Hier, les étudiants de l’Ucad, ont mené un mouvement pas comme les autres. Dans un élan d’humeur, ils ont détourné deux bus «Dakar dem dikk» et bloqué la circulation devant l’Université. Ils manifestation ainsi contre une rupture imprévue dans le paiement de leurs bourses.
Il est environ 11h30, la circulation reprend timidement sur l’Avenue Cheikh Anta Diop. Les étudiants grévistes barricadés derrière les clôtures de l’Université et les forces de l’ordre de l’autre côté de la voie, armes au point, se regardent en chiens de faïence. Les combats de pierres contre les grenades lacrymogènes qui ont bloqué la circulation sur plus d’une heure connaissent une accalmie.
Tout est parti d’une rupture dans le paiement des bourses. Les étudiants n’ont pas apprécié le fait que les payeurs, qui ont commencé à régler depuis jeudi dernier, soient absents alors que vendredi n’était pas un jour férié. «Depuis hier, on a commencé à percevoir nos bourses. Tout naturellement, on est encore venu, aujourd’hui, faire le rang pour recevoir nos bourses, mais notre surprise a été grande quand nous avons appris que les payeurs sont allés à Tivaouane alors qu’on ne nous avait même pas averti, la veille», explique Alassane Thiam, étudiant à la Faculté des Sciences et techniques. Ass Diop de la Faculté des Lettres s’empresse d’ajouter que c’est un mouvement d’humeur et non une grève à proprement parler.
Le mouvement se délocalise sur un autre front. Au début de la fronde, les étudiants en colère ont détourné deux bus de «Dakar dem dikk» qu’ils ont garé dans l’enceinte de l’université. Ils exigent la présence de tous les payeurs avant de libérer les véhicules.
Vers midi les guichets ont commencé à rouvrir leurs portes. Mais, les étudiants dans un élan de solidarité refusent de laisser partir les bus si tous les caissiers ne se présentent pas à leurs postes de travail.
Aux environs de 13 heures, quelques étudiants se décident, enfin, à laisser partir les bus. Un véhicule démarre et s’en va. Tout de suite, le mouvement reprend, les étudiants de la Fac des Lettres n’ont pas vu leur caissier. Ils empêchent le second bus de partir. Une dispute éclate entre les étudiants. Les responsables de la Fac de Lettres estiment que le bus est leur seul gage de sécurité pour rentrer dans leurs fonds, les autres délégués pensent qu’il n’y a plus de raison de retenir le véhicule parce que, d’un moment à l’autre, le caissier sera là. Même l’heure de la prière du vendredi n’a pas calmé les ardeurs des étudiants qui s’engueulaient, toujours, sous les murs de la mosquée, pendant que d’autres priaient.
Pendant les débats, le caissier en question arrive mais les étudiants de la Faculté des Lettres ne sont pas satisfaits, ils veulent, selon leurs termes, voir la couleur de l’argent avant de laisser le bus. Ce n’est qu’après les premiers paiements que les ardeurs seront tempérées.
A la fin de la prière, le chauffeur du bus qui, entre temps, était allé adorer son Dieu, a finalement sorti le véhicule des franchises universitaires mettant ainsi fin au mouvement d’humeur qui n’a fait aucun dégât.
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