Viols, pillage, pénurie alimentaire mais aussi risque de dissémination du virus Ebola... l'ONU et le CICR ont alerté mardi sur l'impact dévastateur des violents affrontements à Goma, dans l'est de la RDC, demandant des "pauses et des couloirs humanitaires".
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) "est très préoccupé par la situation au sein du laboratoire de l'Institut national de recherche biomédicales qui fait face à un risque de coupure d'électricité", a déclaré le directeur régional du CICR, Patrick Youssef, lors d'un point de presse à Genève.
L'organisation appelle à "préserver les échantillons qui peuvent être touchés par les affrontements", a-t-il indiqué, alertant sur les "conséquences inimaginables si les souches bactériologiques, dont le virus Ebola" que le laboratoire "abrite venaient à se répandre".
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte elle sur les risques de "propagation de maladies infectieuses telles que le choléra et la rougeole" alors que les réseaux en eau et électricité sont endommagés, a relevé le Dr Adelheid Marschang, qui coordonne la réponse de l'OMS dans le pays.
"Les hôpitaux et le personnel de santé sont en danger. Des informations font état de travailleurs de santé qui ont reçu des tirs, et que des patients, y compris des bébés, ont été pris entre deux feux", a-t-il ajouté.
Le groupe armé M23 ("Mouvement du 23 mars") et les soldats rwandais sont entrés dimanche soir dans la cité de plus d'un million d'habitants et presque autant de déplacés, au terme d'une progression éclair de quelques semaines, lancée après l'échec mi-décembre d'une médiation entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sous l'égide de l'Angola.
- "Afflux massif de blessés" -
La grande ville de l'est de la RDC est livrée aux combats entre forces armées congolaises et combattants du M23 alliés à des troupes rwandaises.
"Nous avons reçu des informations faisant état de violences fondées sur le genre et de viols commis par des combattants, de pillages, y compris d'un entrepôt humanitaire, et d'attaques contre des installations humanitaires et de santé", a déclaré un porte-parole des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors du point de presse à Genève.
M. Youssef a également indiqué qu'un entrepôt contenant du matériel médical du CICR venait d'être pillé.
L'organisation déplore "l'afflux massif de blessés par balles et par munitions explosives dans les structures soutenues par le CICR, notamment l'hôpital CBCA Ndosho à Goma".
"Nous recevons un grand nombre d'appels de personnes blessées, désemparées et livrées à elles-mêmes", souligne François Moreillon, chef de la délégation du CICR en RDC.
En dépit des affrontements intenses et des bombardements continus, les équipes chirurgicales du CICR parviennent encore à prendre en charge les victimes qui continuent d’affluer par dizaines.
Le personnel humanitaire non essentiel de l'ONU a lui été déplacé "mais le personnel indispensable reste à Goma", a indiqué M. Laerke.
L'ONU a appelé toutes les parties "à s'accorder sur des pauses humanitaires temporaires dans les zones les plus touchées et à établir des corridors humanitaires afin de s'assurer que les activités humanitaires puissent reprendre à grande échelle et de faciliter l'évacuation en toute sécurité des blessés et des civils piégés dans les zones de combat", a-t-il dit.
- "survivre" -
Cette offensive du M23 à Goma intervient alors que la région vit déjà "l'une des crises humanitaires les plus longues, complexe et grave de la planète", avec près de 6,5 millions de déplacés dans le pays, selon le coordinateur humanitaire de l'ONU en RDC, Bruno Lemarquis.
Le Programme alimentaire mondial de l'ONU s'est dit "préoccupé" par la pénurie de nourriture à Goma après l'interruption de ses activités.
"Les prochaines 24 heures seront cruciales car les gens commencent à manquer de provisions et devront voir ce qu'ils peuvent trouver pour survivre", a commenté mardi une porte-parole du PAM en RDC, Shelley Thakral, depuis Kinshasa.
Selon le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, "un demi-million de personnes de plus ont été déplacées rien que ce mois-ci" dans l'est de la RDC.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR) suit "également de près les mouvements transfrontaliers. Nous comprenons que de nombreuses personnes attendent d'évaluer la situation avant de prendre une décision", a indiqué un porte-parole du HCR, Matthew Saltmarsh, lors du point de presse.
5 Commentaires
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il y a 2 jours (14:05 PM)Reply_author
il y a 2 jours (14:09 PM)Sauvons Les Peuples Africains
il y a 2 jours (14:07 PM)Reply_author
il y a 2 jours (14:11 PM)Jakson
il y a 2 jours (19:54 PM)Je reve quoi
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