« Qu'avez-vous ressenti au moment où vous battez Tina Trstenjak en finale ?
Pfff... J'ai entendu l'arbitre dire quelque chose, je ne sais pas vraiment ce qu'il a dit, mais il a dit quelque chose et j'ai vu que c'était terminé. Tu le sens, tu sens qu'elle a tout relâché. C'était fini. Là, je me dis : "Ça y est, Clarisse, c'est fini, tu peux respirer, tu l'as fait, ici au Japon, c'est incroyable !" Toutes les émotions, toute la dureté, toutes ces années où j'ai travaillé. Ma famille, mes proches, toutes les personnes qui m'ont aidée, soutenue, les filles de l'équipe qui ont été géniales. La nation aussi, parce que j'ai porté le drapeau, qui m'a soutenue. Les escrimeuses qui sont venues me voir, Amandine (Buchard) qui m'a suivie partout dès le matin au petit-déjeuner. C'est juste incroyable.
Comment avez-vous vécu cette journée tellement particulière ?
J'étais dans ma musique, ça me donnait des bonnes vibes, j'étais contente, je me sentais bien, chez moi. Il n'y avait rien à dire. Je me sentais puissante, intouchable.
« Je suis sur mon nuage et je pense que je ne vais pas redescendre tout de suite »
Clarisse Agbégnénou
Comment vous sentez-vous en ces premières minutes dans l'habit de championne olympique ?
Je me sens légère, je n'ai mal nulle part. Mes ongles ne sont pas cassés. Bon, mes cils sont un peu tombés, mais ce n'est pas grave. Je suis sur mon nuage et je pense que je ne vais pas redescendre tout de suite.
Que représente ce titre olympique ?
Vous en aviez fait une quête absolue ces dernières années. Avez-vous craint, un moment, de ne pas y arriver ?
Il y a toujours un moment où on doute un peu. Mais ça passait vite. C'était un petit moment de doute, presque à l'envers, un excès de confiance. Est-ce qu'il ne fallait pas que je me stresse un peu ? J'étais plus dans un excès de confiance et je me suis dit : "Calme-toi quand même, on n'y est pas encore !" Mais derrière, je me disais : "Non, personne ne va me la prendre celle-là. J'ai travaillé pour, je vais aller la chercher. Oui j'ai mon excès de confiance, mais je me sens bien, alors il faut y aller."
Ce titre olympique est-il encore plus beau parce qu'il est obtenu face à celle qui vous en avait privé il y a cinq ans ?
C'est toujours bien de prendre une petite revanche comme ça (sourire). La médaille d'argent, je vais pouvoir l'apprécier maintenant. Elle est toujours enfermée pour l'instant. Il y a cinq ans, dans cette zone mixte, j'étais dévastée. C'est pour cela aussi que j'ai beaucoup pleuré le jour d'Amandine (Buchard, vaincue en finale). Je lui ai dit : "Ne fais pas comme moi, cette médaille-là, il faut que tu la savoures." Bon, je lui ai dit quelque chose que je n'ai pas fait. Mais maintenant que j'en ai deux, dont une très belle, je vais la savourer aussi celle-là.
Vous avez porté Tina Trstenjak à la fin du combat. On a senti beaucoup de respect entre vous...
Comment est-elle cette médaille d'or olympique ?
Elle est magnifique. Quand je la voyais en photo, je me disais celle-là, il faut vraiment que je l'aie ! Elle est tellement belle, elle brille tellement. Désolé, mais elle est quand même plus belle que celle de Rio. J'ai maintenant deux médailles olympiques, une en or, celle qui me manquait. Je suis tellement fière. J'ai hâte de rentrer, de la montrer à ma famille, à mes amis, à tous ceux qui m'ont supportée, à mes sponsors, à mes supporters. Leur dire merci de m'avoir donné autant d'énergie. Porte-drapeau, j'ai montré le chemin et j'espère qu'il y en aura plein d'autres derrière.
« Ouvrir le compteur, entendre l'hymne, le chanter, je veux l'entendre toujours et toujours ! Ça me remplit de bonheur quand je l'entends »
Clarisse Agbégnénou
Pouvez-vous nous raconter le mouvement qui vous permet de gagner ce titre ?
Je ne m'en rappelle même plus. C'était trop d'émotion. Je ne sais plus ce que j'ai fait. C'est grave hein (sourire) !
Qu'écoutiez-vous avant de monter sur le tapis ?
De l'afro trap. C'est de la musique qui bouge bien. J'aime parce que ça me donne de la force, ça me fait bouger, danser, et c'est ce que j'aime. Danser, ça m'emmène complètement ailleurs. Et j'ai dansé sur le tapis après (sourire).
Qu'avez-vous ressenti en entendant la première Marseillaise pour le judo français à Tokyo ?
Les filles ont fait une compétition magnifique jusqu'ici, je suis tellement fière d'elles. Elles méritaient aussi la médaille d'or. Mais là, ouvrir le compteur, entendre l'hymne, le chanter, je veux l'entendre toujours et toujours ! Ça me remplit de bonheur quand je l'entends.
Serez-vous à Paris en 2024 ?
Je vais prendre une pause. Mais si c'est pour avoir encore du bonheur comme ça, on va se donner rendez-vous dans trois ans à la maison. Il faudra concrétiser. Mais je vais quand même prendre le temps pour moi, pour revenir à fond. C'était épuisant. Je me sentais la meilleure version de moi-même, mais j'avais en même temps hâte d'en finir, car ça pouvait vite tourner. Maintenant, j'ai vraiment besoin de prendre une pause, surtout mentalement. J'ai besoin de souffler, de m'évader, de profiter de mes proches. »
6 Commentaires
Papa Sénégal
En Juillet, 2021 (14:53 PM)Gual Gui
En Juillet, 2021 (16:05 PM)Sénégalais
En Juillet, 2021 (17:43 PM)Conclusion : Les gens quelque soit leur couleur de peau, leur religion prennent la nationalité de leur lieu de naissance et ont le cœur soudé à ce terroir. Ainsi un noir né et grandi en France et un blanc né et grandi au Sénégal portent respectivement sur leur cœur plus que tout autre pays la France et le Sénégal.
Être sénégalais ou libanais, ce n'est pas une histoire de peau mais de lieu de naissance et d'amour pour un terroir. Cet attachement à son lieu de naissance où on a grandi n'a rien à voir avec ces âneries de racisme noir ou blanc.
Reply_author
En Juillet, 2021 (18:15 PM)Observateur
En Juillet, 2021 (19:10 PM)Mustapha Hihihihi
En Juillet, 2021 (07:50 AM)Participer à la Discussion