ÉDITORIAL : Un appel sublime

Le président de la République, Me Abdoulaye Wade, par delà son patriotisme et sa générosité légendaire, est d’abord et avant tout un homme politique qui fourmille de grandes idées et de solutions sublimes pour les problèmes qui lui sont soumis, ou qu’il rencontre au cours de son magistère.

La tragédie que connaît actuellement la République sœur de Haïti en Amérique dans la mer des Caraïbes en est un et des plus douloureux qu’il a eus, sans doute, à rencontrer ces jours-ci.

Haïti, de quelque côté qu’on examine son histoire tragique, belle et mouvementée, pèse sur nos consciences pour le mal que l’Afrique lui a fait, en même temps qu’elle dicte la voie à suivre et le combat à mener par les Africains de tout bord, pour conserver intactes leur grandeur et leur liberté.

N’a-t-elle pas donné dès 1804, c’est-à-dire il y a deux siècles, l’exemple de l’attachement viscéral aux droits de l’Homme et à la liberté, en rompant les chaînes qui la liaient à la France napoléonienne ? Ce ne fut pas sans difficulté et sans douleur, mais ce ne fut pas non plus sans grandeur ni exaltation suprême de l’éminente dignité de la personne humaine.

Toussaint Louverture, le héros de légende de la grande et belle Haïti, son libérateur et son mentor vénéré, paiera d’une mort terrible et douloureuse qu’on a voulu humiliante dans les forts de Joux, sous un froid insupportable, sans nourriture et sans vêtement ! Il fallait faire l’exemple et donner à réfléchir à ces esclaves « coupeurs de cannes » que Toussaint Louverture, le libérateur, pourrait contaminer et pousser à l’insurrection et à la révolte.

A ces nègres de la diaspora nos frères, que la traite négrière a disséminé le long des côtes d’Amérique, mais qui dans leur souffrance et leur attachement religieux à une Afrique noire où, comme le disait Lucien Lemoine, « chaque fils de Haïti pourrait revenir et retrouver sa case », le président Abdoulaye Wade, en proclamant sa solidarité à leur tragédie actuelle, dans un élan généreux qui ne manque ni de grandeur ni de sublimité, a proposé le retour au pays natal, retour en une Afrique mère qui ne les a pas oubliés et n’arrête pas de leur tendre des bras maternels et accueillants.

Il nous a été donné, hélas, d’entendre, à la suite de cette offre sublime de Abdoulaye Wade, des Africains en rire et de surcroît se demander dans quelle savane désertique, au milieu de quelle pauvreté endémique allait-il les recevoir ?

Ce sont toujours les mêmes esprits chagrins, marqués par la haine et par l’ignorance, sans idées généreuses ni de grandes ambitions pour eux-mêmes et pour l’Afrique. Il n’est dès lors pas surprenant de les retrouver regroupés au sein de leur haine viscérale pour tout ce qui est sublime et grand, en comptenteurs obstinés de la Statue de la Renaissance.

Ils sont insensibles à tout symbole qui magnifie l’Afrique, à toute grande idée qui permet, en ces heures difficiles que nous vivons, d’espérer en la victoire demain des fils d’Afrique, en leur renaissance sublime, belle et magnifique, des sables de Tombouctou aux forêts denses équatoriales, des plaines et savanes du Sénégal vers la lointaine diaspora des Amériques. Dès lors, est-il interdit, quand on est habité par le doux sentiment de la patrie, de les empêcher de nuire et de les combattre ?