Un ex-entraîneur de tennis est jugé à partir de jeudi par la cour d'assises des Hauts-de-Seine pour des viols et agressions sexuelles sur quatre anciennes élèves, toutes mineures, à qui il aurait imposé des "relations violentes" il y a une vingtaine d'années.
Aujourd'hui âgé de 53 ans, Andrew Geddes était un entraîneur à la réputation flatteuse jusqu'à son interpellation. D'abord employé du club de Sarcelles (Val-d'Oise), il a ensuite occupé le poste de directeur sportif du prestigieux Levallois Sporting Club (LSC).
Mais en 2014, quatre jeunes femmes l'accusent de viols et d'abus sexuels répétés pendant plusieurs années, alors qu'elles n'étaient qu'adolescentes.La plus jeune, âgée de 12 ans au moment des faits, était promise à un grand avenir et faisait partie des plus brillantes joueuses de tennis de sa génération.
400 abus
Elle a déclaré avoir été abusée entre 1999 et 2001, "chiffrant à environ 400 le nombre d'abus sexuels dont elle a été victime" selon l'acte d'accusation. Suivront deux autres jeunes filles qui accusent elles aussi Andrew Geddes de les avoir violées et agressées sexuellement à de multiples reprises, pour l'une entre 2001 et 2003 et de 2003 à 2005 pour l'autre.
Toutes deux avaient alors entre 15 et 17 ans et ont porté plainte début 2014, près de dix ans après les faits. A l'époque, les enquêteurs découvrent par le biais d'écoutes téléphoniques, une potentielle quatrième victime, une élève de 17 ans. Le jeune fille, après avoir dans un premier temps parlé d'une relation consentie, finira par revenir sur ses déclarations pour accuser à son tour Andrew Geddes d'abus sexuels.
Interpellé en mai 2014, l'ex-entraîneur né en Angleterre a reconnu les relations sexuelles mais évoqué des rapports toujours consentis dans le cadre de relations amoureuses, contrairement à ce qu'affirment les parties civiles.
“Grave et pas normal”
"J'aimais l'image qu'elles me renvoyaient de moi-même et le pouvoir que j'avais sur elles, j'ai conscience que c'est grave et pas normal", a-t-il expliqué lors de sa garde à vue, qualifiant les faits de "dérapage" notamment en raison de la différence d'âge.
"Quelle va être sa ligne de défense ? Ca va être une des clefs du procès parce que pour l'instant, il n'est pas facile à suivre", a indiqué à l'AFP Me Didier Leick, l'avocat de deux plaignantes. Toutes ont dépeint des rapports brutaux, parfois filmés, au nombre de trois à quatre chaque semaine pour certaines, aussi bien au domicile d'Andrew Geddes que dans sa voiture ou dans les toilettes du club et lors de stages et tournois loin de Paris.
“Sans protection”
"Les relations sexuelles que nous avions n'étaient pas des relations amoureuses mais des relations violentes, sans aucune protection, inappropriées compte tenu de mon âge et de mon expérience", a raconté l'une des plaignantes aux enquêteurs.
Pour l'accusé en revanche, "il y avait une envie, un désir de relation amoureuse réciproque". Contacté par l'AFP, son avocat n'a pas souhaité faire de commentaires avant le procès. Selon l'enquête, "son modus operandi a été identique pour chacune: il se montrait d'abord paternel, leur faisait des compliments". Ensuite, "il se mettait à souffler le chaud et le froid, les critiquant et les humiliant à certains moments puis les complimentant et leur offrant des cadeaux à d'autres pour provoquer une perte d'identité et de confiance".
Les jeunes filles, dans le huis clos du tennis de haut niveau, intégraient "une vie de nomade où le référent affectif était le groupe de joueuses ou le coach individuel", les plaçant dans une situation de grande fragilité affective, d'après les enquêteurs.
Incarcéré préventivement pendant près d'un an, l'accusé a depuis été placé sous contrôle judiciaire et comparaîtra libre. Son procès doit se tenir jusqu'au 24 janvier.
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