(Mali, envoyé spécial) - Le président en exercice du Conseil des ministres de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), Serigne Mbaye Thiam, par ailleurs, ministre de l’Eau et de l’Assainissement du Sénégal, poursuit sa visite d’ouvrages hydroélectriques dans la région de Kayes (Mali). Après le poste Haute tension (Ht) de Kayes, la centrale hydroélectrique de Félou et le chantier de la centrale hydroélectrique de Gouina, il s’est rendu, ce dimanche 11 avril 2021, à Manantali (à 319 km de Kayes) avec sa délégation.
Sur place, le ministre, accueilli par les autorités administratives, locales et coutumières de la localité, a visité, tour à tour et sans précipitation, l’ensemble des ouvrages hydroélectriques et des installations du complexe de Manantali. Il s’agit, du barrage hydroélectrique, du centre de surveillance, du centre de maintenance et de réparation des équipements, du poste Haute tension (Ht), du centre de dispatching central qui assure la téléconduite du réseau interconnecté de Manantali et la coordination de l’exploitation avec les réseaux électriques des sociétés d’électricité des Etats membres de l’Omvs, sauf la Guinée qui n’a pas adhéré à ces projets d’électricité de l’organisation depuis son retour.
Quatorze points d’urgence relevés par les ingénieurs
Ici, les ingénieurs hydroélectriques, qui travaillent au niveau du barrage depuis sa création, ont profité de l’occasion pour soumettre à l’attention de l’autorité étatique 14 points essentiels auxquels il faut trouver une solution. En effet, selon le présentateur des ouvrages au ministre, le système de gestion automatique de la centrale est obsolète car, il n’a pas connu de développement depuis 15 ans.
Il faut aussi changer les transpoles rapidement, chercher d’extinctions incendie, chercher des postes mobiles pour limiter les pannes d’interruption, améliorer le système de traitement des boues dans l’eau.
Il a souligné la nécessité également de faire une autre inspection quinquennale pour être en sécurité au niveau du barrage et la révision générale du barrage de Félou.
« Une session extraordinaire » tenue pour se pencher sur l’état de la Semaf et la Sogem
A l’issue de cette visite guidée, le président en exercice du Conseil des ministres de l’Omvs a constaté qu’il y a « une urgence à entreprendre des travaux de maintenance » des ouvrages qui sont frappés par le poids de l’âge (33 ans). Et c’est la raison pour laquelle d’ailleurs, dit-il, le conseil des ministres de l’Omvs a tenu une « session extraordinaire » le 23 février dernier à Nouakchott pour se « pencher sur l’état de la Semaf (Société d’exploitation de Manantali et de Félou).
Au cours de cette rencontre, Serigne Mbaye Thiam renseigne que le conseil a pris comme résolution « des directives qui ont été données aux directeurs généraux de la Semaf et de la Sogem pour entreprendre sans délai les travaux d’urgence ». Lesquels, pour lui, vont permettre de « sécuriser » le barrage, la centrale hydroélectrique et permettre d’« assurer » la continuité de l’alimentation des pays en électricité.
« La Sogem et la Semaf sont orientées vers la satisfaction de la communauté … »
Cette descente sur le terrain a permis également au président en exercice du conseil des ministres de l’Omvs de constater que la Sogem (société de patrimoine) et la Semaf (société d’exploitation) « ne sont pas seulement des entreprises orientées vers la satisfaction des usagers mais en même temps, ce sont des entreprises qui sont orientées vers la satisfaction de la communauté dans laquelle elles se déploient ». Ce, par « les actions qui ont été faites au niveau de Manantali et d’autres villages ». Parce que, ajoute-t-il, « on avait trouvé au niveau du conseil des ministres de l’Omvs que c’était injuste que l’électricité puisse quitter un village et que ce village ne soit pas alimenté en électricité ».
Un fonds dégagé pour l’électrification des villages traversés par les lignes d’alimentation
Face à cette situation, Serigne Mbaye Thiam renseigne que le conseil des ministres de l’Omvs, depuis des années, avait pris une résolution pour dégager un fonds d’électrification rurale. Et ce fonds a permis d’électrifier 200 villages qui se trouvent sur le tracé des lignes électriques du Mali, la Mauritanie et le Sénégal.
A l’en croire, ce fonds a dépensé à date, 45 milliards de francs Cfa, avec d’autres postes qui ont été réalisés.
Au terme de sa visite de deux jours à Kayes, le président en exercice du conseil des ministres de l’Omvs a profité de l’occasion pour réitérer les remerciements et les félicitations qui ont été adressés d’abord au Haut-commissaire de l’Omvs, Hamed Diané Séméga, par la façon dont il « manage le système » de l’Omvs. Selon lui, « n’eut été sa perspicacité, les travaux de la centrale hydroélectrique de Gouina n’auront pas démarré maintenant ».
Manantali, un ouvrage à but multiple
Situé sur la rivière Bafing (fleuve noir) au Mali, le barrage de Manantali est un ouvrage à but multiple, à savoir : production de l’énergie hydroélectrique, irrigation, navigation et écrêtement des crues. Ses travaux ont été lancés en 1982 et les ouvrages réceptionnés en 1988. Et leur coût global est estimé à 204 milliards de francs Cfa environ.
De 1998 à 2002, une centrale hydroélectrique a été réalisée et associée au barrage de Manantali. Avec une puissance installée de 200 MW et une production annuelle de 807 GWh en moyenne, cette centrale est composée de 5 groupes électrogènes, d’un poste de 225 KV, d’une ligne de 225 KV de départ Est vers Bamako (Mali), d’une ligne de 225 KV de départ Ouest vers Dakar (Sénégal) et Nouakchott (Mauritanie), et enfin, d’un dispatching pour la coordination de l’exploitation sur Réseau interconnecté de l’Omvs.
Elle a été réalisée dans le cadre du Projet Energie Manantali qui a coûté environ, 220 milliards de francs Cfa.
5 Commentaires
Moi
En Avril, 2021 (10:56 AM)Tout
En Avril, 2021 (11:04 AM)Volai414
En Avril, 2021 (11:22 AM)Manatali et Diama !
Deux noms liés à deux grands projets ambitieux et prometteurs qui ont bercé mon enfance. L’un devait lutter contre la salinité envahissant les terres cultivables et nous mener vers une auto-suffisance en riz et céréales. L’autre avait pour vocation de doter trois pays d’un réseau énergétique de qualité. Senghor, qu’on le veuille ou pas, s’est quand même battu pour que les deux ouvrages voient le jour. Je n’avais pas encore vingt ans à l’époque et cela me faisait croire en un avenir meilleur pour mon pays.
Aujourd’hui, je porte allègrement mes 62 printemps et je n’ai vraiment pas l’impression que les objectifs qui étaient fixés et qui ont coûté des milliards soient atteints ne serait-ce qu’approximativement. Notre alimentation céréalière dépend outrageusement de l’extérieur et nous peinons encore dans beaucoup d’endroit à pouvoir éclairer le bol autour duquel beaucoup de familles se retrouvent le soir pour tromper la faim. Et quand je vois l’état des ouvrages je mesure encore plus la nullité qui nous habite et dont nous nous accommodons. Parfois, j’ai l’impression d’être un des rares vieux sénégalais encore en vie et qui ose se rappeler les objectifs qui étaient les nôtres. Pourtant, ils sont nombreux à avoir été témoins comme moi. Certains sont mêmes plus âgés et étaient des acteurs dans les projets (Niasse, …..). Peut-être que le Sénégal est un des pays où la maladie d’Alzheimer sévit le plus au monde, quand ce n’est pas la cupidité et la philosophie du ventre qui dicte sa loi bâtie sur l’individualisme et l’égoïsme ?
Reply_author
En Avril, 2021 (14:57 PM)Ou est Macky ?
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