Plus d’une centaine de candidats à l’immigration clandestine ont été arrêtés par les garde-côtes algériens depuis le début du mois de ramadan. Ils voulaient profiter de la léthargie ambiante pour fuir.
Plus d’une centaine de candidats à l’immigration clandestine ont été arrêtés par les garde-côtes algériens depuis le début du mois de ramadan.
Ils voulaient profiter de la léthargie ambiante pour prendre le large.
Appel à la prière, la quatrième de la journée. Le soleil se couche tendrement sur les mille et une violences qui minent l’Algérie, la dernière en date : la faim.
L’heure est à la rupture du jeûne pour des millions de musulmans. Pendant que les familles se rassemblent autour de tables soigneusement dressées, certains se réfugient très discrètement au bord de la mer.
Pas de pique nique au programme, ni question de piquer une tête mais plutôt une traversée atypique qui se banalise.
Ils viennent de faire des adieux à leurs proches. Un passeur les attend. Ils se rassemblent discrètement, écoutent attentivement les consignes de sécurité (quand il y en a) et prennent place à bord.
Le moteur vrombit et l’embarcation quitte le rivage en direction des côtes espagnoles. Au bout de quelques heures, c’est l’affrontement avec les services de sécurité puis ceux de la justice ou une rive meilleure, accueillante et pleine d’espoir, si tant est que la mort n’ait pas commis son ultime délivrance avant.
Le risque en vaut la chandelle, quand on a la conviction qu’on n’a rien de précieux à perdre, pas même sa vie.
Harraga mineur, Harraga handicapé !
Les harragas, ces clandestins de la mer qui font habituellement parler d’eux en automne et au printemps (les plages étant trop fréquentées en été), ont été nombreux ces trois dernières semaines à tourner le dos à leur pays et à « brûler » (harraga veut dire celui qui brûle en arabe) les frontières.
La traversée coûte entre 50.000 et 150.000 dinars ( 300 à 1.000 euros). La mer est calme et Ramadan tombe à pic. Pourquoi le mois du ramadan les pousse-t-ils à tenter le voyage ? Parce durant ce mois de jeûne, tout tourne au ralenti en Algérie.
Les Algériens les plus intransigeants connus aussi pour leur sens très développé de l’auto-dérision, contesteront, peut-être, convaincus qu’en Algérie, tout tourne au ralenti tout le temps.
Certes, mais durant le mois de ramadan, la chaleur et la soif font atteindre à la léthargie nationale son paroxysme.
C’est donc, forts de cette idée de relâchement, de délassement, de fainéantise extrême qui se pointe joyeusement en été ces dernières années, que plus de cents jeunes Algériens ont tenté le grand départ.
A la rupture du jeûne, la vigilance des services de sécurité est censée être à son plus bas degré. Seulement, censée. Mercredi 8 août, 14 « harraga » interceptés plus tôt par les garde-côtes, ont comparu devant le tribunal correctionnel de Mostaghanem, ville côtière du nord-ouest du pays.
Ils avaient mis le cap sur les côtes espagnoles à bord d’une embarcation motorisée. Ils ont été repérés quelques heures plus tard au large. Parmi eux, un harraga mineur et un harraga handicapé !
6 corps de harragas repêchés au large
Détention provisoire et amendes de 50.000 dinars pour tous ces clandestins attrapés en flagrant délit de fuite. Ils échappent comme tous les harragas arrêtés avant eux à la peine de prison.
L’article 175 bis 2 prévoit pourtant des peines d’emprisonnement ferme pour toute personne « sortie du territoire sans autorisation ».
Mais les juges algériens n’osent pas enfoncer ces centaines de jeunes qui rêvent d’un ailleurs plus clément.
Non par compassion, mais plutôt par sens du pragmatisme : les prisons algériennes risquent de très vite déborder.
Ils sont des centaines à tenter et retenter le départ chaque année. Quelques dizaines à en mourir.
Et beaucoup moins à le réussir. Il n’existe pas de chiffres officiels. Mais les comptes rendus parcellaires de la presse sont éloquents.
Le 3 août dernier, 6 corps de Harraga ont été repêchés par les gardes-côtes au large des côtes espagnoles. Trois d’entre-eux étaient subsahariens.
La veille, le 02 août 2012, 48 autres clandestins de la mer avaient quitté la plage de Sidi Salem dans la ville d’Annaba, au nord-est du pays.
Ils ont été arrêtés tard dans la nuit. Le 7 août, 36 autres encore ont été arrêtés à Ain Turk, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest d’Oran, ville de l’ouest algérien.
Ils ont été nombreux à miser sur la léthargie ramadanesque pour fuir le pays. Une centaine a échoué. Combien ont réussi ? Combien d’autres ont péri ?
Fella Bouredji (Critique littéraire et journaliste au quotidien algérien El Watan)
1 Commentaires
Africanus
En Août, 2012 (22:31 PM)Vos dirgeants et les nôtres d'ailleurs sont entrain d'acheter des résidences de luxes !
Restez en Algérie , l'occident n'a besoin que votre argent.
Pour eux , un arabe est un musulman qui s'intégrera jamais :futur intégriste ou déliquant , c'est pour ça qu'ils avaient laissé beaucoup de harkis sur le tapis !!
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