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[FOCUS] Répression sanglante des manifestations : Le Sénégal à l' « heurt » des bavures impunies?

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[FOCUS] Répression sanglante des manifestations : Le Sénégal à l' « heurt » des bavures impunies?
« Les morts dans les manifestations de ces derniers jours ne doivent pas rester impunis ». Ainsi s’exprime un jeune Sénégalais sur un reportage diffusé sur la chaîne de télévision privée Walfadjri au Sénégal. En effet une dizaine de morts au total ont été dénombrés au Sénégal suite aux manifestations qui ont suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko. La cause de ces décès d’une cruauté sans égal, des armes qui ont craché du feu et ôté la vie à des jeunes à la fleur de l’âge. Si on en est à l’heure de l’apaisement avec la volonté affirmée par les deux camps, celui de Macky Sall et de Ousmane Sonko, la vérité sur les décès qui ont émaillé ces manifestations détonne comme une demande qu’il faut impérativement satisfaire.

Récit d’une répression macabre

Depuis le 6 mars, cette vidéo de France 24 est devenue virale, lien : (https://web.facebook.com/153632746935/posts/10158818153856936/?d=n&_rdc=1&_rdr): elle montre des hommes en civil pourchassant des manifestants avec des armes létales. Cette enquête des observateurs de France 24 sonne l’alerte de ce qui devait être le commencement de la série noire avec la répression entamée par les services en charge du maintien de l’ordre pour disperser les manifestants.

Plus de dix jeunes sénégalais sont tombés sous des balles mais une image défraie la chronique plus que toute autre, celle du jeune manifestant abattu aux Parcelles assainies par la police.

« C’est un jeune garçon qui a reçu une balle à la tête. Le corps de la victime a été évacué par les éléments de la brigade des sapeurs-pompiers », a relaté un reporter de la télévision privée Wal Fadjri.

Il s’agit, selon cette chaîne de télévision, du 11ème mort enregistré depuis le début des manifestations.

Un rappel du rôle des forces de défense et de sécurité

La Gendarmerie

Au Sénégal, la Gendarmerie nationale est une force de police à statut militaire subordonnée au ministère des Forces armées pour les missions militaires et de police, alors que la Police nationale dépend du ministère de l'Intérieur.

La gendarmerie nationale est une force armée instituée pour veiller à l'exécution des lois, assurer la sécurité publique et l'ordre public, particulièrement dans les zones rurales et périurbaines, ainsi que sur les voies de communication. La police judiciaire constitue l'une de ses missions essentielles.

La Police

Assurer la sécurité des personnes, des biens et des institutions. Maîtriser les flux migratoires et lutter contre l'immigration illégale. Lutter contre la criminalité organisée, la grande délinquance et la drogue. Protéger le pays contre la menace extérieure et le terrorisme.

Les militaires (armée : air, terre, marine et autres)

Assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toutes les formes d’agression, la sécurité et l’intégrité du territoire, du pays et de sa population.

Dans quelles conditions les forces de sécurité peuvent-elles faire usage de leurs armes à feu?

La loi 70/ 37 du 13 octobre 1970 relative à l'usage des armes et à l'emploi du matériel spécial de barrage par les militaires de la gendarmerie et les membres des forces de police précise :

ARTICLE PREMIER. - Les militaires de la Gendarmerie et les membres des forces de police ne peuvent, en l'absence de l'autorité judiciaire ou administrative et hors l'état de siège ou l'état d'urgence faire usage de leurs armes que dans les cas suivants :

1-Lorsque des violences ou des voies de fait caractérisées, graves ou généralisées sont exercées contre eux ou lorsqu'ils sont menacés par des individus armés.

2- Lorsqu'ils ne peuvent défendre autrement le terrain qu'ils occupent, les installations qu'ils protègent, les postes ou les personnes qui leur sont confiés ou, enfin, si la résistance est telle qu'elle ne puisse être vaincue autrement que par la force des armes.

3- Pour dégager les autorités susceptibles de requérir la force armée, lorsque celles-ci en sont empêchées par la force (© 2013 Direction des relations avec les institutions).

Des morts et des interrogations

Au vu des rôles définis plus haut, face aux pertes en vies humaines constatées depuis quatre jours, on serait amené de se poser les questions suivantes : Est-ce que les forces légitimes ont le droit d’appliquer une violence létale sur des individus sans que leur vie soit en danger ?

Y avait-il des jeunes avec des armes létales?

Est-ce que durant ces 4 jours, les vies des policiers ont été mises en danger ou celle des autres personnes ?

Quelles sont les instructions qui ont été données par le préfet sachant que les forces disposent de plusieurs types d’outils de répressions : Grenade lacrymogènes, eau chaude balles à blanc ou en caoutchouc ?

Ce qu’en disent les associations de défense des Droits de l’homme

La police a tiré et n’a pas porté assistance au jeune manifestant touché par balle sur les images diffusées. Si un policier était touché par balle, on aurait compris l’usage des armes à feu. Il fallait que la répression avec arme à feu soit à la hauteur de la menace. Il fallait également que la partie adverse dispose de dispositif ou d’arme létale.

De l'impératif d'assister les victimes

Saluant la mémoire des défunts, le président Sall a annoncé lors de son discours au soir du 08 mars que l’Etat viendra en aide aux familles endeuillées et facilitera l’accès aux soins aux blessés.

Ousmane Sonko pour sa part, un peu plus tôt avant la déclaration du président Sall, avait observé une minute de silence en mémoire des manifestants tombés sous les balles avant d’exiger l’indemnisation de leurs familles et la prise en charge des blessés des manifestations.

Le rappel pour le respect des droits humains est plus que nécessaire dans ce contexte de crise au Sénégal. L’État doit ouvrir une enquête pour tirer cette affaire au clair en prenant les mesures idoines pour trouver les coupables, les complices et les commanditaires de telles actes pour être en phase avec l’apaisement prôné par le président de la République, l’opposition, les chefs religieux et la population elle-même.


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