Six hommes de nationalités différentes ont comparu samedi à la première audience du procès de plusieurs dizaines d’auteurs présumés d’une série de massacres attribués à des rebelles ougandais dans la région de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo.
Pour cette audience inaugurale, six accusés ont été présentés devant ce tribunal militaire d’exception dans la ville de Beni, siégeant « en premier et dernier ressort », a précisé le colonel Jean-Paulin Esosa, président de la Cour opérationnelle du Nord-Kivu (est).
Le colonel Esosa préside ce procès, dont le jugement ne sera pas susceptible d’appel. Parmi ces six premiers accusés figurent quatre Congolais, un Ougandais et un Tanzanien.
Ils sont poursuivis pour leur « participation à un mouvement insurrectionnel, crimes contre l’humanité par meurtre et terrorisme » après une attaque perpétrée le 30 juillet dans la localité d’Oïcha où ils ont été arrêtés, a ajouté le colonel.
Deux civils, deux militaires congolais et trois assaillants avaient été tués dans ces affrontements à Oïcha entre l’armée congolaise soutenue par les Casques bleus et des rebelles ougandais des Forces démocratiques alliés (ADF). Située à une vingtaine de km au nord de la ville de Beni, Oïcha est le chef lieu du territoire de Beni.
Lors de l’audience samedi, les six accusés ont affirmé avoir été « au service du mouvement Forces démocratiques alliées (ADF) », a constaté un correspondant de l’AFP.
« Nous sommes sceptiques », a de son côté déclaré Gilbert Kambale, président de la société civile de Beni, estimant que « toute la lumière » ne pourra pas être faite tant que les « +auteurs intellectuels+ (de ces massacres, ndlr) ne seront pas passés devant la barre ».
« Ce sont des exécutants qui sont devant le tribunal », a pour sa part réagi Pépé Kavota, l’avocat commis d’office d’un accusé.
La ville et le territoire de Beni ont été endeuillés depuis octobre 2014 par une série de massacres ayant coûté la vie à plus de 700 civils, selon l’ONU.
-‘Sanctions sévères’-
La dernière tuerie d’envergure a vu 51 civils tués dans la nuit du 13 au 14 août à Rwangoma, dans un quartier nord de la ville de Beni, à la lisière du parc de Virunga, repaire des ADF, selon un bilan de la société civile de Beni. Le gouvernement évalue de son côté le total des morts à 42 et l’ONU fait état « d’au moins 50 civils tués ».
Rebelles musulmans ougandais présents dans l’est de la RDC depuis 1995, les ADF sont accusés par le gouvernement congolais et la mission de l’ONU, la Monusco, d’être responsables de ces tueries.
Cette version a été remise en cause par un récent rapport du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York, selon lequel les ADF portent effectivement une part très importante de responsabilité dans ces massacres, mais au côté d’autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l’armée régulière.
Des centaines d’habitants de Beni ont assisté samedi à cette première audience, qui s’est tenue pendant plus de trois heures sur la voie publique en face de la mairie. Le procès a ensuite été ajourné jusqu’à lundi.
Eve Kahambu, une rescapée de la dernière tuerie, a souhaité que des « sanctions sévères » soient infligées à ces « assassins », a-t-elle dit à l’AFP.
« Nous avons espoir que la justice fera quelque chose de positif », a confié de son côté Valentin Kasuki, qui a perdu deux enfants dans la tuerie de Rwangoma.
Les accusés encourent la peine de mort, qui est systématiquement commuée en RDC en peine de prison à vie.
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