Le projet de loi sur la décentralisation déposé vendredi dernier à la table des députés a été adopté ce mercredi 18 décembre. Cette loi consacre entre autres l'une des résolutions phares du « grand dialogue national » tenu début septembre : le « statut spécial » aux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et apporte des changements significatifs dans l'administration des grandes villes.
En dépit de la grogne, les débats enflammés et passionnés dans les médias et les réseaux sociaux, le texte a été adopté comme une lettre à la poste. Les députés n'ont pour ainsi dire pas apporté d'amendement significatif à la mouture originelle présentée par le gouvernement camerounais.
Ainsi l'article 246, source de toutes les crispations est resté en l'état. Celui qui fixe notamment les conditions d'éligibilité à la tête des mairies, anciennement placées sous le statut de communauté urbaine. Il dispose en substance que les délégués du gouvernement, jusqu'ici super-maires nommés par décret présidentiel et trônant au-dessus des maires élus, sont appelés à disparaître.
Levée de boucliers contre « l'autochtonie »
En lieu et place seront élus les maires de villes dont les candidats devront être autochtones de la région. C'est cette notion d'autochtonie qui a suscité une immense levée de boucliers. Dans les critiques, le pouvoir est accusé de figer dans la loi le repli identitaire ethnico-tribal.
Il lui est aussi reproché de créer une forme de graduation à la citoyenneté. D'autres en revanche y voient une juste évolution dans l'impératif de protection de certaines communautés dites minoritaires. Mais à la base, rappelle un élu du SDF, cette loi a pour objet principal, dans nombre de ses articulations d'apporter une réponse significative à la résolution de la crise anglophone.
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