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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Mahmout SALEH : ‘Si nous perdons les élections, ce sera par la faute du Pds’

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Mahmout SALEH : ‘Si nous perdons les élections, ce sera par la faute du Pds’
Dans cette seconde et dernière partie de l'entretien qu'il nous a accordé, Mahmout Saleh aborde, sans fard, les querelles de préséance auxquelles se livrent les responsables du Pds. Et c'est pour sonner le tocsin et attirer l'attention de ses alliés libéraux sur les effets pervers qu'elles pourraient avoir sur la mouvance présidentielle dont le sort est, selon le leader du Nouveau parti, lié à celui du Pds qui est le principal dispositif politique du camp dit de l'alternance. Dans la foulée, il invite Landing Savané et Aj/Pads à rester aux côtés de Me Abdoulaye Wade. Le tout nouveau ministre-conseiller du président de la République est revenu, par ailleurs, sur la dette que l'alternance a héritée du régime passé et que le contribuable sénégalais continue de payer, à hauteur de 100 milliards de francs Cfa par an, ‘sans savoir l'utilisation qui en a été faite’. ‘Il faut auditer la dette du Sénégal de 1960 à 2000’, préconise Mahmout Saleh.

Wal Fadjri : Avec les nombreuses querelles de préséance qui le minent, le Pds pourrait avoir du mal à confectionner une liste de 140 députés pour la prochaine législature. Cela ne va-t-il pas être encore plus compliqué si le parti libéral devait intégrer ses alliés sur sa liste ?

Mahmout Saleh : Dans la situation actuelle, le Pds ne peut pas se permettre d'aller seul aux élections. Les libéraux ont beau dire qu'ils iront seuls aux élections, mais ils savent que ce n'est pas possible. Je les appelle à plus de sérénité, de responsabilité et de raison, mais aussi à avoir une meilleure lecture de la situation. Il nous faut conforter nos positions qui passent par une large alliance, plus large encore que la Cap 21. Il faut aller plus loin. C'est cela l'exigence de la situation. Mieux, c'est une nécessité. Alors, j'invite le Pds à réfléchir sur ça en tant que parti frère et allié pour modifier sa vision des choses. En outre, il est regrettable de voir la façon dont le parti pilier de l'alternance se comporte. Et, en tant parti allié, on ne peut être insensible à ce qui se passe au Pds, sous le prétexte que c'est un parti souverain. Ce serait malhonnête et ce serait ne pas comprendre ce que la situation dicte. Le Pds est le principal dispositif politique de la mouvance présidentielle. S'il est affaibli, c'est la mouvance présidentielle et l'alternance qui en prend un coup. Nous regrettons les tiraillements qu'il y a au Pds, que rien ne justifie d'ailleurs. Parce qu'aucun responsable libéral, sans exception, ne tire sa légitimité des populations. Ils tirent toutes leurs légitimités du président Abdoulaye Wade. C'est lui qui les a mis où ils sont, qui les a mis dans des positions de sinécure, lesquelles les ont enrichis et leur permettent d'aller se pavaner chacun chez lui pour revendiquer une base. Aucun d'eux n'aurait osé aller affronter les populations s'il n'était pas dans des positions de pouvoir. Or, ces positions de pouvoir, ils les doivent à Me Wade. Alors, que l'on revienne à la raison ! Disloquer un tel appareil politique, l'affaiblir, par conséquent atténuer la portée de l'alternance, c'est faire l'affaire de l'adversaire. Je ne peux pas comprendre que l'adversaire principal se trouve dans le propre camp du président de la République. Et pendant que l'on gère les contradictions internes, on ne s'occupe pas de l'ennemi commun qui est l'opposition.

Wal Fadjri : L'adversaire principal de la mouvance présidentielle serait-il, selon vous, le Pds ?

Mahmout Saleh : Ce que je veux dire, c'est qu'il faut que l'on s'occupe de ce qui constitue la contradiction principale : c'est-à-dire l'affaiblissement de l'opposition. Mais, ce qui se fait aujourd'hui, avec au premier chef les responsables du Pds, contribue à affaiblir notre camp, celui du président Wade. Et, par conséquent, même si l'opposition ne fait pas d'effort pour se renforcer, notre affaiblissement induit son renforcement de facto. Il faut que l'on s'accorde sur ce qui doit constituer la priorité. La priorité pour nous, ce ne sont pas les querelles de préséance, mais l'opposition qu'il faut minoriser, qu'il faut réduire à sa plus simple expression. Ainsi, nous pourrons pérenniser la prolongation de l'alternance au-delà de 2007 et poursuivre le travail que nous avons initié au profit du Sénégal et des Sénégalais et du continent africain. Dans le cas contraire, nous courons tout droit vers la déception. Si nous perdons les élections, ce sera par la faute du Pds. La responsabilité de l'échec sera portée exclusivement par les dirigeants de ce parti qui auront à rendre compte au peuple sénégalais. Parce que le peuple sénégalais ne pourra pas comprendre que les dirigeants du Pds continuent à faire ce qu'ils font en disloquant leur dispositif politique, en étouffant leur mouvement et en anihilant ainsi les efforts de leurs alliés.

Wal Fadjri : N'est-ce pas cette situation qui a poussé Landing Savané à déclarer sa candidature ?

Mahmout Saleh : L'unité est un combat politique comme l'avènement de l'alternance en était un. On ne peut pas abdiquer par rapport à ses responsabilités sous le principe que les autres se sont enfermés. Est-ce que, dans le contexte politique sénégalais actuel, la priorité, c'est de renforcer notre camp en nous unissant davantage ? Si oui, on combat tout obstacle à la consolidation de l'unité et on ne doit pas se débiner sous aucun prétexte. Ce serait abdiquer. Et je ne pense que c'est ça l'opinion d'And jëf. Les considérations qui dictent la position actuelle de mes frères d'And jëf sont loin de l'ostracisme que manifesterait le Pds à leur égard. Ce parti doit continuer à œuvrer pour la consolidation de l'unité au sein de la mouvance présidentielle. La place de Landing Savané est dans la coalition présidentielle, elle est aux côtés du président Wade. A mon avis, sa position devrait refléter ce que la situation nous impose : faire de 2007 un moment de renforcement de la conquête historique qu'a constituée l'avènement de l'alternance et en faire un point d'appui pour d'autres conquêtes plus décisives. Et c'est légitime que nous nous positionnions dans cette dynamique. Nous irons plus loin dans la consolidation de nos instances politiques respectives pour demain, en alliance ou seul, postuler pour la continuité du travail entamé depuis 2000. Je suis alors favorable à ce qu'And jëf et le président Wade s'accordent sur les conditions pouvant permettre la poursuite de leurs relations. Parce que les risques sont trop grands, eu égard au contexte chargé dans lequel nous vivons, d'aller séparemment aux prochaines échéances électorales. D'autant que le contexte économique ne nous est pas favorable. Le gouvernement a supporté 117 milliards entre le 1er janvier 2006 et le 31 juillet 2006 pour accompagner l'augmentation du prix du pétrole. Un budget sur lequel sont ponctionnés autant de milliards en sept mois sans que cela soit prévu, cela ne peut pas ne pas avoir d'incidences sur la gestion du pays. On est à cinq mois de la fin de l'année, et on ne peut pas exclure, a priori, que le cours du pétrole ne va pas augmenter encore. Cette augmentation risque de bouffer la moitié du budget national. Le président Wade disait que toute l'aide bilatérale reçue par le Sénégal plus les remises de dettes consenties au Sénégal sont couvertes par l'augmentation du prix du pétrole. Donc, toutes ces remises de dettes sont sans effets parce que étouffées par l'augmentation du cours du pétrole. S'y ajoute le volumineux endettement que l'alternance a hérité du régime passé. Parce que 100 milliards de francs Cfa de dette annuelle, c'est excessif. Encore que si on avait mis cet argent dans des investissements productifs, cela aurait généré des revenus qui serviraient à couvrir cette dette. Seulement, vous aurez cherché partout, mais vous ne la trouverez pas. Dans la vallée du fleuve, par exemple, les 4/5 des terres attendent d'être emblavées. Pourtant, on a emprunté des milliards de francs au nom de cette vallée.

Wal Fadjri : Où se trouvent alors tous ces milliards ?

Mahmout Saleh : Certainement quelque part, parce qu'ils ont été décaissés et ne se trouvent ni dans la Santé, ni dans l'Education, encore moins dans l'investissement générateur d'emplois ou dans l'amélioration du niveau de vie des populations. Ces dettes ont été encaissées et on les paie. C'est pourquoi, nous demandons au gouvernement d'ouvrir une procédure d'audit de la dette du Sénégal de 1960 à 2000. Pour que les populations sénégalaises soient éclairées sur l'utilisation de cette dette qu'elles remboursent. Il faut qu'on sache où se trouve cet argent. Si on nous démontre que cet argent est dans les investissements, c'est tant mieux. Mais, s'il est établi qu'il n'y est pas, il faut prendre des dispositions pour aller le prendre là où il se trouve : dans les poches, dans des comptes bancaires, je n'en sais rien. Ce n'est pas acceptable que l'on se taise sur ce volume excessif de la dette qui induit un service aussi élevé pour son remboursement et qui constitue un facteur retardant la satisfaction des apirations des Sénégalais. Parce que si on avait 100 milliards de francs Cfa à mettre à la disposition des revendications du peuple sénégalais, on en aurait réduit énormément. Mais, le fait que l'on supporte une dette qu'on ne voit nulle part, handicape la prise en charge des préoccupations des Sénégalais. Si on avait ces milliards, aucun paysan n'aurait dit aujourd'hui que les semences sont insuffisantes, que sa qualité laisse à désirer, que la subvention allouée à l'engrais est insuffisante, qu'il faut augmenter les surfaces emblavées pour l'agriculture. Aucun éleveur n'aurait eu à payer 50 F Cfa pour que sa bête puisse s'abreuver dans un bassin de rétention construit sur fonds publics. Ce qui est le cas dans le département de Linguère actuellement. Nous avons besoin de ces 100 milliards de francs Cfa par an et il faut que ceux-là qui avaient la gestion du Sénégal à l'époque puissent rendre compte de l'utilisation qu'ils ont faite de cette dette consentie au nom de tous les Sénégalais. Nous demandons, par conséquent, au gouvernement, de façon ferme, de prendre en charge cette question pour qu'on nous dise à quoi a servi cet argent. Et sur ce point, le consensus peut être construit aujourd'hui. Tous les partis membres de l'opposition, en dehors du Ps, avaient été amenés à demander le non-paiement de la dette. Rappelons que l'ossature du discours de politique générale de Moustapha Niasse, quand il était Premier ministre sous l'alternance, a été construite autour de la dette. Souvenez-vous du tollé que cela avait créé, à l'époque, dans l'hémicycle. Eu égard à tout cela, je vois mal l'Afp refuser d'accompagner l'initiative consistant à édifier les populations sur l'utilisation qui a été faite de l'endettement excessif consenti au nom du peuple sénégalais. La Ld/Mpt, non plus, idem pour le Pit et le Rnd. Ces formations politiques ont toujours été préoccupées par la clarté sur l'utilisation de la dette.

Wal Fadjri : Mais, à huit mois des élections, cette initiative ne risque-t-elle pas d'être perçue comme une pression sur des candidats potentiels ?

Mahmout Saleh : Pourquoi apprécier cette question en fonction des échéances électorales ? C'est une question qu'il faut apprécier en fonction de ses effets sur les populations. Cette dette pourrait servir à autre chose, comme la lutte contre le paludisme. Le budget de l'Etat en matière de santé est important, mais insuffisant. Alors pourquoi rembourser ces 100 milliards de francs Cfa de dette dont on n'est pas sûr qu'elle a servi le Sénégal ? Si les partis doivent se prononcer en fonction des échéances électorales, les Sénégalais apprécieront. Peu importe si les élections doivent avoir lieu dans quelques mois, l'essentiel c'est que les Sénégalais doivent être édifiés sur l'utilisation qui a été faite de cette dette qu'ils continuent de payer. La question a un rapport avec la vie des Sénégalaises et des Sénégalais. Ces derniers ne comprendraient pas que l'on se détourne de cette question. Et je crois qu'aucun parti ne refuserait que la lumière soit faite sur ces dettes. A moins qu'ils aient quelque chose à se reprocher. Autrement, ils doivent nous accompagner dans l'initiative qui consiste à demander au gouvernement d'ouvrir une enquête afin que les Sénégalais soient édifiés sur l'utilisation qui a été faite de ces milliards de francs Cfa empruntés en leur nom. C'est une question essentielle puisque cette dette handicape le développement et la prise en charge des préoccupations des Sénégalais. C'est pourquoi, nous pensons qu'un consensus peut se construire autour de cette question.



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