Après un report d'un an, les 32e Jeux olympiques de l'ère moderne s'ouvrent à Tokyo, ce vendredi, dans un contexte hors du commun. La pandémie de Covid-19 pèse encore très lourd sur cet événement, et entre la crise sanitaire et ses conséquences désastreuses, le Japon n'a pas vraiment le cœur à la fête.
Le nouveau stade olympique de Tokyo, achevé fin 2019, a coûté entre 1,2 et 1,8 milliard d'euros, selon les estimations. Cet équipement moderne a une capacité d'accueil de 68 000 places. Dans un monde presque parfait, en tout cas sans pandémie, il aurait été une marmite bouillante pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, vendredi 23 juillet.
Mais le Covid-19 s'est abattu sur le monde et cette 32e édition des JO n'y échappe pas. Elle a déjà été repoussée d'un an. Et les autorités japonaises, confrontées au variant Delta, ont réinstauré l'état d'urgence le 12 juillet. Avant cela, elles avaient déjà décidé d'imposer un huis clos quasi total sur l'ensemble des événements prévus.
Ainsi, pour la cérémonie d'ouverture, le stade olympique accueillera moins de 1 000 spectateurs, entre officiels, représentants étrangers et journalistes. Loin, très loin de l'ambiance rêvée.
L'enthousiasme envolé
Ces Jeux de Tokyo resteront comme ceux d'une planète frappée par la crise sanitaire. L'expression « Jeux de la pandémie » s'est installée. Les quelque 11 000 athlètes prévus pour ces JO trépignent, pour la plupart, de se lancer dans la course aux médailles. Mais le Covid-19 plane comme une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Plusieurs d'entre eux, testés positifs, sont déjà hors-course avant même la cérémonie. Au Japon, le cœur n'est pas à la fête.
La dernière fois que Tokyo a accueilli les Jeux d'été, en 1964, l'atmosphère était bien différente. Le pays se relevait et tournait pour de bon la page de la Seconde Guerre mondiale, et les JO symbolisaient son renouveau tourné vers le monde. Cinquante-sept ans plus tard, point d'effervescence. Le huis clos brise un enthousiasme déjà bien ténu. Beaucoup de Japonais ont appelé, ces derniers mois, a une annulation pure et simple de ces Jeux olympiques, qui représentent un désastre financier et font craindre une aggravation de la situation sanitaire. Loin de susciter l'union, ces JO divisent le pays sur fond de crise politique.
Le fardeau de Tokyo
Et comme si cela ne suffisait pas, deux scandales ont éclaboussé la cérémonie d'ouverture. Il y a d'abord eu la démission de Keigo Oyamada, compositeur de l'un des thèmes musicaux. Le musicien et producteur a été rattrapé par d'anciennes déclarations dans lesquelles il confiait avoir harcelé des camarades handicapés lorsqu'il était jeune. Et jeudi, Kentaro Kobayashi a été démis de ses fonctions. Celui qui est désormais ex-directeur artistique de la cérémonie a été sanctionné en raison d'une ancienne blague sur l'Holocauste.
Difficile de ne pas voir ces Jeux comme un fardeau pour Tokyo tant les difficultés s'accumulent. Les larmes de joie qui coulaient lorsque le Comité international olympique (CIO) avait désigné la capitale japonaise comme ville-hôte, en septembre 2013, appartiennent à une époque lointaine. Bien conscient du défi que représente cet événement mondial, l'empereur Naruhito a, dans un message adressé au président du CIO Thomas Bach, rendu « hommage à tous ceux qui sont impliqués dans l'organisation pour leurs efforts ». Et maintenant, bon gré mal gré, place aux Jeux.
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