Certains députés de l’opposition n’avaient pas tout à fait tort de refuser de démissionner de l’Assemblée nationale au soir du 30 juin dernier. En agissant ainsi, ils ont réussi à garder les privilèges de représentants du peuple. Privilèges dont le plus utile est sans aucun doute l’inviolabilité parlementaire.
En effet, il a fallu juste quelques jours après le 30 juin, date à laquelle devait en fait expirer le mandat de l’actuelle législature pour que le pouvoir libéral émette l’idée de soumettre à l’Assemblée nationale un dossier portant réflexion sur la possibilité de lever l’immunité et l’inviolabilité parlementaire de certaines personnalités impliquées dans la gestion des fameux accords de pêche sous le régime d’Abdou Diouf, mais aussi sur la vente de passeports diplomatiques à des Chinois. Il s’agit plus précisément d’Ousmane Tanor Dieng, alors ministre d’Etat chargé des affaires et services présidentiels, de Habib Thiam, ancien Premier ministre et de Moustapha Niasse, ancien ministre des affaires étrangères.
En effet, profitant d’une question orale du député Iba Der Thiam, le ministre de la justice a révélé qu’une enquête menée sur les accords de pêche avait permis de constater que le Sénégal avait subi un préjudice considérable entre 1991 et 1999 à cause de ces accords qui n’étaient pourtant institués que pour financer l’organisation au Sénégal de la Coupe d’Afrique des nations de football en 1992.
En d’autres termes, l’Etat veut maintenant poursuivre le député Ousmane Tanor Dieng, l’ancien Premier ministre Habib Thiam, mais aussi Moustapha Niasse, le patron de l’Alliance des forces de progrès (Afp).
Seulement, c’est le moment choisi par le régime libéral pour remettre cette question sur la table qui en intrigue plus d’un. Le dossier des accords de pêche avait été soulevé pendant les premiers moments qui ont suivi l’arrivée de Wade au pouvoir. D’ailleurs, Ousmane Tanor Dieng avait été entendu par la Division des investigations criminelles (Dic) juste avant les élections législatives de 2001. Coincidence ou fait du hasard, le dossier est exhumé au moment où les états majors politiques affûtent leurs armes pour préparer les prochaines élections présidentielles et législatives de février 2007 que Wade veut gagner à tout prix. Wade a-t-il remis sur la table ce dossier pour intimider ses adversaires politiques ? D’aucuns le pensent. Difficile d’ailleurs de croire le contraire. Mieux, soulever une telle affaire peut être un moyen pour le régime libéral de mettre le voile sur les scandales qui ont toujours rythmé la marche de l’alternance. Il s’agit, entre autres, des chantiers de Thiès, des pots-de-vin de la Corniche, du dossier Sénégal pêche...
Toutefois, l’exhumation du dossier des accords de pêche risque d’exacerber la tension qui existe déjà entre le pouvoir et l’opposition. Mais Wade ira-t-il jusqu’au boût de sa logique. Rien n’est moins sûr
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:36 PM)Participer à la Discussion