
Les chauffeurs routiers sénégalais, qui en ont assez de verser des pots-de-vin aux postes de contrôle de la police malienne, commencent à se révolter.
Samedi, les transporteurs sénégalais, excédés, ont décidé de bloquer dans la ville de Kidira, au Sénégal, l’unique route qui mène au Mali. Ils ont ainsi exprimé leur solidarité avec leurs collègues blessés quelques heures auparavant lors de heurts avec la police malienne au poste de contrôle de Diboli, une ville située juste de l’autre côté de la frontière. D’après le Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (SNTTRS), la situation a commencé à dégénérer quand les chauffeurs routiers ont refusé de verser des pots-de-vin réclamés par les policiers maliens. La grogne a pris fin dimanche mais le SNTTRS promet d’autres blocages si de tels actes venaient à se reproduire.
En mai 2011, les autorités maliennes et sénégalaises se sont réunies à Kayes, au Mali, pour signer un accord, non appliqué à ce jour, qui limite à trois les postes de contrôle de chaque côté des frontières sur le corridor Dakar-Bamako. Une mesure qui vise à limiter les risques de corruption et à fluidifier la circulation.
Photo prise par le Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (SNTTRS), samedi 11 mai.
"La police ne prend même pas le temps de fouiller les camions. Savoir ce qu’ils transportent ne les intéresse pas"
Gora Khouma est secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (SNTTRS). Il vit à Dakar.
Samedi, j’accompagnais un convoi de 83 camions en direction de Bamako. Après avoir franchi Kidira, nous avons marqué l’arrêt au poste de contrôle de Diboli, qui se trouve au Mali. Il était à peu près 4h du matin. Mais plutôt que d’effectuer de simples contrôles de routine et éventuellement verbaliser les véhicules en infraction, ils ont exigé que tous les conducteurs leur remettent 3 000 FCFA (environ 5 euros). Ce à quoi nous nous sommes refusés, à l’exception de deux chauffeurs.
En tant que leader syndical, c’est moi qui leur ai dit que nous n’allions rien leur verser. Du coup, l’un d’entre eux m’a aspergé de gaz lacrymogène en pleine figure. J’ai eu une crise d’asthme et j’ai été transporté d’urgence à l’hôpital. D’après ce que mes collègues m’ont raconté, de nombreux accrochages avec la police malienne ont eu lieu par la suite. Pour calmer la situation, les policiers ont fini par céder et laisser passer le convoi.
Le rançonnage aux postes de contrôle sur l’axe Dakar-Bamako est une pratique qui s’est institutionnalisée. Parfois, la police ne prend même pas le temps de fouiller les camions. Savoir ce qu’ils transportent ne les intéresse pas. Si la corruption se généralise, elle ne fera que favoriser les trafics en tout genre.»
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