Grippe aviaire, maladie de Newcastle, fête de la Korité. Les coïncidences sont malheureuses, mais il faut faire la part des choses tant du point de vue de la différenciation des maladies, de la prévention, mais aussi des conséquences sanitaires humaines. La volaille est fortement consommée pendant cette fête. Mais le risque sanitaire est quasi nul chez l’homme.
La grippe aviaire est à sa troisième incursion au Sénégal et a touché quatre régions : Dakar (île aux Oiseaux de Yoff, lac Rose), Saint-Louis (parc national de la langue de Barbarie), Louga (ferme avicole à Potou, dans la commune de Léona), Fatick (parc national du Delta du Saloum). La grippe aviaire est une maladie virale qui s’en prend aux volailles de toutes sortes. La coïncidence malheureuse de son apparition avec les fêtes de la Korité célébrées avec du poulet a fait couler beaucoup d’encre.
Un seul foyer agricole de grippe aviaire maitrisé…
Seulement, il est important de souligner que le seul foyer agricole qui a été confirmé être de la grippe aviaire l'a été dans une ferme à Potou. Aussitôt, des équipes ont été dépêchées autour du gouverneur et toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour procéder à l'abattage sanitaire.
«Tous les sujets n'étant pas morts, il fallait circonscrire la maladie. On a été obligé d'abattre tous les sujets, les enfouir, mais aussi tout le matériel agricole, même l'aliment de volaille», a expliqué Ousmane Mbaye, secrétaire général du ministère de l'Élevage et des Productions animales. L'objectif est de ne pas créer des conditions de propagation de la maladie dans le secteur agricole.
«Jusqu'ici, on ne nous a pas signalé un cas de grippe aviaire touchant un foyer agricole. Le seul cas signalé était dans un parc au niveau de la région de Fatick et concernait les oiseaux migrateurs qui bougent. Et à chaque fois, les dispositions sont prises», dit-il.
Si tel est le cas, la forte mortalité notée chez les aviculteurs ces derniers temps avec des sujets importants qui meurent dans leurs poulaillers mérite interrogation.
A cette interpellation, le secrétaire général du ministère de l’Élevage répond qu’il y a des suspicions de Newcastle confirmées par les laboratoires qui sont responsables de la mortalité. Il invite d’ailleurs les acteurs à appliquer les mesures de biosécurité. L'élevage agricole est très exigeant en termes de biosécurité. L'autre mesure est de porter l'attention des autorités à chaque fois qu'il y a suspicions. Chaque fois qu'il y a des mortalités qui sortent de l'ordinaire, de porter la situation à l'attention des vétérinaires. Que ce soit du service public ou privé, ils ont déjà été formés et préparés à faire face. Ils vont faire des prélèvements et les envoyer au laboratoire qui doit infirmer ou affirmer la grippe aviaire ou la maladie de Newcastle.
C’est quoi la maladie de Newcastle ?
Docteur Mathioro Fall est vétérinaire, chef de la Division de la protection zoosanitaire à la Direction des services vétérinaires du ministère de l'Élevage et des Productions animales.
Selon lui, la maladie de Newcastle a été découverte en Indonésie en 1926. Elle tire son nom de la ville de Newcastle, en Angleterre. Historiquement, c'est une maladie qui existe depuis longtemps. Elle est également appelée ‘’maladie pseudo peste aviaire’’. C'est une maladie virale des oiseaux de toutes espèces, contagieuse. Le virus causal est très virulent, qui se manifeste par une forte mortalité et une forte morbidité qu'elle peut poser dans les élevages agricoles. Il se propage très rapidement et peut induire des pertes économiques considérables.
C'est une maladie très répandue dans le monde, on la trouve pratiquement dans tous les continents. Elle se présente sous trois formes : il y a la forme faiblement virulente, celle moyennement virulente et celle très virulente. S'agissant du mode de transmission, le virus procède par inhalation ou injection. Elle peut être directe par des contacts rapprochés ou de manière indirecte par aérosol à travers les sécrétions que les oiseaux malades font par les œufs ou tout matériel contaminé.
La situation au Sénégal
Entre janvier et mars, 239 foyers de maladie de Newcastle dont 36 pour le mois de janvier, 54 pour le mois février et 149 pour mars. La maladie est là et c'est vraiment pendant cette période qu’elle se manifeste. Il est donc recommandé aux éleveurs d'informer les autorités compétentes quand des faits inhabituels sont observés au niveau de leur ferme, mais également de faire appel à un vétérinaire pour le suivi de leur élevage. Il faut éviter l'automédication et appliquer les mesures d'hygiène et gérer les cadavres. Procéder au confinement des volailles et ne pas acheter des volailles malades. Il faut isoler les nouvellement achetés pendant 15 jours, éviter de revenir du marché avec de la volaille invendue, à défaut, les isoler aussi. Il faut éviter l'introduction de nouveaux oiseaux dans les bandes pendant la période de l'année où la maladie existe.
Un risque sanitaire quasi nul pour l'homme
Par rapport à la santé humaine, la maladie de Newcastle est une zoonose qui est très mineure. Chez l'homme, elle peut provoquer une conjonctivite, mais l'affection est généralement très bénigne et elle est spontanée, surtout pour les personnes qui sont en contact avec le virus. Il faut noter que le risque sanitaire est réputé quasi nul pour l'homme.
Le virus n'a donc pas d'incidence assez importante pour la consommation des œufs et des volailles. La consommation d'œufs et de viande ne présente aucun risque pour la santé publique. Mais comme le conseil qu'on donne toujours pour tout ce qui est produit viande et autre, il fait bien faire cuire, ce qui permettra, si jamais il y a des microbes, de les tuer.
La maladie de Newcastle a vraiment des similitudes avec la grippe aviaire sur les signes nerveux et digestifs. On peut les confondre ; cependant, il faut toujours faire recours au laboratoire pour faire un diagnostic de confirmation.
Un taux de mortalité qui peut atteindre 100 %
Les signes cliniques, selon le Dr Fall, varient beaucoup selon les espèces atteintes. En général, les poulets sont très sensibles alors que les canards sont très résistants. Mais les signes généraux sont l'abattement, l'inappétence et la prostration. Il faut noter également les signes digestifs, la diarrhée verdâtre. Il peut y avoir des signes respiratoires. On peut aussi avoir des écoulements nasaux. En ce qui concerne les symptômes nerveux, il y a des tremblements, des paralysies au niveau des ailes, des pattes et des marches en cercle. Des fois, il peut y avoir des symptômes cutanés avec les traités et les barbillons qui sont gonflés, une chute de la ponte qui est relativement brutale avec des anomalies des œufs. Le plus bref étant des morts subites. Quand on ouvre le cadavre à l'autopsie, on peut voir une coloration très rouge de la grappe ovarienne, mais aussi de la muqueuse des ventricules.
Pour ce qui est de la gravité, quand le virus entre dans un élevage, pratiquement tous les sujets sont infectés dans les deux à six jours qui suivent. Le taux de mortalité est variable, mais peut atteindre 100 %. Le chef de service zoosanitaire explique que les mesures préventives concernent dans un premier temps la vaccination prophylactique des volailles qui est une obligation au Sénégal. Il y a également les règles d'hygiène au niveau des fermes et au niveau des poulaillers. Éviter les échanges de matériel ; c'est la biosécurité. Il faut aussi s'assurer du nettoyage et de la désinfection en profondeur des locaux et contrôler les déplacements au niveau des fermes avicoles. Il faut brûler ou enterrer tous les animaux morts à deux mètres de profondeur pour dénaturer le virus.
Comme toute maladie virale, il n'existe pas de traitement spécifique, sauf pour les traitements symptomatiques.
4 Commentaires
Pauvre Senegal
En Avril, 2023 (13:25 PM)Imam$
En Avril, 2023 (14:20 PM)Reply_author
En Avril, 2023 (13:57 PM)Reply_author
En Avril, 2023 (14:45 PM)Hé!
En Avril, 2023 (13:34 PM)Participer à la Discussion