urgence », grogne l'infirmier qui a bien voulu revenir pour Dakaractu sur les circonstances de cette affaire qui à son avis « n’honore pas le corps médical ».
Ne sachant plus à quel médecin se fier, il demande à l’ambulancier de déplacer le véhicule au service des urgences où il a cherché secours auprès d’un urgentiste qui était en service. Il a demandé sans grand résultat à ce dernier de venir voir l’état du malade qui se dégradait sous les yeux impuissants de sa femme qui, pendant tout ce temps, n’est pas sortie de l’ambulance. Elle a tenu à rester avec son mari qui faisait de temps à autre des crises. Pendant ce temps, l’infirmier accompagnant le malade maintient la pression sur l’urgentiste qui demeurait insensible à la souffrance du douanier qui finit par rendre l’âme dans l’ambulance. C’est aux alentours de 15 heures.
Même pour faire constater le décès, il a fallu qu’un gendre du défunt intervienne. « Dans ma carrière d’infirmier, je n’ai jamais vu pareille scène », se désole l’agent sanitaire qui accompagnait le douanier. « Après cette expérience, je me demande si je dois encore rester dans ce milieu où la vie humaine n'a pas de valeur », s'interroge-t-il.
Quant à la veuve du douanier, elle est encore sous le choc et ne comprend toujours pas comment un être humain, de surcroît un médecin qui a fait le serment d’Hippocrate peut-il rester insensible à la souffrance d’un patient dont l’état nécessitait une prise en charge d’urgence. « Je sais que ma voix ne porte pas, mais ce genre de situation doit être dénoncé. Parce que figurez-vous, si mon gendre n’était pas intervenu, le médecin ne constaterait pas le décès et le corps de mon mari ne serait même pas accepté à la morgue de l’hôpital Fann », s’indigne-t-elle.
L’inhumation de son mari est prévue vendredi prochain dans la région de Fatick.
Nous avons tenté d'avoir la version de l'hôpital, en vain. Les numéros appelés sonnent dans le vide ou sont sous boîte vocale.
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