Selon l’information dévoilée, mercredi, par "Radio Canada", le géant canadien de l’ingénierie, SNC-Lavalin, a utilisé les services de Cadber Investments, une société offshore créée avec l'aide de Mossack Fonseca, l’intermédiaire panaméen spécialisé dans la domiciliation de sociétés dans les paradis fiscaux à l’origine des "Panama Papers". Décryptage.
Les six contrats, qui ont été publiés sur le site internet de la radio canadienne ont été obtenus par SNC-Lavalin entre 2000 et 2004 pour divers projets d’infrastructures en Algérie dont le montant total s’élève à quatre milliards de dollars sur dix ans.
La plupart de ces contrats, quatre sur six, portent sur des réalisations hydrauliques commandées par le ministère algérien des Ressources en eau (MRE) : la réalisation du système de transfert d’eau potable des barrages de Ghrib, Bouroumi et Boukourdane vers Alger, l’usine de traitement d’eau de Taksbet (Tizi-Ouzou), le projet de réhabilitation de la station d’épuration des eaux usées de Baraki (Alger) et le projet d’interconnexion des barrages de Zit Emba et Guenitra (Skikda).
Les deux derniers contrats concernent une station de compression de gaz à Hassi R’mel (sud de l’Algérie) pour le compte de la compagnie pétrolière publique Sonatrach et la rénovation de l’hôtel El Aurassi à Alger.
Société écran
Problème : pour décrocher ces contrats, SNC-Lavalin a eu recours à l’intermédiaire d’une société jusque-là inconnue, Cadber Investments, dont on retrouve effectivement la trace dans la base de l’ICIJ, le consortium international de journalistes à l’origine de la publication des « Panama Papers ». Or la société, depuis dissoute, n’était pas enregistrée en Algérie mais aux îles Vierges britanniques.
Selon les documents disponibles en ligne, elle n’a pas d’actionnaire identifiable et sa directrice n’est autre qu’Yvette Rodgers, employée de bureau de Mossack Fonseca déjà très largement mentionnée dans le scandale d’évasion fiscale pour avoir prêté son nom à plusieurs milliers de sociétés instituées par l’intermédiaire panaméen.
Dans le cas de SNC-Lavalin, Cadber Investments aurait reçu, au titre des contrats décrochés par SNC-Lavalin en Algérie, 22 millions de dollars en honoraires. Ceux-ci auraient été versés à la succursale de la Banque Royale du Canada à Genève, en Suisse.
Une enquête déjà ouverte en Algérie
Ce n’est pas la première fois que SNC-Lavalin, par ailleurs radié par la Banque mondiale pour dix ans pour d’autres faits de corruption, est cité dans des affaires de contrats douteux en Algérie. À tel point que ses locaux algériens avaient été perquisitionnés en 2013. La justice la soupçonnait alors d’avoir eu recours aux services de Farid Bedjaoui, un intermédiaire au cœur d’un scandale de corruption présumé à la Sonatrach.
Fondée en 1911, SNC-Lavalin est l’un des plus grands groupes d’ingénierie et de construction au monde. Son chiffre d’affaires s’est établi à 9,6 milliards de dollars canadiens en 2015 (6,5 milliards d’euros), en hausse sur un an contre 8,2 milliards un an plus tôt. Son résultat s’établissait lui à 404,3 millions de dollars, nettement moins que les 1,3 milliard enregistrés fin 2014.
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