
Luka Doncic x LeBron James. Voilà une association qui suscite une immense curiosité. Le Slovène, dont l'arrivée à L.A. s'est concrétisée mardi, et "LBJ" ont un jeu assez similaire, susceptible de créer de l'alchimie entre eux... comme pour aboutir à un manque de complémentarité. De quel côté la balance va-t-elle pencher ? Même si cela clique, faire sans Anthony Davis ne sera pas aisé pour les Lakers.
Prenez un "uber-athlète" comme LeBron James et un joueur plutôt raillé pour ses qualités athlétiques comme Luka Doncic. Comparez-les et constatez… qu'ils sont relativement semblables. Il convient d'abord de rappeler que le physique d'un basketteur n'est pas qu'une question de sangle abdominale, et que le prodige slovène est surdimensionné pour son poste. Mais il faut surtout en déduire que leurs points communs sont plus puissants que leurs différences. En termes de science du jeu et de capacité à faire graviter une équipe autour d'eux, James et Doncic n'ont que peu d'équivalents.
D'où la transformation progressive de la sidération en excitation, depuis l'annonce samedi soir du trade principalement effectué entre Anthony Davis et Luka Doncic par les Los Angeles Lakers et les Dallas Mavericks. Il y a un truc, entre "LBJ" et son nouveau coéquipier. Mardi, le "King" l'a encore adoubé : "Luka est mon joueur préféré en NBA depuis un moment". Quelques minutes plus tôt, l'ancien du Real Madrid avait parlé "d'un rêve devenu réalité", à l'évocation du fait de jouer avec son prestigieux aîné, lors d'une conférence de presse marquant son arrivée au sein de la franchise californienne.
Ce ne sera pas fluide à L.A., parce qu'ils veulent la balle, tout le temps
Vêtu de ses nouvelles couleurs sur le banc des Lakers, Doncic n'a pas participé à la victoire décrochée sur le parquet des Clippers (97-122), mardi. Victime d'une blessure à un mollet, il n'a plus joué depuis fin décembre. Bientôt, il devrait pouvoir "apprendre tant de choses" de celui qu'il a "toujours admiré". La transmission du savoir d'un joueur de 40 ans aussi expérimenté et à un autre qui se défend déjà très bien en la matière, à 25 ans, pourrait bien rendre Luka Doncic encore meilleur et présager d'un avenir radieux pour les Pourpre et Or. C'est sans doute le but. Mais quid du présent ?
Doncic et James sont deux des dix passeurs les plus prolifiques de la Grande Ligue, depuis l'arrivée du Slovène en NBA en 2018, et ils le sont dans un registre similaire à défaut d'être identique. S'il existe des nuances dans leur rôle de meneur (classique ou depuis une aile), aucun des deux ne l'est en tant que "point-center" à la Nikola Jokic. "Luka [Doncic] et LeBron [James] sont des grands joueurs, ne m'accusez pas de dire le contraire, mais ce ne sera pas fluide à L.A., parce qu'ils veulent la balle, tout le temps", s'est inquiété le double champion olympique Charles Barkley, dès dimanche sur NBA TV.
James-Davis, plus naturel que Doncic-James
Même crainte pour Paul Pierce, dans l'émission Speak : "Ils ne peuvent pas jouer ensemble. Ils ont besoin de dicter le jeu de leur équipe." Kendrick Perkins s'est montré moins négatif sur ESPN : "Ils vont gagner des matches, être Top 4 à l'Ouest. Associer Rondo et LeBron, ça a marché. Pourquoi associer Luka et LeBron ne fonctionnerait pas ?"
L'ex-star de Dallas abonde en personne : "Je pense que nous rendons nos coéquipiers meilleurs, que notre QI basket est très élevé et que ça va aider tout le monde." Reste que leur compatibilité saute moins aux yeux que celle de "LBJ" avec son précédent binôme.
L'organisation d'une équipe autour du "King" et d'un intérieur dominant comme Anthony Davis semblait naturelle. Avec des "3-and-D" (joueurs bons en défense et à 3-points), des pivots (Howard ou McGee) susceptibles de relayer "AD" et de lui permettre d'alterner entre les postes 4 et 5, cela a fait "bingo" en 2020. Ce n'était pas si simple, puisque cela n'a marché qu'une fois, que ce soit en raison de choix curieux du front office ou de l'étiolement, certes infime, du niveau du "Chosen One". Mais malgré leur aptitude commune à jouer ailier-fort, James et Davis formaient un duo complémentaire.
Plus de concessions à faire pour "LBJ" ?
Avec Doncic, les ajustements seront différents. LeBron James, dont les performances au "scoring" sont décroissantes depuis 2021-2022 (de 30 à 24 points par rencontre en moyenne), devra probablement jouer plus "sans ballon", réaliser des "coupes" pour exploiter le talent à la distribution de son nouveau compère. Son volume de 3-points (5,5 tentés par match, contre une dizaine pour le Slovène) pourrait rester stable et l'évolution se situer sur la façon dont il dégainera, avec plus de "catch-and-shoot" et moins de tirs en premières intentions, moins de "sidestep" à l'issue de séquences statiques.
L'adaptation vaudra aussi pour Luka Doncic, mais à un degré moindre, étant donné que sa géniale façon d'agir en tant que chef d'orchestre est ce qui sera escompté de lui, sous peu (quoique !), quand James se retirera. En attendant, le plus jeune de la paire est-il si peu malléable ? L'efficacité de son duo avec Kyrie Irving a contribué à mener les Mavs en finales NBA l'an passé. La gageure n'était pas du même acabit, "Uncle Drew" étant en mesure de jouer arrière, en bras droit clinquant qui ne demande "que" quelques isolations. Toujours est-il que cette cohabitation plutôt réussie est un point positif.
Quid de la raquette et de la défense ?
D'où l'espoir d'un tandem qui tient la route, intrinsèquement. Les deux protagonistes sont certainement trop doués et imprégnés par le basket pour que leur entente s'avère catastrophique. On peut penser que Doncic en sortira grandi et que côtoyer un modèle d'éthique de travail pour qui il a de l'estime sera – à long terme, dans le moins bon des cas – un atout précieux dans sa carrière. Cela a de quoi le motiver, autant que la lueur revancharde qui doit sommeiller en ce joueur que l'on présentait comme intransférable et qui a été ramené à la réalité de la NBA, dont la brutalité a pris de court tout le monde.
La colonne des raisons d'y croire n'est pas si famélique. Mais même si cela "matche" directement, sportivement, entre Luka Doncic et LeBron James, au-delà du mentoring exercé par celui-ci, l'appauvrissement du secteur intérieur de la formation de JJ Redick et l'affaiblissement de sa défense – double effet piquant du départ d'Anthony Davis – risquent d'être rédhibitoires lors des playoffs. Il reste une journée aux Lakers, avant la trade deadline de ce jeudi à 21h (heure de France métropolitaine), pour tenter d'y remédier, avec quelques petits mouvements malins. Rayon trade maous, ils ont déjà donné.
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