En Afrique de l’Ouest, on connaît le goût de la mangue, de la papaye, de l’ananas ou de la noix de coco. Mais il est un fruit que l’on adore consommer et de plus en plus : la fraise. Un fruit non endémique mais dont la culture et la commercialisation se développent dans la sous-région et notamment au Sénégal, où c’est la pleine saison. Un produit qui rapporte des revenus confortables aux maraîchers et qui tente de se professionnaliser.
À Thiès, à moins de deux heures de route de Dakar, Souleymane Agne arrose ses fraisiers, qui sont en pleine production. La société Fraisen qu’il a cofondée il y a 10 ans avec ses économies de boursier lorsqu’il était étudiant en agronomie, marche à plein régime.
« Lorsqu’on a vu que ça marchait, c’était plus facile de se rapprocher des agriculteurs. Quand tu parles, ils t’écoutent. Maintenant il y a tous les jeunes qui essayent de se lancer, parce qu’ils ont vu que c’était possible », remarque-t-il.
Débutant seul ou presque en 2011, la société de Souleymane Agne compte aujourd’hui jusqu’à 35 employés et la production ne cesse d’augmenter.
« En 2019, on produisait 6 tonnes, on est passé à 10 tonnes en 2020 et on compte tripler cette année. Notre objectif est de produire 100 tonnes, pour répondre à la demande sénégalaise et un peu à la demande ouest-africaine. Un agriculteur qui fait 2 500 m² de fraises a un chiffre d’affaires de 8 à 9 millions de francs CFA. S’il fait un hectare d’oignons, il ne va pas faire ces chiffres-là ! Ce sera entre 3 et 4 millions de francs CFA. Mais nous n’incitons pas les agriculteurs à abandonner les autres cultures comme le riz, qui sont les denrées de première nécessité, mais il faut trouver le moyen de les combiner. »
Adjiaratou Kosse Faye est commerciale chez Fraisen et elle organise aussi des ateliers auprès des maraîchers sénégalais pour les sensibiliser à l’art de cultiver ce fruit délicat. « On les accompagne dans la production. Ils ne se rendent pas compte en fait de la valeur ajoutée de ce produit au Sénégal ! On n’importe plus de fraises, c’est nous qui sommes en train d’exporter au Bénin, en Côte d’Ivoire, au Ghana. Les fraises sénégalaises sont même meilleures que les fraises importées », vante-t-elle.
Une saveur de la fraise sénégalaise qui est appréciée sur les petits marchés de quartier et dans les grandes surfaces, comme en témoigne Franck Williams Ngwa Ngwa, responsable des achats fruits et légumes chez Auchan Sénégal : « Actuellement on la met sur nos rayons, elle est très appréciée par les clients. Quand nous sommes en saison, on fait de la fraise naturelle, qui est la fraise sénégalaise. On se bat pour valoriser la production locale. »
Pour sauver une fraise locale et de qualité, très appréciée des Sénégalais, comme en témoigne cette acheteuse sur un marché de producteurs à Dakar : « Si le produit existe localement, je ne vois pas l’intérêt de l’importer, surtout si ça revient plus cher. Je préfère privilégier l’économie locale et les gens qui cultivent localement. C’est vraiment ma philosophie. »
L’ambition des fraisiculteurs sénégalais est de structurer la filière pour se renforcer vis-à-vis du marché national et sous-régional et de mieux répondre à la concurrence marocaine ou européenne, sur un marché de niche, mais très rémunérateur pour les agriculteurs africains.
11 Commentaires
Reply_author
En Mai, 2021 (12:50 PM)Gokh
En Mai, 2021 (07:10 AM)Reply_author
En Mai, 2021 (07:39 AM)Reply_author
En Mai, 2021 (09:50 AM)Reply_author
En Mai, 2021 (10:56 AM)Merci Mr Agne.Les Gawolois sont fiers de vous.
Pourtant dès 1961, un certains Mamadou Dia, président du conseil du gouvernement, prêchait et amorçait déjà l'impérieuse transformation de notre agriculture dont les spéculations étaient héritées de la spécialisation locale que le colon a bien voulu faire de cette terre et d'aller vers une agriculture vivrière où l'horticulture et les cultures de valeurs auraient toute leur place. Il a été liquidé par les marabouts-paysans, propriétaires de grands domaines d'arachides sous joug des cartels libanais et français, et qui ne comprenaient rien des enjeux du moment. Et qui ne voyait que la manne financière des huiliers qui allez leur échappée. Wasted !
Aujourd'hui, la postérité nous a montré la réussite des États comme le Maroc, où Hassan ll est très tôt allé vers la diversification stratégique, le developpement des techniques scientifiques, logistiques, d'irrigation et micro industriel de son agriculture pendant que ses collègues africains se tuaient vers l'industrie lourde et l'économie de traite agricole, notamment l'arachide pour le Sénégal .
D'ailleurs, Livre incontournable à lire pour les jeunes: "l'Afrique noire est mal partie" de René Dumont (que Senghor, noir de colère, avait banni à la sortie de ce livre, avant de revenir à de meilleurs sentiments rattrapés par ces vérités et la réalité catastrophique de sa fin de règne).
Bonne journée.
Bayal
En Mai, 2021 (08:30 AM)Merci à seneweb pour ce genre d'article pour montrer aux jeunes les creneaux à leur portée.
Bravo Bravo Bravo
En Mai, 2021 (08:44 AM)Papa Samba Touré
En Mai, 2021 (11:16 AM)Reply_author
En Mai, 2021 (12:51 PM)Las
En Mai, 2021 (14:09 PM)Participer à la Discussion