C'est dans la continuité du devoir de mémoire que l'Association des Amis du Musée des Forces armées (Asamu) décide, en 2007, de rendre hommage au dernier Poilu Africain, Abdoulaye Ndiaye, en immortalisant sa mémoire par la réhabilitation de sa case et la construction d'un musée. Ce complexe muséal sera inauguré le 22 Janvier 2020, dans le village de Thiowor, au nom de Monsieur le Président de la République, par le Ministre des Forces armées, Maître Sidiki Kaba, en présence du Monsieur Abdoulaye Diop, Ministre de la Culture et de la Communication, de Monsieur Alioune Sarr, Ministre du Tourisme et des Transports aériens, du représentant de son Excellence Monsieur l'Ambassadeur de France et les Ambassadeurs des pays d'origine des tirailleurs sénégalais.
L'histoire retiendra que c'est l'assassinat du neveu et héritier de l'empereur d'Autriche, François-Ferdinand, le 28 juin 1914 à Sarajevo, comme l'étincelle qui va embraser le monde. L'Autriche déclare la guerre à la Serbie. L'engrenage des alliances va faire d'un conflit localisé une guerre mondiale. Lorsqu'elle éclate, la France met à contribution son empire colonial pour résorber son déficit démographique face à l'Allemagne. Plus de 185 000 Tirailleurs Sénégalais (terme générique désignant les soldats issus des colonies françaises au sud du Sahara) furent mobilisés pour la survie de leur lointaine "mère patrie" dans une guerre dont ils ignoraient très souvent les causes. Près de 30 000 d'entre eux sont restés sur les champs de bataille, 36 000 ont été blessés.
C'est dans ce contexte qu'Abdoulaye Ndiaye, sujet français, originaire du village de Thiowor, Cercle de Louga, est recruté et rejoint le champ de bataille, dès 1914. Deux fois blessés, il ne retourne à Thiowor qu'à la fin du conflit. Sa pension, il ne l'aura qu'en 1949 quand ses camarades de la Seconde Guerre mondiale, de retour au pays, lui firent comprendre qu'il en avait droit. L'ancien Président français, Jacques Chirac, à la fin de son mandat, annonce son intention de décorer de la Légion d'Honneur tous les Poilus encore en vie. L'Afrique est supposée ne plus en avoir. C'est en ce moment-là que l'on découvrit notre Vétéran de Thiowor. Un tour dans le village permet au Consul de France de confirmer sa présence dans cette contrée. La veille de sa décoration, il décède, le 10 novembre 1998.
Pour honorer ce parcours, l'État du Sénégal décida de lui consacrer un site dont la première pierre fut posée par Madame Viviane Wade, Première Dame à l'époque. À la fin des travaux exécutés par le Génie militaire conformément aux instructions du Ministre des Forces armées et de l'État-major général des Armées, le retard de l'inauguration des infrastructures entraina une détérioration de ce patrimoine. L'Asamu a alors repris les travaux, grâce à l'accompagnement de l'État-major particulier du Président de la République (EMPART).
L'EMPART sollicite l'entreprise EIFFAGE qui reprend le chantier pour l'améliorer et l'achever. Déjà, la Piste du Tirailleur avait été construite, en 2002, sur initiative de l'Association Frères d'armes, avec l'Appui de la SOCOCIM, des Forces Françaises du Cap-Vert et le Souvenir français. C'était le vœu exprimé par Abdoulaye Ndiaye, celui de voir son village relié au village centre, Léona, par une route aménagée. Les gravillons laissent la place aujourd'hui à une belle route bitumée réalisée et offerte par l'Entreprise Eiffage, pour désenclaver le village de Thiowor.
0 Commentaires
Participer à la Discussion