La junte qui a renversé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta va mettre en place "un président de transition", qui sera "un civil ou un militaire", a affirmé, jeudi, son porte-parole dans une interview accordée à France 24.
Trois jours après le coup d'État militaire au Mali, la transition est en cours, assure la junte. Dans une interview exclusive accordée à France 24, son porte-parole, le colonel-major Ismaël Waguë, a affirmé que la junte était en train de rencontrer "des forces vives" de la société civile et de l'opposition, "pour mettre en place un conseil de transition avec un président de transition qui va être soit un militaire soit un civil".
Ismaël Waguë est le colonel-major qui a annoncé, en pleine nuit sur la télévision nationale, que l'armée avait pris le pouvoir. Chef d'état-major de l'armée de l'Air, considéré par ses pairs comme "rigoureux", il a appelé les Maliens à "vaquer librement à leurs occupations", les fonctionnaires à retourner au travail et demandé l'"arrêt des actes de vandalisme".
Interviewé par France24, Ismaël Waguë a rejeté le terme de "coup d'État" et a justifié l'intervention des militaires par les "souffrances" de la population et par les "dysfonctionnements dans l'armée", et une corruption "trop élevée".
Avec les autres militaires qui ont pris le pouvoir, ils ont instauré un Comité national pour le salut du peuple (CNSP) pour mettre en place la transition. Assimi Goïta qui s'est auto-proclamé chef de la junte est le nouvel homme fort du Mali. Le colonel de 37 ans commandait jusqu'alors le Bataillon autonome des forces spéciales et des "Centres d'aguerrissement", selon un communiqué publié par la junte. Par le passé, il a été engagé en opération extérieure au Darfour et a été décoré par la France et l'ONU.
"On n'est manipulés par aucun parti politique"
Quand Assimi Goïta a affirmé mercredi sa volonté d'assurer "la continuité des services de l'État", la coalition d'opposition du M5-RFP s'est dit prête à élaborer avec la junte une transition politique. Mais Ismaël Waguë assure auprès de France 24 "n'avoir aucun contact" avec le M5. "On n'est manipulés par aucun parti politique", a-t-il ajouté.
Le CNSP se compose également de Malick Diaw, le premier vice-président et Sadio Camara, le meneur d'hommes. Le colonel Malick Diaw est considéré comme le coordinateur de l'intervention des militaires qui a mené à la destitution du président Keïta. Il était avant le coup d'État adjoint du commandant de la zone militaire de Kati, dans la banlieue de Bamako.
De son côté, le colonel Sadio Camara exerce une emprise sur ses troupes qui apprécient sa "rigueur" et son "sérieux". Il a servi dans le grand nord malien et a encadré la Garde nationale. En détachement dans une école militaire à Moscou, il était en vacances à Bamako lors du déclenchement du coup d'État.
Un peu plus tôt dans la journée, la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a annoncé l'envoi immédiat d'une délégation à Bamako, et a réclamé le "rétablissement" du président Keïta dans ses fonctions.
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