La pratique dure. Elle défie le temps. Le jour de la Tabaski, on a l’habitude d’offrir le gigot de mouton à leurs belles-sœurs, cette pratique appelée en wolof ‘’ Tank Ndieuké’’ est en vigueur dans certaines familles. Dans d’autres, elle est mise à rude épreuve.
La ville de Guédiawaye est dans la ferveur des préparatifs de la Tabaski. C’est un moment de pression sociale. Il faut être Mame Diarra Diop pour s’en soustraire. Cette veuve ne se casse plus la tête pour la fête. Elle ne partage pas la manière de célébrer la Tabaski au Sénégal. Pour cette femme âgée soixantaine d’années, il est impérieux de rester dans les proportions raisonnables et surtout de respecter l’esprit cette fête.
"On remercie Dieu de nous avoir donné la chance d'être encore là pour parler de la Tabaski. Beaucoup de Sénégalais ne comprennent pas le vrai sens de cette fête. Ils en font un événement grandiose avec beaucoup de festivités, des dépenses énormes alors que ce jour ne devrait pas faire l'objet d'une fête chez les musulmans", postule la dame.
Elle remonte l’origine de cette célébration pour étayer que ce jour devrait être celui de la tristesse. La célébration de la Tabaski aussi dans la forme est à l’opposé de son esprit.
‘’la Tabaski doit être fêtée plutôt dans la tristesse avec des prières pour rendre grâce à Dieu parce que c'est ce jour-là que Ibrahim a voulu égorger son fils. C’est ce qui est à l’origine de la Tabaski. Fêter ce jour dans la joie, c'est être casé dans une grande ignorance. Ce n’est pas un jour de fête. Malheureusement les Sénégalais en font trop durant cet évènement", se démarque Mame Diarra.
Elle donne l’exemple de la Mecque. Ici, ce jour est ponctué par des prières. Mieux, la tristesse est apparente chez beaucoup de personnes.
D'après cette mère de famille, la nouvelle génération a dénaturé la Tabaski avec des exagérations. " La nouvelle génération abuse durant cet évènement avec d'énormes dépenses, des endettements. Dieu n'a pas recommandé tout cela. Avant, on la fêtait dans la plus grande sobriété sans d'énormes dépenses. Je vis dans une grande famille. Mon mari a quatre femmes, mais il n'achetait qu'un seul mouton pour toute la famille et c'est qui est normal», confie-t-elle.
Aujourd’hui, la cherté de la vie doit induire un changement des mentalités. Les femmes doivent être moins exigeantes car ce sont les hommes qui assurent presque toutes les dépenses.
"Avec cette crise économique, les femmes devraient avoir pitié des pères de famille. Assurer la défense quotidienne et vouloir en rajouter d'énormes charges c'est de l’abus. Il faut penser à l'après Tabaski. Dieu a tellement simplifié les choses pour cette fête, mais c'est dommage parce que c'est nous qui aimons nous casser la tête pour rien », regrette Mame Diarra.
Ces énormes dépenses ne valent pas la chandelle. Surtout que le lendemain, des ménages tirent le diable par la queue.
En tant que mère de famille, polygame avec une expérience de 50 ans de mariage, elle n'a pas manqué de sermonner les femmes polygames qui exigent la séparation des moutons le jour de la tabaski. "Je ne peux pas comprendre qu’un homme polygame qui a deux ou trois femmes achète un mouton pour chacune d'entre elles. Ce n'est ni une obligation, ni une recommandation divine. Ayez pitié de vos époux. Et là aussi, je dirai que tout dépend de la posture et de la responsabilité du chef de famille parce que la tabaski est une fête qui doit unir et non diviser. Il faut la fêter en toute solidarité», exhorte-t-elle.
Le casse-tête des polygames
Les hommes polygames ne sont pas obligés d’acheter un mouton pour chacune de leurs femmes. Ce jour, toutes les épouses doivent être ensemble.
" Même si tu es un homme polygame, tu dois acheter un seul mouton pour toute la famille. Si les femmes ne cohabitent pas, il faut les réunir le jour de la fête et acheter un seul mouton. Si l'une d'entre elles a un empêchement, il faut lui envoyer sa part de la viande», dixit la dame.
Si elle prône un retour à l’orthodoxie, la dame s’éloigne des pratiques encore de saison dans des nos sociétés traditionnelles. Elle ne bénit pas que l’on offre de la viande aux belles-sœurs, aux belles-mères…Au sein de sa famille, on refuse de respecter cette pratique.
"Partager la viande de la fête, c’est une tradition qui ne répond pas aux exigences de l'islam. On est une grande famille. Mais il n'est jamais question d’envoyer de la viande aux belles-mères, belles-sœurs et autres. On ne l'a jamais fait. D’ailleurs, mon défunt mari ne l'a jamais accepté dans sa maison et on ne le fera jamais derrière lui", affirme la mère de famille. Cette pratique traditionnelle n’est pas une recommandation de l’islam.
Par contre, Mame Diara n'hésite pas à partager la viande avec les ménages démunis. "Donner de l'aumône à ceux qui n'ont pas le moyen d'acheter le mouton le jour de la fête est une recommandation divine. Dieu a recommandé d'aider les familles démunies si l'on peut », précise-t-elle.
Face à la cherté de la vie qui impacte lourdement sur les paniers des ménages sénégalais, Mame Diarra qui gère une grande famille invite les nouvelles autorités à prendre des mesures urgentes pour faire baisser les prix des denrées de première nécessité. "Les grandes familles sont éprouvées. La cherté de la vie pèse lourdement sur les paniers des ménages. On espère vraiment que la situation va bientôt changer avec le nouveau régime", formule la veuve.
Contrairement à cette dernière, certains ménages ne dérogent pas à ce qu’il est convenu d’accepter comme une règle. Au sein de la famille Fall, on tient à faire plaisir à la belle-sœur ( Ndieuke).
Respecter la tradition au nom de la consolidation des relations
Ici, chaque chef de famille achète un mouton pour son épouse. Donc, offrir un gigot aux gendres ne fait que raffermir les liens entre les familles.
‘’ Cela ne nous coûte rien de sortir le gigot pour notre belle-sœur, ça ne fait que raffermir les liens. Et c'est une tradition chez-nous et on est obligé de la respecter. Nos grands parents le faisaient et maintenant c'est à notre tour de l’appliquer '', a argumenté notre interlocutrice. Yeglou partage l’avis de sa coépouse. Avant de répondre à nos questions, Yeglou se réjouit des efforts fournis par le chef de ménage afin de permettre à tout le monde de passer une bonne fête.
« Vous savez que c’est difficile de gérer une famille surtout lorsqu'on a des enfants. La vie est dure. Il va falloir faire des efforts pour que même nos enfants puissent être beaux le jour de la fête parce qu’ils sont prioritaires. Il n'y a pas d'argent. Il faut juste se limiter à ce qu'on a pour ne pas créer des problèmes », prodigue Yeglou.
Elle ne voit pas d’inconvénients à offrir de la viande à sa belle-mère ou à sa belle-sœur. C’est une tradition qu’il faut perpétuer, se plie Yeglou. Elle a vu des gens offrir des tissus en lieu et place de la vidange.
‘’Donner de la viande à ma sœur [ndieuké] c'est une tradition. Il y a des personnes qui donnent des tissus et de l'argent. C'est une vieille tradition. Peut-être, certaines jeunes filles ne la respectent plus. Mais dans cette famille, c’est une traduction et cela ne nous coûte absolument rien c'est juste un bon geste ‘’ nous dit cette dame.
10 Commentaires
Daba
En Juin, 2024 (19:36 PM)gendre ma yakarne cest un homme?
Dedalerndieuker
En Juin, 2024 (21:10 PM)Reply_author
En Juin, 2024 (21:57 PM)Dedalerndieuker
En Juin, 2024 (21:12 PM)Karma
En Juin, 2024 (21:18 PM)Non Mais Je Rêve Wala Lane ?
En Juin, 2024 (16:40 PM)Lisez-moi ces vieilles rombières addictes à la souffrance, aux violences économiques et financières, addictes à l’austérité, qui osent fustiger les femmes à qui leur époux polygame distribuent des moutons individuellement ??? Mais c’est la norme islamique ma yièlle !!! Un polygame doit en avoir les moyens et chaque épouse constitue un foyer ! Arrêtez avec votre culture de la souffrance, c’est anxiogène !
Dedalerndieuker
En Juin, 2024 (21:13 PM)Karma
En Juin, 2024 (21:17 PM)Ignoble Pour L’éternité
En Juin, 2024 (17:56 PM)Je refuse de m’imposer ces contraintes, avant même de me marier, je l’ai dit
À mon mari
Je donne des cadeaux quand j’en ai envie sans attendre d’occasion spéciale, mes beaux-parents, maleniy djeundeul seen yéré djouli, comme je fais pour mes parents
C’est vraiment selon nimako sentiré, aucune contrainte
Mon mouton je divise en 3, 1 part sarakhé, 1 part togue le jour de l’Eid, 1 part je garde
Dewenaty leen 🙏
Reply_author
En Juin, 2024 (20:16 PM)Dedalerndieuker
En Juin, 2024 (21:13 PM)Participer à la Discussion