Le ministère de l'Immigration a révoqué le statut de résident permanent de Belhassen Trabelsi, beau-frère de l'ex-président tunisien. À Ottawa, l'ambassadeur de la Tunisie a officiellement demandé son arrestation.
Le richissime homme d'affaires tunisien a rencontré l'Agence des services frontaliers du Canada après son arrivée à Montréal, le 20 janvier. Les autorités ont déterminé qu'il n'avait pas passé suffisamment de temps au Canada au cours des cinq dernières années pour conserver son statut. Belhassen Trabelsi a signifié son intention de porter cette décision en appel, selon des sources gouvernementales. S'il perd, il aura toujours la possibilité de demander le statut de réfugié. Le gouvernement canadien s'attend à ce que ces démarches durent plusieurs années.Ottawa a répété jeudi que les proches de Ben Ali ne sont pas les bienvenus en territoire canadien. En visite officielle au Maroc, le premier ministre Stephen Harper a dit que son gouvernement «utilisera tous les outils à sa disposition pour gérer cette situation et pour coopérer avec la communauté internationale à l'égard de l'ancien régime».
De son côté, l'ambassadeur de la Tunisie au Canada, Mouldi Sakri, a demandé l'arrestation de Trabelsi. «J'ai été chargé par les autorités judiciaires tunisiennes d'effectuer une demande, un mandat d'arrêt à l'encontre de ces personnes», a-t-il déclaré sur les ondes de Radio-Canada. «Nous avons fait les démarches nécessaires auprès des autorités canadiennes.»
Mercredi, le gouvernement de la Tunisie a lancé un mandat d'arrêt international contre le président déchu et six de ses proches, dont son beau-frère Belhassen Trabelsi. Les sept fugitifs sont accusés d'«acquisition illégale de biens mobiliers et de transferts illicites de devises à l'étranger», selon Interpol. On ignore si les autorités canadiennes procéderont à son arrestation. Mercredi, la GRC a indiqué que le message diffusé par Interpol ne lui permettait pas d'agir dans cette affaire puisqu'il ne constituait pas un mandat d'arrêt en vertu du droit canadien. La GRC, la Sûreté du Québec et le Service de police de la Ville de Montréal ont tous indiqué à La Presse, jeudi soir, qu'ils n'avaient pas exécuté de mandat d'arrêt au nom de M. Trabelsi.
Trabelsi quitte l'hôtel
Des sources ont confirmé à La Presse que Belhassen Trabelsi se terrait encore au Château Vaudreuil, mercredi soir, avec sa femme, ses quatre enfants et leur gardienne. Selon TVA, la famille a quitté l'établissement jeudi après-midi pour se rendre à Montréal dans un endroit tenu secret, où elle se tient à la disposition des autorités de l'immigration, comme doit le faire toute personne qui perd son statut de résident permanent.
Toute la journée, jeudi, des agents de sécurité ont monté la garde à bord de jeeps noires. Un patrouilleur de la Sûreté du Québec surveillait les nombreux photographes et caméramans qui guettaient attentivement les allées et venues des clients.
Quelques membres de la communauté tunisienne ont tenu à se présenter devant le chic hôtel de l'ouest de Montréal pour manifester leur indignation devant la présence de Belhassen Trabelsi au Québec.
Nabil Chattali, 47 ans, avait affaire dans la région dans le cadre de son travail de représentant. Un détour par le Château Vaudreuil s'imposait. «C'est une honte que cette famille ait trouvé refuge au Canada!» a-t-il laissé tomber.
M. Chattali s'est présenté à la réception de l'hôtel pour demander à parler à Belhassen Trabelsi. Comme à tous les journalistes, une employée lui a répondu qu'aucun client ne portait ce nom.
«Ces gens se sont approprié toutes les richesses du pays en volant le peuple et en instaurant un régime de terreur, a-t-il dit. Comment ont-ils pu obtenir le statut de résident permanent au Canada?»
«C'est avec notre argent qu'il se paye une chambre dans un hôtel aussi chic!» a déploré un jeune homme venu de Montréal uniquement pour voir l'hôtel. Les suites de l'établissement coûtent de 160 à 180$ la nuit, selon une réceptionniste.
Tard mercredi soir, une cinquantaine de Tunisiens d'origine ont manifesté devant le Château Vaudreuil. «Trabelsi, dégage!» ont-ils scandé en brandissant des drapeaux de la Tunisie. Les manifestants ont quitté les lieux vers 2h du matin, frigorifiés, exténués, mais certains d'avoir lancé un message au gouvernement canadien.
«Nous voulons qu'Ottawa l'arrête et entreprenne des mesures pour l'extrader», a dit l'une des participantes, Meriem Benromdhane. Le groupe souhaitait également envoyer un message d'appui aux Tunisiens restés au pays.
«On attend le voleur!»
Selon une information qui n'a pas été confirmée par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), le bras droit de Belhassen Trabelsi, Hamadi Touil, serait arrivé à Montréal jeudi après-midi à bord d'un vol d'Air France en provenance de Paris. Mis au fait, une quinzaine de Montréalais d'origine tunisienne se sont présentés à l'aéroport Montréal-Trudeau pour manifester leur mécontentement. «On attend le voleur!», a lancé Nonji Ouni. «Cet homme s'est approprié les biens du peuple tunisien. Tout ce que j'espère, c'est que le Canada agisse comme un pays de droit et que Harper bouge pour qu'il soit traduit en justice.» Après quelques heures d'attente devant le terminal des arrivées internationales, les manifestants sont repartis bredouilles. L'ASFC n'a pas voulu indiquer si M. Touil avait été retenu pour être interrogé, expulsé ou s'il n'avait simplement jamais mis les pieds au Canada.
5 Commentaires
Ndiaye001
En Janvier, 2011 (16:46 PM)Buegue Khadim
En Janvier, 2011 (16:47 PM)Dame
En Janvier, 2011 (16:49 PM)Wade
En Janvier, 2011 (20:18 PM):)
Mankind\
En Septembre, 2011 (15:39 PM)Le roi est mort,vive le roi.
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