Le parlement guinéen a approuvé, le 26 décembre, la ratification d'une convention onusienne qui garantit des droits sociaux aux travailleurs domestiques. La Guinée est ainsi le troisième pays africain à ratifier la convention 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT).
Les députés guinéens se sont majoritairement prononcés lundi en faveur de la ratification de la Convention 189 de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui protège les travailleuses et travailleurs domestiques. À la satisfaction générale des employés de maison, dont un certain nombre ont investi le Parlement et entonné l’hymne national « Liberté », aussitôt le vote terminé. Après l’Afrique du Sud et l’Île Maurice, la Guinée devient ainsi le troisième pays africain à reconnaître et à réglementer le travail domestique.
Pour la syndicaliste Asmaou Bah Doukouré, c’est l’aboutissement d’une lutte entamée depuis l’adoption de la convention 189, en juin 2011, au Cap (Afrique du Sud), lors de la centième session de la Conférence internationale du travail.
Au départ, cette employée de l’hôtel Novotel de Conakry lance le Syndicat national des travailleuses et travailleurs domestiques (Syntrad), qui deviendra en 2014 le Syndicat national des employés de maison (Synem Guinée) et s’affilie à l’Organisation nationale des syndicats libres de Guinée (ONSLG). Elle veut faire en sorte que les travailleurs domestiques soient perçus et traités comme tous les autres employés d’entreprises.
La ratification de la convention 189 est donc pour elle un premier pas symboliquement important, qui marque le succès de son combat. Le second consistera à intégrer cette reconnaissance dans le droit positif guinéen, estime Damantang Albert Camara, ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle, de l’Emploi et du Travail. Il s’est réjoui de l’adoption d’autres conventions « sur la sécurité et la santé des travailleurs en général sur les chantiers de construction et dans les mines. C’est une avancée majeure. »
« Je travaillais de 7h à 20h, parfois 21h »
Salématou Kaba, femme de ménage d’un commis de l’État guinéen, qui habite dans le quartier Camayenne, dans la commune de Dixinn, travaillait de « 7h à 20h, parfois 21h. Malgré tout, mon employeur n’était pas reconnaissant ». Il refuse de ramener son temps de travail à huit heures par jour. Salématou a dû démissionner pour s’occuper de son foyer et de sa fille de six mois. Bien que, reconnait-elle, son salaire était au-dessus du Smig guinéen qui atteint à peine 45 euros.
Toutefois, « le salaire seulement ne peut être source de motivation, il faut d’autres conditions », rappelle la jeune maman qui n’avait qu’un jour de repos par semaine. « Je n’avais pas de congé de maternité ni de congé annuel. Je travaillais du matin au soir. »
Lueur d’espoir
Avec la ratification de la convention 189, Salématou Kaba espère une amélioration de ses conditions de travail. « Les avantages de la ratification sont énormes : le temps de travail sera réglementé, nous bénéficierons de congés de maternité et annuel, d’un enregistrement à la caisse nationale de sécurité sociale. Les sévices corporels et les injures auxquels étaient exposés certains d’entre nous vont baisser aussi », veut croire la femme de ménage.
Licenciée en administration publique, Salématou Kaba se plaît dans son travail de femme de ménage qu’elle trouve « noble ». Elle est en train de démarcher pour reprendre son activité ailleurs.
Quant à la syndicaliste Asmaou Bah Doukouré, son combat sera maintenant de sensibiliser et d’informer les travailleurs domestiques sur leurs droits mais aussi leurs devoirs, afin qu’ils soient à même de défendre leur cause.
3 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2016 (07:48 AM)Ou sont nos syndicatistes
Anonyme
En Décembre, 2016 (08:12 AM)Anonyme
En Décembre, 2016 (09:17 AM)Participer à la Discussion