Du 23 juillet au 8 août, 11 000 sportifs et sportives se sont affrontés pour le gain des 1 078 médailles à saisir. Et sur tous les terrains, les exploits se sont enchaînés à Tokyo. Retour sur les hommes et femmes qui ont marqué ces JO de leur empreinte.
Elaine Thompson-Herah - Jamaïque - Athlétisme
Usain Bolt à la retraite, la nouvelle patronne du sprint jamaïcain est bien Elaine Thompson-Herah. À 29 ans, la Jamaïcaine a été exceptionnelle à Tokyo. Déjà en or à Rio en 2016 sur 100m et 200m, elle a récidivé au Japon : 10''61 sur 100m et 21''53 sur 200m, soit le deuxième meilleur chrono de tous les temps à chaque fois (derrière les 10''49 et 21''34 controversés de Florence Griffith-Joyner en 1988). Avec le relais 4x100m, Elaine Thompson-Herah a également remporté la médaille d'or, après l'argent de Rio.
Caeleb Dressel - États-Unis - Natation
En 2016, il avait pris deux médailles d'or en relais mais était encore dans l'ombre du grand Michael Phelps. Depuis que ce dernier s'est retiré des bassins, Caeleb Dressel est le boss. Et il l'a montré à Tokyo de façon éclatante avec cinq médailles d'or : 50m (21''07, record olympique), 100m (47''02, record olympique), 100m papillon (49''45, record du monde), 4x100m (3'08''97) et 4x100m quatre nages (3'26''78, record du monde). L'Américain de 24 ans a admis que sa semaine olympique a été éprouvante nerveusement. Cela ne l'a pas empêché d'engloutir les médailles d'or.
Kartsen Warholm et Sydney McLaughlin - Norvège et États-Unis - Athlétisme
Les records du monde du 400m haies ont pris de sacrées claques lors des finales olympiques. Le 3 août, le Norvégien Karsten Warholm a, au terme d'une course d'anthologie, explosé son propre record du monde : 45''97, contre 46''70 précédemment ! L'Américain Rai Benjamin a signé un 46''17 canon derrière lui, mais insuffisant face au premier homme à casser la barrière des 46 secondes.
Le lendemain, dans la finale féminine, même schéma : l'Américaine Dalilah Muhammad a été très forte (51''58), mais pas assez face à sa compatriote Sydney McLaughlin, championne olympique en améliorant nettement son record du monde (51''46 contre 51''90 précédemment).
Clarisse Agbégnénou - France - Judo
Porte-drapeau de la délégation française, Clarisse Agbégnénou a débarqué au Japon avec un objectif clair : la médaille d'or en individuel, le seul titre qui manquait encore à son palmarès. En 2016, elle avait perdu face à la Slovaque Tina Trstenjak en finale. Cette année, les deux femmes se sont retrouvées en finale. Et cette fois, Clarisse Agbégnénou a pris sa revanche. Submergée par l'émotion, la Française peut savourer. Elle a ajouté une deuxième breloque en or au concours par équipe.
Alexander Zverev - Allemagne - Tennis
Novak Djokovic semblait lancé tel un missile vers son objectif de Grand Chelem doré sur une saison (les quatre tournois du Grand Chelem et la médaille d'or olympique), ce que seule Steffi Graf a réussi en 1988. Mais en demi-finale, le Serbe a explosé en plein vol face à Alexander Zverev. Mené 6-1, 3-2 avec un break contre lui, l'Allemand a renversé le numéro un mondial et s'est imposé (1-6, 6-3, 6-1). En finale, il a battu le Russe Karen Khachanov (6-3, 6-1). Alexander Zverev est le premier Allemand sacré champion olympique en simple dans le tableau masculin.
Ahmed Hafnaoui - Tunisie - Natation
Qualifié pour la finale du 400m avec le huitième et dernier temps des séries, Ahmed Hafnaoui n'était pas attendu sur le podium. Le jeune Tunisien de 18 ans a pourtant damé le pion à tout le monde en finale depuis sa ligne d'eau n°8. En embuscade parmi les trois premiers, Ahmed Hafnaoui a pris la tête de la course dans la dernière longueur (3'43''36). Il est le deuxième Tunisien champion olympique en natation après Oussama Mellouli (1 500m en 2008).
Neeraj Chopra - Inde - Athlétisme
Sensation au lancer du javelot avec le sacre de Neeraj Chopra, 23 ans. L'Indien avait de sérieuses chances de médailles, mais l'or paraissait promis à l'Allemand Johannes Vetter (96,29m cette année). C'est pourtant bien Neeraj Chopra qui a été sacré champion olympique avec un jet à 87,58m, tandis que Vetter s'écroulait.
C'est la première fois que l'Inde remporte une médaille d'or en athlétisme. Ses dernières breloques, en argent, remontaient à Norman Pritchard lors des Jeux de 1900. Neeraj Chopra, lui, est un nouveau héros populaire en Inde : rien que sur Twitter, il est passé de 143 000 à 2,5 millions d'abonnés.
Marcell Jacobs - Italie - Athlétisme
Usain Bolt ne court plus, Yohan Blake est sur une pente descendante, Christian Coleman est suspendu, Trayvon Bromell s'est raté en demi-finale… Bref, la Jamaïque et les États-Unis ne règnent plus sans partage sur le sprint masculin. Et surprise à Tokyo, c'est un Italien qui a remporté l'or sur le 100m, l'épreuve reine : Marcell Jacobs en 9''80, nouveau record d'Europe. C'est le premier Européen depuis le Britannique Linford Christie à se parer d'or sur 100m. Jacobs a doublé ensuite avec l'or sur le 4x100m, avec encore une fois le record d'Europe.
Momiji Nishiya - Japon - Skateboard
L'apparition du skateboard au programme des Jeux olympiques a permis au Japon de se découvrir une très jeune étoile. Le 26 juillet, Momiji Nishiya, 13 ans et 331 jours, est devenue l'une des plus jeunes médaillées d'or de l'histoire des JO. L'adolescente qui fêtera son 14e anniversaire le 30 août s'est imposée sur l'épreuve de park. Elle est la plus jeune championne olympique de l'histoire du Japon. Le record de précocité reste officiellement aux mains de la plongeuse américaine Marjorie Gestring, 13 ans et 267 jours quand elle fut sacrée à Berlin en 1936.
Yulimar Rojas - Venezuela - Athlétisme
26 ans, à quelques jours près : c'est le temps qu'il aura fallu pour trouver une athlète capable de battre le record du monde du triple saut établi en 1995 par l'Ukrainienne Inessa Kravets. Cette athlète, c'est Yulimar Rojas. La longiligne vénézuélienne, déjà quadruple championne du monde et médaillée d'argent à Rio, a cette fois pris l'or avec un dernier bond à 15,67m (contre 15,50m pour Kravets). Folle de joie, la championne olympique de 25 ans reste fidèle à elle-même : elle ne "se fixe pas de limites" et ambitionne toujours d'aller au-delà des 16 mètres désormais.
Tatjana Schoenmaker - Afrique du Sud - Natation
Si Chad le Clos n'a pas réussi à accrocher de nouvelles médailles dans ces Jeux, sa compatriote Tatjana Schoenmaker s'est brillamment chargée de porter au plus haut les couleurs de l'Afrique du Sud. La nageuse a d'abord pris l'argent sur 100m brasse avant d'écraser tout le monde en finale du 200m brasse, sa distance de prédilection. La brasseuse a pris l'or en battant le record du monde vieux de huit ans en 2'18''95 (contre 2'19''11). L'Afrique du Sud n'avait plus eu de nageuse en or depuis 1996 et Penelope Heyns.
Allyson Felix - États-Unis - Athlétisme
La jeune sprinteuse de 18 ans en argent sur 200m à Athènes, en 2004, a bien grandi. Pour ses derniers Jeux olympiques, Allyson Felix, 35 ans désormais, est entrée un peu plus dans la légende de l'athlétisme. Avec une médaille bronze sur 400m et une médaille d'or sur 4x400m, l'Américaine est devenue la femme la plus titrée des Jeux en athlétisme devant la Slovène (et ex-Jamaïcaine) Merlene Ottey et ses neuf breloques olympiques. Et elle a également dépassé l'illustre Carl Lewis et ses dix médailles (9 en or et une en argent).
Allyson Felix (7 médailles d'or, 3 médailles d'argent et 1 médaille de bronze) n'est dépassée dans les annales que par le fondeur finlandais Paavo Nurmi (9 médailles d'or, 3 médailles d'argent).
Italo Ferreira et Carissa Moore - Brésil et États-Unis - Surf
Sport nouveau de ces Jeux avec le karaté et le skate, le surf a vu la consécration de deux de ses stars : le Brésilien Italo Ferreira et l'Américaine Carissa Morre. Reconnus dans leur discipline et déjà moult fois récompensés, ces deux-là ont conquis l'or en shortboard, malgré quelques sessions rendues décevantes pour tous à ceux d'une météo peu favorable. Premiers champions olympiques de l'histoire, ils symbolisent l'union réussie entre le monde amateur et le monde pro à Ichinomya, théâtre des épreuves au Japon.
Steven Da Costa - France - Karaté
Il restera comme le premier champion olympique de l'histoire du karaté. Déjà champion du monde, champion d'Europe et numéro un mondial de sa catégorie, Steven Da Costa a fait honneur à son statut jeudi 5 août en battant en finale le Turc Eray Samdan (5-0). C'est tout naturellement que le comité national olympique et sportif français lui a confié le statut de porte-drapeau de la cérémonie de clôture de ces Jeux.
Et s'il a "kiffé son moment" avec cette médaille "qui ne s'effacera jamais", le karatéka espère quand même que son sport sera à nouveau au programme des prochains Jeux. Pour l'instant, ce ne sera pas le cas à Paris en 2024. Et pour Da Costa, c'est fort dommage.
Emma McKeon - Australie - Natation
Les États-Unis ont terminé en tête du classement des médailles en natation, mais l'Australie n'a jamais été aussi performante avec ses 20 médailles dont 9 en or. Et Emma McKeon n'est pas étrangère à cette razzia. A l'image de Dressel côté masculin, la nageuse a été impériale chez les femmes. Avec l'or sur 50m (23''81, record olympique), 100m (51''96, record olympique), 4x100m (3'29''69, record du monde) et 4x100m quatre nages (3'51''60, record olympique), Emma McKeon a régné dans les bassins. Elle est également devenue la nageuse la plus titrée en une seule édition des Jeux, record de l'Américaine Katie Ledecky égalé (quatre médailles d'or en 2016).
Anita Wlodarczyk - Pologne - Athlétisme
Quadruple championne du monde, détentrice du record du monde (82,98m en 2016), et désormais première athlète féminine triple championne olympique en individuel : Anita Wlodarczyk est sans doute la plus grande spécialiste du lancer du marteau de l'histoire. À 35 ans (elle a fêté son 36e anniversaire le 8 août, jour de clôture des JO de Tokyo), la Polonaise est revenue d'une blessure au genou gauche qui l'a tenue éloignée de la compétition pendant deux ans. Avec un jet à 78,48m, elle a encore montré à tout le monde de quoi elle est capable.
Simone Biles - États-Unis - Gymnastique
Rayonnante à Rio avec quatre médailles d'or et une de bronze, splendide aux Mondiaux de Doha 2018 (quatre médailles d'or, une médaille d'argent, une médaille de bronze) et de Stuttgart 2019 (cinq médailles d'or), Simone Biles était attendue comme l'un des stars des Jeux de Tokyo. L'Américaine s'est distinguée d'une autre manière : en montrant aux yeux du monde combien la pression peut avoir des conséquences sur la santé mentale.
Victime de "perte de figures", phénomène semblable à un trou noir qui fait perdre aux gymnastes leurs repères dans l'espace, Simone Biles a préféré se retirer du concours général par équipes en cours, puis faire l'impasse sur les finales au saut, aux barres asymétriques et au sol. Elle a finalement concouru à la poutre pour une médaille de bronze, en plus de l'argent obtenu au concours général par équipes. Son parcours, parmi d'autres, laisse des pistes de réflexion sur la gestion de la santé mentale des sportifs et sportives de haut niveau.
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